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Ferme des 1.000 vaches : le blocus est terminé

Le site de la ferme géante, située à Drucat près d'Abbeville (Somme).[FRANCOIS NASCIMBENI / AFP]

Le blocus de la ferme dite des 1.000 vaches, commencé samedi après le démarrage de l'exploitation avec un permis limité à 500 laitières, a été levé mardi, clôturant un épisode du vif débat sur l'élevage industriel.

 

"D'un commun accord, nos deux organisations vont lever le blocus ce jour (mardi) à 18H00", a indiqué à l'AFP le président de l'association de riverains Novissen, Michel Kfoury, après trois jours de blocage du site de la ferme géante, située à Drucat près d'Abbeville (Somme), par des dizaines de leurs adhérents. La Confédération avait de son côté annoncé qu'"elle levait le blocus du site".

"Je ne peux que me féliciter de la sortie de crise et de la levée du blocus", a réagi aussitôt le directeur de l'exploitation Michel Welter. "Le seuil des 500 vaches sera atteint dans les semaines qui viennent", a-t-il précisé.

Le blocus avait commencé samedi matin après l'arrivée des premières 150 vaches, qui permettait de démarrer l'exploitation de cette ferme géante, dont la taille envisagée est sans précédent en France, six ans après le lancement de ce projet très contesté, en raison de craintes pour l'environnement, le bien-être animal et l'avenir des petits et moyens élevages.

Cet armistice intervient après une réunion de conciliation mardi matin entre tous les protagonistes au ministère de l'Agriculture, qui a permis de déboucher sur un compromis.

Michel Ramery, l'industriel du bâtiment à la retraite porteur du projet, "a confirmé qu'à terme, il souhaitait monter son cheptel à 1.000 vaches", alors que pour l'instant, le permis d'exploitation délivré en 2013 ne permet que 500 laitières, outre leurs génisses, a indiqué le directeur de cabinet du ministre de l'Agriculture Philippe Mauguin.

Il venait de piloter la réunion avec l'entrepreneur et les opposants à cet élevage industriel (Confédération paysanne, riverains de l'association Novissen et EELV), qui bloquaient le site. 

"Mais il a aussi confirmé qu'il allait ramener la puissance du méthaniseur à 0,6 Mw/h", et utiliserait uniquement du lisier et du couvert végétal pour alimenter son unité, a ajouté M. Mauguin. Le méthaniseur prévu à l'origine devait être d'une capacité de 1,3 Mw/h.

 

L'extension soumise à conditions

En revanche, la Confédération paysanne et Novissen ont dû renoncer à exiger un engagement écrit de Michel Ramery, avec la garantie formelle de l'État, que le cheptel de vaches laitières serait limité aux 500 têtes qu'autorise le permis d'exploitation délivré en février 2013.

De passage à Rennes mardi pour le Salon international des productions animales (Space), le ministre Stéphane Le Foll a reconnu que l'État n'avait "pas de moyen direct pour limiter à 500 vaches".

Cependant, pour toute extension du troupeau de 500 à 899 vaches, "il appartiendra à la préfecture d'évaluer le caractère substantiel des modifications envisagées au regard notamment des impacts environnementaux et sanitaires, et d'évaluer sur ces bases la nécessité d'une nouvelle enquête publique", ont rappelé M. Mauguin, et la préfète de la Somme, Nicole Klein.

A partir de 900 vaches, "la procédure d'enquête publique sera obligatoire", a précisé le ministère dans un communiqué.

Le porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel, a rappelé que son syndicat restait hostile à ce modèle agricole.

Il s'est néanmoins réjoui qu'une réunion se soit pour la première fois tenue, à la demande de son organisation, au ministère de l'Agriculture, sur une question qui n'est pas locale mais nationale aux yeux de son syndicat, a-t-il rappelé.

Pour lui, le combat contre l'agriculture industrielle doit continuer. "Si on laisse les financiers comme M. Ramery investir dans l'agriculture, on va faire disparaître tous les paysans", a-t-il affirmé, estimant que "le message n'est pas bon à quelques mois de la fin des quotas laitiers, le 1er avril 2015".

Laurent Pinatel a appelé à une vaste manifestation pour dire "stop à la dérive industrielle de l'agriculture" le 28 octobre devant le palais de justice d'Amiens, quand il comparaîtra avec d'autres adhérents de son syndicat minoritaire, mis en examen pour des faits (dégradations, démontage, recel) qui auraient été commis les 12 septembre 2013 et le 28 mai 2014 dans l'enceinte de la ferme des 1.000 vaches.

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