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Le pape en France en 2015

Le pape.[Giuseppe Cacace / AFP/Archives]

Le Vatican a annoncé mardi que le pape se rendrait en France l'an prochain, pour une visite pastorale aux accents forcément politiques dans un pays où les réformes de société continuent de diviser le pouvoir et la droite catholique.
 

 

"François se rendra en voyage apostolique en France dans le courant de l'année 2015", a annoncé laconiquement mardi le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi, sans préciser les lieux et les dates de la visite.

Selon le quotidien catholique La Croix, des étapes sont prévues à Paris et au sanctuaire marial de Lourdes, dans les Pyrénées (sud-ouest). François voue un grand culte à Marie.
Un "voyage apostolique" décrit un voyage qu'un pape entreprend pour rencontrer les fidèles d'un pays.

Jorge Mario Bergoglio aura déjà mis le pied en France: le 25 novembre, il doit s'exprimer devant le Parlement européen et le Conseil de l'Europe à Strasbourg.

Un bref passage de trois heures, sans aucune étape spécifiquement française, au grand dam du diocèse de Strasbourg, qui fête le millénaire de la fondation de la cathédrale de la métropole alsacienne.

L'absence d'un arrêt, même bref et symbolique, pour rencontrer l'Eglise locale a surpris et même déçu. L'annonce du déplacement en France l'an prochain apparaît à certains observateurs du Vatican comme un geste pour rattraper cette maladresse et montrer l'attention du pape à l'Eglise de France.

La conférence des évêques de France a relevé, alors que "les heureuses nouvelles sont rares", "l'honneur et la responsabilité" de la visite d'un pape "dont pas un des gestes et pas une des paroles n'indiffèrent".

"Tout en respectant évidemment la laïcité, il nous est permis de penser que cette visite fera grand bien chez nous", a observé son porte-parole, Mgr Bernard Podvin.
  

Lecture restrictive

Après l'élection de François Hollande, les rapports entre le Saint-Siège et le gouvernement français n'ont pas été faciles. François avait reçu le 24 janvier au Vatican le président socialiste pour un entretien de 35 minutes sur "la défense et la promotion de la dignité de personne humaine".

Les observateurs avaient cru relever une certaine tension sur le visage du pape. Le Saint-Siège avait cité quatre domaines, sujets de vifs débats en France : "la famille", "la bioéthique", "le respect des communautés religieuses" et la "protection des lieux de culte".

Les rencontres avec les autorités françaises qu'implique ce voyage risquent d'être mal perçues par les milieux de la droite catholique, qui viennent de se mobiliser dimanche contre la politique du gouvernement en matière de bioéthique et de moeurs.

Ludovine de La Rochère, présidente du collectif "Manif pour tous", s'était rendue au Vatican au printemps pour dire au pape que la famille était "attaquée de toutes parts", dénonçant en particulier l'ouverture du mariage et de l'adoption aux personnes de même sexe en 2013.

Les conservateurs catholiques reprochent à François de n'être pas aussi ferme que son prédécesseur Benoît XVI sur les questions délicates comme le mariage des homosexuels, l'euthanasie ou les évolutions bioéthiques. Un procès simplificateur et inexact, selon certains vaticanistes, même si François parle moins directement de ces sujets.

"C'est une lecture restrictive que de voir ce voyage à travers cette loupe politique. Les catholiques qui la font montrent qu'ils placent la politique avant leur foi", a relevé à l'AFP le vaticaniste de La Stampa, Andrea Tornielli.

Désireux d'apaiser une opinion fracturée sur les questions de société, Manuel Valls, en tant que Premier ministre et auparavant ministre de l'Intérieur, s'est rendu au Vatican trois fois en deux ans: pour la canonisation d'un saint français de Madagascar, Jacques Berthieu, à l'occasion de la visite de M. Hollande, et pour la canonisation de deux papes Jean Paul II et Jean XXIII en avril.

La semaine dernière, il a de nouveau manifesté sa volonté d'apaisement en affirmant au journal catholique La Croix que la France entendait s'opposer à la gestation pour autrui (GPA).

Cette visite l'an prochain du très populaire François sera la dixième d'un pape en France depuis 1978 et l'avènement de Jean-Paul II, qui s'est rendu neuf fois en France pendant son pontificat. Benoît XVI était venu une fois, en 2008, à Paris puis à Lourdes.

 

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