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Les scouts: toujours plus, mais les encadrants manquent

Un jeune scout arbore ses insignes le 30 juillet 2012 lors d'un jamboree, au château de Jambville, dans les Yvelines [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives] Un jeune scout arbore ses insignes le 30 juillet 2012 lors d'un jamboree, au château de Jambville, dans les Yvelines [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]

Entre la saison des camps d'été touchant à sa fin et la rentrée qui arrive, les scouts français ont le sourire: l'état des troupes est plutôt bon, comme l'image dans l'opinion d'un mouvement qui peine cependant à recruter des encadrants.

"Le scoutisme a le vent en poupe", quelle que soit son obédience: ses principaux responsables l'ont clamé à la lecture d'un sondage OpinionWay réalisé en janvier dernier, selon lequel 63% des Français ont une image positive des héritiers de Baden-Powell.

Cette bonne perception se retrouve dans les adhésions: les Scouts et Guides de France (SGDF), qui revendiquent 70.000 membres parmi les 150.000 scouts français, affichent une hausse de leurs effectifs de 10% depuis 2007.

Le creux du tournant des années 1990-2000 semble loin, plus de quinze ans après l'affaire de l'abbé Cottard, en 1998. Cinq morts par noyade dont quatre jeunes scouts d'un groupuscule intégriste, un drame isolé mais qui avait fait douter certains parents de la sécurité des activités, jusque dans les grandes associations.

Aujourd'hui, les responsables scouts mettent en avant le sérieux de la réglementation, adaptée aux spécificités d'un mouvement qui "n'éduque pas au risque zéro" mais à l'autonomie, souligne Antoine Dulin, délégué national des SGDF.

C'est ce qu'attendent les familles, selon ce dirigeant, qui voit un "consensus autour des valeurs" prônées par les principales associations: l'éducation à la citoyenneté, l'apprentissage de la vie en groupe, dans la nature, une certaine sobriété... "On éduque à la responsabilité, qui n'est peut-être pas un élément central de l'école aujourd'hui", relève Antoine Dulin.

- Des scouts en ZSP -

Des scouts et des guides de France se retouvent à un jamboree (rassemblement scout), le 30 juillet 2012, au Château de Jambville, dans les Yvelines [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]
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Des scouts et des guides de France se retouvent à un jamboree (rassemblement scout), le 30 juillet 2012, au Château de Jambville, dans les Yvelines

Mouvement catholique mais "ouvert à tous", les Scouts de France tentent de corriger l'homogénéité sociale de leur recrutement - classes moyennes voire aisées plus que défavorisées - avec l'implantation d'une cinquantaine de groupes dans des quartiers populaires. Ainsi de celui de Fontbarlettes, à Valence dans la Drôme, classé zone de sécurité prioritaire (ZSP).

Torky Bouaoune y a trois enfants chez les scouts. "Ils partent en randonnée, font du camping, ça les rend plus débrouillards", estime ce musulman qui n'a pas de difficulté à inscrire ses enfants dans un mouvement chrétien. "On ne les force pas à aller à la messe", remarque-t-il.

Son fils Chakib, 13 ans, parle de son plaisir à participer à des raids l'été, avec "trente euros pour trois jours, une carte, une boussole et un sac dans le dos. C'est amusant quand on se perd !"

Le scoutisme a cependant encore une grande marge de progression dans les banlieues, où il reste méconnu, de même que dans l'ensemble du pays. "Contrairement à la Belgique, le taux de pénétration du scoutisme est inférieur à 1% en France", regrette Antoine Dulin.

Pour les Eclaireuses et Eclaireurs de France (EEDF), "le mot scout n'est pas porteur dans le grand public, il véhicule une image vieillotte avec quelque chose qui croise le paramilitaire et le religieux".

Ce qui n'empêche pas ce mouvement laïque de cohabiter harmonieusement avec les quatre autres associations, toutes confessionnelles, membres de la Fédération du scoutisme français (les SGDF, les protestants des Eclaireurs unionistes, les Eclaireurs israélites, les Scouts musulmans), notamment lors des rencontres "Vis mon camp". "Une forme vivante de laïcité", selon Vincent Cocquebert, délégué général des EEDF.

Mais si les enfants sont au rendez-vous, les jeunes et adultes manquent. Faute d'encadrants en nombre suffisant, 150 des 820 groupes des SGDF inscrivent garçons ou filles sur des listes d'attente avant de les accepter. Chez les Eclaireurs également, "on a besoin d'aller au forcing pour trouver des bénévoles", confirme Vincent Cocquebert. La faute aux études, à la précarité qui touche un nombre croissant d'étudiants et de jeunes adultes, à la mobilité géographique.

Mais le mouvement scout a des arguments à faire valoir, comme le souligne le responsable des Eclaireurs: "On explique aux jeunes que c'est une belle aventure, que ça fera une belle ligne sur leur CV et leur servira dans la vie".

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