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Rentrée à hauts risques pour le gouvernement

François Hollande et Manuel Valls à la sortie du dernier séminaire gouvernemental avant la pause estivale, le 1er août 2014 au Palais de l'Elysée [Dominique Faget / AFP / Archives] François Hollande et Manuel Valls à la sortie du dernier séminaire gouvernemental avant la pause estivale, le 1er août 2014 au Palais de l'Elysée [Dominique Faget / AFP / Archives]

Croissance en berne, explosion du chômage, fronde à gauche : la rentrée s'annonce à hauts risques pour le président français François Hollande après un été plombé par de mauvais résultats économiques qui ont renforcé les doutes sur la stratégie suivie par l'exécutif socialiste.

 

Malgré les critiques de plus en plus nombreuses et la défiance croissante des Français, "il est hors de question d'en changer", a pourtant réaffirmé le Premier ministre Manuel Valls dans un entretien à l'hebdomadaire Journal du Dimanche (JDD), jugeant "irresponsables" ceux qui, à gauche, dénoncent une politique trop favorable aux entreprises.

Deux ans après l'arrivée au pouvoir de François Hollande, plus de 80% des Français ne font pas confiance au gouvernement en matière de politique économique, une défiance qui concerne tant la lutte contre le chômage que la relance de la croissance ou la réduction des déficits, selon un sondage Ifop publié dimanche par le JDD.

"La rentrée va être difficile", avait déjà prévenu le Premier ministre début août, avant même la publication jeudi des chiffres officiels qui ont confirmé la stagnation persistante de l'économie française depuis le début de l'année.

Après avoir dû renoncer, l'an dernier, à sa promesse d'"inverser la courbe du chômage" qui n'en finit pas d'augmenter, le gouvernement s'est vu contraint en fin de semaine de réviser ses prévisions économiques et d'admettre que le déficit public serait supérieur à 4% du PIB cette année, hypothéquant ainsi les chances de le ramener en 2015 sous la limite des 3% fixée par Bruxelles.

 

- La fin des illusions -

"Désastre", "zéro pointé!", "optimisme naïf", "politique petit-bras": la presse française est tombée à bras raccourcis ce week-end sur François Hollande. Lundi, le couple Hollande/Valls s'est attiré les foudres des éditorialistes pour son obstination à poursuivre dans la même voie alors que la situation économique et la confiance populaire sombrent.

Si la croissance de la France est "nulle", ses "dirigeants aussi", ironisent-ils.

"Et maintenant, monsieur le Président ?", interrogeait samedi le journal Le Monde (centre-gauche) dans un éditorial incisif, dénonçant "les illusions entretenues depuis deux ans" par le chef de l'Etat. "Depuis deux ans, il a perdu l'essentiel de son crédit à +espérer ce qui ne sera pas+ (...) Il doit désormais proposer des solutions. Quel qu'en soit le risque politique", écrivait le quotidien.

Plusieurs dossiers brûlants attendent le gouvernement qui fait sa rentrée en conseil des ministres mercredi, comme le budget 2015 qui doit être bouclé le 24 septembre ou l'annonce de mesures fiscales promises après le rejet début août par le Conseil constitutionnel d'un dispositif allégeant les cotisations des salariés les plus modestes.

Cette censure d'une mesure sociale emblématique a provoqué l'ire de l'aile gauche du Parti socialiste déjà vent debout contre le "pacte de responsabilité" cher à François Hollande qui prévoit 40 milliards d'euros en faveur des entreprises et 50 milliards d'économies sur trois ans.

Ouvertement critiques de la ligne "social-démocrate" assumée par l'exécutif, les "frondeurs" du PS ont annoncé qu'ils feraient entendre leur voix lors de l'Université d'été du parti fin août à la Rochelle (ouest) ainsi que lors du débat budgétaire.

Autre chantier miné : une réforme des collectivités territoriales engagée par le gouvernement mais vivement contestée par certains ténors socialistes, comme l'ancienne patronne du PS Martine Aubry, et par le Parti des radicaux de gauche. Cet allié du PS au gouvernement a menacé de retirer ses trois ministres si la réforme n'était pas abandonnée.

Cette défection, jugée pour l'instant improbable par les commentateurs, pourrait encore affaiblir la majorité présidentielle à l'Assemblée, déjà fragilisée par le départ au printemps des écologistes.

Six mois après sa déroute aux municipales, confirmée aux européennes de mai, la gauche devrait également perdre les sénatoriales du 28 septembre, entraînant vraisemblablement le basculement à droite de la Haute assemblée.

Enfin, cerise sur le gâteau, l'ancien président de droite Nicolas Sarkozy devrait annoncer fin août-début septembre s'il sera candidat à la présidence de son parti, l'UMP, considérée comme un tremplin pour la présidentielle de 2017.

Un retour de Sarkozy qui ne fait "pas peur" à François Hollande, assure l'entourage du président, et pourrait même, selon les commentateurs, lui donner "un peu d'air" au milieu d'une rentrée surchargée.

 

 

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