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Le changement de gouvernement rassure le patronat

Arnaud Montebourg lors de sa conférence de presse, le 25 août 2014 à Paris [Eric Piermont / AFP] Arnaud Montebourg lors de sa conférence de presse, le 25 août 2014 à Paris [Eric Piermont / AFP]

La décision de changer de gouvernement pour mettre fin à la fronde d'Arnaud Montebourg contre l'austérité rassure le patronat sur la volonté de François Hollande de poursuivre une politique de soutien aux entreprises.

Le Premier ministre Manuel Valls, reconduit à Matignon, a été chargé de constituer, d'ici mardi, une "équipe en cohérence avec les orientations" que le chef de l'Etat "a lui-même définies pour notre pays", a souligné l'Elysée.

Objectif: tenir la ligne du pacte de responsabilité, censé alléger de 30 milliards d'euros les cotisations patronales d'ici 2016, réduire la fiscalité de plus de 10 milliards (d'ici 2017) sur les entreprises. L'exécutif promet également 5 milliards de mesures sociales et fiscales pour les ménages les plus modestes. Il prévoit en parallèle 50 milliards d'euros d'économies de dépenses d'ici 2017.

C'est faute d'avoir obtenu l"inflexion majeure" qu'il réclamait, vers un soutien marqué à la consommation, que le ministre de l'Economie sortant Arnaud Montebourg a annoncé lundi sa décision de quitter Bercy et "reprendre (sa) liberté". Il a fustigé dans les politiques de réduction des déficits "une absurdité financière (...) plombant la croissance".

"Les entreprises rappellent l'urgence de continuer la politique en faveur de la compétitivité de l'économie", a réagi le Medef.

A deux jours de l'ouverture de son université d'été, la principale organisation patronale a émis l'espoir "que la politique économique en faveur de la compétitivité des entreprises, annoncée en début d'année et dont les premières mesures viennent d'être votées en juillet pour application en 2015, sera confirmée" par le "nouveau gouvernement Valls" et que ce dernier "agira rapidement".

"Le message est assez clair et va dans le bon sens", s'est pour sa part félicité le secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CGPME), Jean-Eudes du Mesnil.

"On a besoin que la politique de l'offre qui a été affirmée clairement par le chef de l'Etat soit celle qui sera suivie et qu'on n'ait pas un pas en avant, deux pas en arrière, comme on a pu le vivre trop fréquemment ces derniers temps", a-t-il ajouté.

- Le 'théâtre' de Gattaz -

Mais pour la CGPME, "ça ne peut pas suffire" et "les circonstances exceptionnelles" que sont une croissance nulle et un chômage de masse, exigent "de prendre des mesures exceptionnelles, bien au-delà de celles qui sont projetées actuellement", a-t-il poursuivi.

Le patron du Medef, Pierre Gattaz, le 8 juillet 2014 [Bertrand Guay / AFP]
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Le patron du Medef, Pierre Gattaz, le 8 juillet 2014

Même ton de la part du patron du Medef Pierre Gattaz, qui le 18 août lançait sur son blog "Est-ce que cela suffira ? Non. Evidemment que non", tout en concédant que "le Pacte est la bonne solution, la politique de soutien à la compétitivité des entreprises est la bonne solution (à moins de vouloir booster nos importations par une politique suicidaire uniquement axée sur la demande pure)".

"Le gouvernement fait ce qu'il faut et va dans la bonne direction. Pour une fois, reconnaissons-le !", concédait-il, fustigeant l'idée d'aides à la consommation dans une France très importatrice.

M. Gattaz aura l'occasion de s'entretenir avec Manuel Valls dès mercredi au grand rendez-vous annuel de l'organisation patronale, sur le campus d'HEC à Jouy-en-Josas (Yvelines). Le geste de Manuel Valls est symbolique : il n'est que le second Premier ministre en exercice depuis la création du Medef en 1998 à s'y rendre, après Jean-Marc Ayrault en août 2012.

"Tout le positionnement du Medef, c'est d'encourager le gouvernement, ce n'est pas de se battre contre lui, ce n'est pas de croiser le fer", estime Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail. "M. Gattaz peut très bien avoir un propos exigeant, dur" mais "c'est du théâtre car, sur le fond, il ne demande que la réussite du projet Valls", dit-il.

Une ligne confirmée sans ambigüité par le numéro deux du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. "Le cap politique qu'a choisi François Hollande est le bon, et nous on pense qu'il faut aller plus vite et plus fort", a-t-il commenté lundi, en reprochant à Arnaud Montebourg de défendre une "politique des années 90".

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