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Le crâne d'Ataï, chef rebelle kanak, officiellement restitué à sa famille

Cérémonie à Paris le 28 août 2014 pour le transfert en Nouvelle-Calédonie des reliques du grand chef kanak Ataï, rebelle décapité en 1878 et personnage toujours emblématique sur sa terre natale [Bertrand Guay / AFP] Cérémonie à Paris le 28 août 2014 pour le transfert en Nouvelle-Calédonie des reliques du grand chef kanak Ataï, rebelle décapité en 1878 et personnage toujours emblématique sur sa terre natale [Bertrand Guay / AFP]

Après 135 ans passées en métropole, les reliques du grand chef kanak Ataï, rebelle décapité le 1er septembre 1878 en Nouvelle-Calédonie et personnage toujours emblématique sur sa terre natale, ont été officiellement restituées jeudi à Paris à ses descendants.

C'est au Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN), où le crâne d'Ataï et celui de son compagnon "sorcier" étaient conservés, que la cérémonie s'est déroulée, en présence de la ministre des Outre-Mer George Pau-Langevin, du Sénat coutumier kanak et de Bergé Kawa, descendant d'Ataï et grand chef du district de La Foa, sur la côte ouest de l'île.

"J'ai attendu ce moment pendant de longues années, je commençais à désespérer...", a lancé Bergé Kawa, exprimant sa gratitude mais aussi son "malaise".

"Car ces reliques nous renvoient à notre propre réalité: deux peuples, deux cultures qui n'ont jamais cessé de s'affronter et s'affrontent encore aujourd'hui", a martelé le chef kanak au cours d'un long plaidoyer pour que l'Etat français "applique enfin" l'Accord de Nouméa sur le transfert de compétences.

Mme Pau-Langevin a quant à elle rappelé que l'accord de Nouméa reconnaissait explicitement "le choc de la colonisation" et les traumatismes subis par la population kanak, souhaitant que la restitution d'Ataï puisse ouvrir une nouvelle voie vers la réconciliation.

"Je comprends l'émotion évoquée ce matin, mais nous devons travailler de manière très méthodique", a dit la ministre, qui se rendra avec le président François Hollande en Nouvelle-Calédonie durant le mois de novembre.

L'histoire d'Ataï, figure du combat indépendantiste, débute en 1878, 25 ans après la prise de possession de l'archipel par la France. "Protecteur du clan", le grand chef avait pris la tête d'une révolte dans la région de La Foa, pour protester contre les spoliations foncières de l'administration coloniale, doublées cette année-là d'une autorisation donnée aux colons et bagnards affranchis de faire paître leur bétail sur les terres cultivées par les tribus, confinées dans des "réserves".

Pour mater la rébellion, qui fit plus d'un millier de morts chez les Kanaks et 200 Européens, l'armée s'était adjointe des supplétifs de Canala, dans l'est. Le 1er septembre 1878, l'un d'eux, dénommé Ségou, tue Ataï, lui tranchant la tête et la main droite.

Comme les scientifiques de l'époque se passionnent pour l'anthropologie physique, le crâne du chef kanak est placé dans un bocal d'alcool et expédié à Paris pour y être étudié et classé au Musée d'ethnographie du Trocadéro.

Ses descendants doivent le rapatrier, ainsi que celui du "Sorcier", en Nouvelle-Calédonie le 2 septembre. Les reliquaires seront déposés à la tribu de Petit Couli à Sarraméa pendant un an, jusqu'à la tenue de nouvelles cérémonies pour la "levée de deuil".

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