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Le Cadre noir de Saumur veut porter le dressage handisport vers les sommets

Le cavalier Thibault Stuclin près du box de son cheval à l'école de cavalerie de Saumur, le 19 août 2014 [Miguel Medina / AFP] Le cavalier Thibault Stuclin près du box de son cheval à l'école de cavalerie de Saumur, le 19 août 2014 [Miguel Medina / AFP]

Polo siglé "Cadre noir de Saumur", un écuyer de la prestigieuse école de cavalerie dirige, depuis le bord du terrain, la cavalière tétraplégique qu'il entraîne, engagée dans l'épreuve de dressage handisport des Jeux équestres mondiaux qui débutent samedi en Normandie.

Depuis un an et demi, Anne-Frédérique Royon, 36 ans, bénéficie des conseils experts de Marc-André Morin, écuyer du Cadre noir depuis 14 ans, devenu son entraîneur. Mais depuis cette année, l'établissement à la renommée mondiale a décidé de renforcer son engagement auprès des cavaliers handisport français de haut niveau.

"On n'est plus simplement dans la mise à disposition de chevaux, on accompagne les athlètes, explique M. Morin. Toute la richesse qu'on a à l'école (nationale d'équitation - ENE) est mise à disposition des cavaliers handisport".

Au programme pour les cinq cavaliers sélectionnés : des écuyers du Cadre noir comme entraîneurs donc, mais aussi une préparation physique pour travailler leur renforcement musculaire, un coach mental, un suivi médical et même un diététicien.

"Depuis 2014, il y a une réelle volonté de la part de l'école de construire quelque chose de cohérent au niveau du handisport", confirme l'entraîneur. Un modèle d'inspiration anglaise, nation habituée à truster les premières places dans la discipline.

Deux à trois jours chaque semaine, les deux cavaliers qu'il entraîne, devenus handicapés après un accident de voiture, le rejoignent à Saumur. 500 km à parcourir pour Anne-Frédérique Royon, depuis la région Rhône-Alpes, moins pour Vladimir Vinchon, Lavallois âgé de 40 ans.

Leurs chevaux restent eux à plein temps dans la vallée de la Loire, où M. Morin les monte au quotidien, combinant travail technique de dressage, entretien physique et récupération.

- Trio cavalier, cheval et entraîneur -

Anne-Frédérique Royon, une cavalière handicapée sur son cheval au Cadre noir de Saumur, le 19 août 2014 [Miguel Medina / AFP]
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Anne-Frédérique Royon, une cavalière handicapée sur son cheval au Cadre noir de Saumur, le 19 août 2014

"On crée un couple avec le cheval, et un tandem avec le coach. C'est très important, ça nous permet de nous reposer, de donner notre confiance et de pouvoir avancer les yeux fermés avec quelqu'un qui est à côté", raconte Vladimir Vinchon, entraîné par M. Morin depuis mai 2011.

"On ne peut pas dissocier l'entraîneur du cavalier et du cheval, c'est un trio", renchérit ce dernier.

Une relation entraîneur-entraîné propre au para-dressage, où le technicien endosse un double rôle, à pied et à cheval. "Pour Vladimir, à qui il manque la jambe droite, je codifie le cheval pour que la cravache soit l'outil remplaçant sa jambe", détaille l'écuyer.

"C'est un honneur pour nous de pouvoir travailler avec ces écuyers, dans ces installations. Je me sens faire partie de cette institution" qu'est le Cadre noir, confie Vladimir Vinchon. "Tout est réuni pour nous permettre d'être performants".

A quelques heures du coup d'envoi des Jeux équestres mondiaux (JEM, 23 août-7 septembre), que la France accueille pour la première fois, l'équipe de France de para-dressage répète ses gammes au haras du Ry, à Brévands, à deux pas de la côte normande.

Cavaliers sur leurs chaises roulantes dans l'écurie du Cadre noir de Saumur, le 19 août 2014 [Miguel Medina / AFP]
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Cavaliers sur leurs chaises roulantes dans l'écurie du Cadre noir de Saumur, le 19 août 2014

Trois des six cavaliers tricolores retenus pour la compétition sont entraînés par des écuyers du Cadre noir : Royon, Vinchon et Thibault Stoclin, engagés dans des catégories différentes selon leur handicap.

Tôt le matin, et malgré le temps frais, Anne-Frédérique Royon enchaîne tours de carrières et diagonales, au pas et au trot.

"Le fait qu'une grande institution comme l'ENE crée un pôle handisport, c'est vraiment une reconnaissance. On existe, c'est très gratifiant, très motivant", estime-t-elle.

Sans ce partenariat, "c'est sûr que je n'aurais pas eu accès à autant de qualité. Il y a toute une tradition derrière. Le cadre, le prestige de l'école aide psychologiquement et physiquement", ajoute celle qui a mis son métier de correctrice littéraire entre parenthèses pour se consacrer à la préparation des JEM.

Si ce n'est dès le rendez-vous mondial en Normandie, ce sera aux Jeux de Rio en 2016. D'autant que, d'ici là, le groupe devrait s'étoffer, avec trois cavaliers supplémentaires envisagés à la rentrée.

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