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Hamon va-t-il sauter à une semaine de la rentrée scolaire?

Le ministre de l'Education Benoît Hamon arrive à l'hôtel Matignon, le 25 août 2014 [Dominique Faget / AFP] Le ministre de l'Education Benoît Hamon arrive à l'hôtel Matignon, le 25 août 2014 [Dominique Faget / AFP]

Benoît Hamon, un proche d'Arnaud Montebourg, se retrouve sur la sellette lui aussi à une semaine de la rentrée scolaire, après s'être employé à tenter de déminer les dossiers explosifs de l’Éducation nationale.

Le Premier ministre Manuel Valls doit former mardi un nouveau gouvernement, après les vives critiques de sa politique économique formulées par M. Montebourg, ministre de l’Économie, et M. Hamon, ministre de l’Éducation.

Pourtant, M. Hamon est "assez serein" et "au travail" sur ses "dossiers en cours", a assuré lundi matin à l'AFP son entourage. "On n'est pas du tout dans un état démissionnaire", a-t-on ajouté, rappelant que la rentrée, la première de Benoît Hamon, arrivé en avril, "est sur les rails".

Une conférence de presse de rentrée doit se tenir le 1er septembre, à la veille de la reprise des classes, et le ministre avait prévu un plan médias bien chargé.

En cinq mois, il a essentiellement déminé des dossiers sensibles: réforme contestée des rythmes scolaires assouplie, ABCD de l'égalité sur la lutte contre les stéréotypes filles-garçons à l'école enterrés, refonte des programmes retardée et prérentrée des enseignants repoussée au 1er septembre.

Ces décisions ont suscité des critiques, entraînant coup sur coup la démission du directeur de l'enseignement scolaire et du président du Conseil supérieur des programmes.

"C'est un ministère très exposé: le titulaire est généralement un poids lourd de la minorité. Ils sont amenés à accepter un ministère qui donne de la notoriété et qui est en même temps risqué", dit à l'AFP l'historien de l'éducation Claude Lelièvre. "C'était le cas de Vincent Peillon ou de Jean-Pierre Chevènement... Ce sont des politiques. Ils sont là pour s'occuper de l’Éducation nationale mais ils sont aussi des gens qui se pensent comme destin national."

- "Besoin d'un ministre concentré" -

En revanche, ce qui est "exceptionnel, c'est le tempo!", ajoute M. Lelièvre. Selon lui, "sur les 24 nominations sous la Ve république, 23 ont été faites entre le 27 mars et le 19 juillet, et pour la moitié d'entre eux entre avril et mai. Un départ de Benoît Hamon maintenant serait complètement inédit".

Le ministre de l'Education Benoît Hamon arrive à l'hôtel Matignon, le 25 août 2014 [Dominique Faget / AFP]
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Le ministre de l'Education Benoît Hamon arrive à l'hôtel Matignon, le 25 août 2014

"S'il part, ce sera le signe de l'affaiblissement de la promesse de François Hollande sur la priorité donnée à l'éducation", prévient l'historien.

Bernadette Groison, secrétaire générale de la puissante fédération de l'éducation FSU, juge que cela tomberait "à un moment crucial" parce que c'est à la rentrée que le ministre "donne la feuille de route": "Ce n'est pas le moment de s'esquiver sur des sujets comme la question budgétaire, la formation, l'apprentissage, les réformes du collège et du lycée".

Après seulement cinq mois, difficile pour elle de dresser un bilan de Benoît Hamon rue de Grenelle. "Les choses commençaient à cette rentrée. On n'a pas eu le temps d'avoir sa philosophie sur le rôle de l'école".

Ce remaniement n'aide pas à ramener "l'apaisement dont l'école a besoin", a regretté pour sa part Sébastien Sihr, du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire.

Un nouveau ministre aura-t-il "une nouvelle lettre de mission? C'est la question politique qui m'inquiète", avoue Christian Chevalier, du SE-Unsa, "on entrera alors dans une nouvelle zone de turbulences". Le ministère est "complexe, compliqué parfois. Il serait dommageable d'attendre encore trois mois pour que le nouveau ministre s'approprie les dossiers".

Pour Paul Raoult, de la FCPE, première fédération de parents d'élèves, "il faut vite continuer la réforme de l'école, entamée dans le primaire, mais qui reste à faire au collège et au lycée". Valérie Marty, de la Peep, salue "cinq mois de travail fructueux" avec ce ministre et espère que la conférence nationale sur l'évaluation et les discussions sur le statut du parent "ne seront pas remises en cause".

"On a besoin d'un ministre concentré sur la refondation de l'école, parce que c'est un enjeu majeur pour notre pays", plaide aussi Laurent Escure, de l'Unsa Éducation.

Benoît Hamon "a fait le choix de privilégier l'homme politique sur sa fonction de ministre", résume Frédéric Sève, du Sgen-CFDT. "On verra si demain on a un ministre ou un homme politique."

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