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Allergie : l'ambroisie est en fleur

Une femme victime d'allergie le 18 mai 2013 à Godewaersvelde dans le nord de la France [Philippe Huguen / AFP/Archives] Une femme victime d'allergie le 18 mai 2013 à Godewaersvelde dans le nord de la France [Philippe Huguen / AFP/Archives]

L'ambroisie est en fleur et, pénible rengaine du mois d'août, des dizaines de milliers de personnes souffrent d'allergies pouvant aller jusqu'à l'asthme. Arracher, chauffer, leurrer... les armes existent contre ce passager clandestin venu d'Amérique, mais l'ennemi est tenace et la lutte peine à s'organiser.

 

"Pour l'instant, c'est un problème en Rhône-Alpes. Mais il y a des régions émergentes où très clairement, on risque d'entendre parler assez vite" de ces allergies particulièrement fortes, assure le chercheur de l'INRA, membre de l'Observatoire des ambroisies, Quentin Martinez.

Et de citer le nord de la région Auvergne et le Puy-de-Dôme, la région Centre, les pays de la Loire et Poitou-Charentes.

Les premiers pics de pollen ont eu lieu durant le week-end du 15 août, selon le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). Et à raison de 5 graines par m3 d'air suffisantes pour déclencher les symptômes, les allergiques prendront leur mal en patience jusqu'à fin septembre.

L'Agence régionale de Santé Rhône-Alpes estime entre 155.000 et 198.000 personnes la population allergique dans la région la plus affectée de France, un chiffre en augmentation, et un coût non négligeable pour le système de santé: entre 11 et 15 millions d'euros en 2012.

Sans compter les pertes de rendements qu'entraîne, dans les cultures de tournesol notamment, la présence de cette plante qui peut atteindre les 1,80 m, aux tiges robustes, velues et rougeâtres, et aux feuilles très découpées et inodores.

Passager clandestin de semences de trèfles violets originaires d'Amérique du Nord, elle s'est retrouvée dans l'Allier en 1863, puis est passée de parcelles en parcelles avant de s'ancrer en région Rhône-Alpes.

- Adaptation redoutable -

Un homme coupe de l'ambroisie dans un terrain en friche  [Philippe Desmazes / AFP/Archives]
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Un homme coupe de l'ambroisie dans un terrain en friche

"Cette plante se trouve majoritairement dans le monde autour du 45ème parallèle", comme en Hongrie où elle est devenue, un problème majeur de santé publique. "C'est à cette latitude qu'elle trouve la bonne alternance entre la durée du jour et la durée de la nuit. Et puis, on trouve dans cette région les cultures de printemps dans lesquelles l'ambroisie se développe facilement comme le tournesol, le maïs, le sorgho", explique M. Martinez.

Et l'endroit, riche en axes de communication, est idéal pour cette plante qui ne se déplace qu'avec l'homme : collée sous une roue de voiture ou de tracteur, cachée dans un bloc de terre déplacé à la faveur d'une construction...

La lutte est difficile car la plante s'adapte redoutablement bien, et passe aisément par les mailles du filet, réapparaissant dans un coin de parcelle ou un bord de route inaccessible. De plus, une graine reste viable 20 ans dans le sol.

Mais "en s'attaquant vraiment au problème, et en déployant de vrais moyens, c'est possible de faire régresser l'ambroisie", assure le chercheur.

Parmi les moyens : arrachage, fauchage, produits phytosanitaires, plateaux chauffants ou encore faux semis qui leurrent la plante qui, dès qu'elle se met à pousser, est facilement repérée.

Une expérience menée dans la petite commune d'Estrablin (Isère) à l'été 2012 démontre qu'on peut diviser par trois les émissions polliniques en s'y prenant bien.

Si la prise de conscience augmente autour de ce problème sanitaire, il n'y a pas encore de lutte coordonnée sur le territoire français, où dans certains endroits, les records d'émissions de pollen ne sont plus si loin de ceux enregistrés en Hongrie.

Une vingtaine de députés de tous bords se sont rassemblés en 2011 dans un "Comité parlementaire du suivi du risque d'ambroisie" dont le président, Alain Moyne-Bressand, député UMP de l'Isère, a déposé une proposition de loi en 2013 qui faisait notamment obligation "à tout occupant d'une parcelle de procéder, à ses frais, à la destruction de cette plante, avant floraison".

La loi a été retoquée en décembre à l'Assemblée nationale au motif qu'il fallait étendre la lutte à d'autres plantes invasives. Une nouvelle proposition de loi est attendue à l'automne, a annoncé M. Moyen-Bressand avant l'été.

 

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