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Les profs font leur rentrée, impatients face à des réformes qui tardent

Najat Vallaud-Belkacem et Benoit Hamon lors de la passation de pouvoirs le 27 août 2014 au ministère de l'Education nationale à Paris [Thomas Samson / AFP] Najat Vallaud-Belkacem et Benoit Hamon lors de la passation de pouvoirs le 27 août 2014 au ministère de l'Education nationale à Paris [Thomas Samson / AFP]

Les profs retrouvent leur classe lundi, un jour avant les élèves, lors d'une rentrée marquée par l'arrivée imprévue de Najat Vallaud-Belkacem à la tête du ministère et par l'impatience croissante de personnels face à des réformes qui tardent.

La ministre, première femme à l'Education nationale, a pris les rênes de ce grand ministère -premier employeur de France avec au total plus d'un million de personnels- à seulement cinq jours de la rentrée.

Plus de 800.000 enseignants vont découvrir leurs emplois du temps, leurs nouveaux collègues. La majorité des instituteurs étrennera les nouveaux rythmes scolaires. Mardi, ce sont 12 millions d'élèves qui retrouveront les bancs de l'école.

Mme Vallaud-Belkacem donne lundi matin, plus tard que d'habitude, la traditionnelle conférence de rentrée. Elle sera très scrutée, car c'est "un moment crucial" pour les ministres qui y présentent leur "feuille de route", rappelle Bernadette Groison, secrétaire générale de la puissante fédération de l'éducation FSU. Avec Benoît Hamon, après cinq mois, "les choses commençaient à cette rentrée, on va encore prendre du retard", déplore-t-elle.

Des professeurs réunis le 2 septembre 2011 dans une salle du collège Lucie Aubrac à Paris, lors de la rentrée des enseignants  [Miguel Medina / AFP/Archives]
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Des professeurs réunis le 2 septembre 2011 dans une salle du collège Lucie Aubrac à Paris, lors de la rentrée des enseignants

C'est "une rentrée étrange", commente Frédérique Rolet du Snes-FSU (secondaire). "On a ouvert toute une série de boîtes mais on ne sait pas bien quel contenu on va leur donner" or le ministère a besoin "d'une certaine durée pour mettre en place les réformes".

Celle des nouveaux rythmes scolaires dans le primaire est en revanche sur les rails, mais sa généralisation dans toutes les écoles publiques pourrait donner lieu à des difficultés de mise en oeuvre ou des résistances.

Une cinquième matinée de classe, généralement le mercredi, a été réintroduite. Aux maires qui ont menacé de boycotter la réforme, Najat Vallaud-Belkacem a réaffirmé dimanche soir que "la loi s'appliquera partout et il n'y aura pas d'exception".

L'école "n'est pas un supermarché, aujourd'hui on choisit les rythmes et demain les programmes", a souvent dit M. Hamon.

- Créations de postes programmées -

La réforme, qui prévoit l'accès des enfants à des activités culturelles et sportives, à la charge des communes, vise à réduire les inégalités sociales. Le coût et les difficultés d'organisation des activités ont nourri la polémique, occultant l'objectif de mettre l'accent sur l'intérêt de l'enfant et l'amélioration des apprentissages.

La "refondation de l'école", promise par François Hollande, a créé de fortes attentes chez les enseignants qui regrettent que les débats sur les nouveaux rythmes, "mal ficelés", aient fait passer au second plan les autres réformes.

Certaines ont abouti comme la refonte de l'éducation prioritaire qui démarre à la rentrée, donnant des moyens supplémentaires aux établissements pour réduire l'échec scolaire dans les milieux défavorisés.

Des créations de postes sont programmées cette année encore, conformément à la promesse d'en créer 60.000 sur le quinquennat. Pour autant, ces créations ne suffiront pas à absorber la forte démographie des élèves et les classes seront encore surchargées.

Les nouveaux profs, les premiers issus des Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (Espé), commencent à enseigner à mi-temps, tout en finissant leur master. Les Espé ont été créées en 2013 pour rétablir la formation initiale des enseignants supprimée sous la droite.

D'autres chantiers n'ont pas commencé ou sont bloqués : la réforme du collège, la refonte des programmes repoussée d'un an, l'évaluation des élèves, la formation continue.

Les enseignants "sont désabusés, déplore Christian Chevalier, du deuxième syndicat d'enseignants SE-Unsa. Les changements de cap, de ministre, les sauts de puce n'y sont pas étrangers."

Sébastien Sihr, du SNUipp-FSU (primaire), regrette que l'école soit "un terrain de cafouillage". "On ne change pas l'école quand elle est le théâtre de tensions", comme sur les "ABCD de l'égalité", un dispositif visant à lutter contre les stéréotypes filles-garçons à l'école, abandonné.

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