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Creuse : les parents présentés à un juge d'instruction

La balance de la justice. [Philippe Huguen / AFP/Archives]

Les parents qui ont reconnu avoir tué, puis enterré en bordure d'un étang dans la Creuse, leur bébé de quatre mois étaient présentés lundi en début d'après-midi, à l'issue de leur garde à vue, à un juge d'instruction du Pôle criminel de Limoges (Haute-Vienne) qui devrait leur signifier leur mise en examen et un mandat d'écrou.
 

 

Le Vice-Procureur de la République à Limoges, Bruno Robinet, a annoncé qu'il tiendra une conférence de presse à 17H00 au Palais de justice.

Âgés respectivement de 31 et 24 ans, le père et la mère, une famille en difficulté suivie par les services sociaux, avaient voulu faire croire à un enlèvement avant de finalement passer aux aveux dimanche, reconnaissant des "violences" et le meurtre du petit Loan.

Ils ont conduit les enquêteurs de la gendarmerie jusqu'au lieu où a été enterré le corps du nourrisson, non loin d'un étang, sur la commune de Saint-Sulpice-les-Champs (Creuse), à une quinzaine de kilomètres de leur domicile.

Dès samedi, après leur placement en garde à vue, les parents étaient apparus comme les principaux suspects, le procureur de la République à Guéret, Sébastien Farges, évoquant "des incohérences et des invraisemblances" dans leurs dépositions. Depuis le début de l'affaire, le récit de l'enlèvement supposé de l'enfant par un inconnu, le 27 août, sous les yeux des parents, avait soulevé des interrogations.

Selon le magistrat, les parents, entendus séparément, ont avoué "que l'enfant avait été victime de violences plusieurs jours avant qu'ils ne signalent sa disparition". Ils étaient tous les deux présents lorsqu'ils ont transporté le corps et l'ont enterré dans un sac en plastique près de l'étang, un plan d'eau privé, peu visible de la route et encaissé dans un vallon.

Ils sont ensuite rentrés à leur domicile et ont élaboré le scénario d'un enlèvement par un inconnu le 27 août sur une aire de loisirs à Chénérailles, une localité proche de leur domicile mais à l'opposé de Saint-Sulpice-les-Champs.

Parallèlement, l'autopsie du nourrisson sera pratiquée à l'Institut médico-légal de Limoges, avec des premiers résultats attendus mardi afin de déterminer l'enchaînement des blessures et de détecter d'éventuelles traces de violences plus anciennes.
   
 

Contexte familial de violences

Si le père a reconnu "avoir commis des violences", l'implication de la mère restait encore à déterminer précisément: "Je cherche à vérifier l'hypothèse où la mère aurait, elle aussi, donné des coups à son enfant", avait indiqué Sébastien Farges. "Les rôles de l'un et de l'autre sont beaucoup plus liés que ce qu'ils veulent bien nous dire", avait poursuivi le magistrat.

Alors que de source proche de l'enquête on a évoqué des déclarations des parents sur une "punition qui a mal tourné", le procureur a réfuté ce terme : "Je ne peux pas parler de punition envers un enfant de quatre mois", a-t-il dit, préférant évoquer un "contexte de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".

"C'est un bébé qui devait être extrêmement solliciteur" en raison de ses problèmes de santé, a-t-il avancé, parlant d'une possible "exaspération" des parents. L'enfant, opéré en juillet, souffrait d'une malformation cardiaque.

Issu d'un milieu modeste et suivi par les services sociaux, le couple s'était installé à Lavaveix-les-Mines (25 km de Guéret) il y a trois ans. Le père travaillait comme maçon et la mère avait exercé le métier de serveuse. Le couple évoluait dans un "climat familial de violences", l'homme ayant été condamné pour des violences commises en février sur sa concubine.

Mais "les services sociaux n'ont pas été défaillants. Ils sont allés au bout de ce qu'ils pouvaient faire", a souligné le procureur. Dès l'annonce de la disparition, un vaste dispositif de recherches avait été mis en place. Plusieurs dizaines de gendarmes, appuyés d'un hélicoptère, de chiens et de plongeurs, avaient ratissé la zone pendant trois jours, en vain.

 

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