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Sur l'île Rouzic, les fous de Bassan viennent chouchouter leur petit

Un fou de Bassan en plein vol au-dessus de l'île Rouzic (nord Bretagne), le 7 août 2014 [Miguel Medina / AFP] Un fou de Bassan en plein vol au-dessus de l'île Rouzic (nord Bretagne), le 7 août 2014 [Miguel Medina / AFP]

Sur la ligne d'horizon, l'île Rouzic apparaît, blanche, comme recouverte de neige. Mais quand le bateau s'en approche, en fait de "neige" on découvre des milliers d'oiseaux, des fous de Bassan, qui reviennent chaque année nicher sur ce site de Bretagne nord.

Sur l'île Rouzic, la plus éloignée de l'archipel des Sept-Iles, au large de Perros-Guirec, se retrouvent à la belle saison "tous les fous de Bassan nicheurs de France", explique Sylvie Guillaume, responsable d'animation à la Ligue de protection des oiseaux (LPO), l'association gestionnaire de cette réserve naturelle nationale.

Planeur hors pair qui, dit-on, a inspiré les lignes du Concorde, l'élégant fou de Bassan, corps blanc, tête jaune et extrêmité des ailes noire, dont l'envergure atteint jusqu'à 1,80m, est le plus grand des oiseaux marins d'Europe. Mais, "pour la saison des amours, il doit quitter l'élément marin et se poser à terre", rappelle Mme Guillaume. "Six mois en mer en solitaire et six mois à terre en colonie".

Sur cette petite île interdite à la présence humaine, "19.443 couples" ont été décomptés cette année. Partout, ce n'est que cris rauques, vols planants et plongeons spectaculaires.

- "Chacun son nid, chacun chez soi" -

Les Fous de Bassan massés sur l'île Rouzic (Bretagne nord), le 7 août 2014 [Miguel Medina / AFP]
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Les Fous de Bassan massés sur l'île Rouzic (Bretagne nord), le 7 août 2014

Malgré les apparences, la "colonie" est réalité très disciplinée. En dépit des distances incalculables parcourues pendant six mois, y compris en haute mer, le fou de Bassan, qui vit une quinzaine d'années, "revient d'une année sur l'autre au même endroit. Chaque année, il retrouve le même partenaire et aucun des oiseaux au sol ne s'amuse à se promener chez ses voisins", malgré la promiscuité qui semble régner sur cette île de quelques dizaines de mètres de hauteur: 60 centimètres entre chaque nid!

"Chacun son nid, chacun chez soi", résume Sylvie Guillaume, qui décode les échanges au sein de la colonie: la "parade territoriale" par laquelle l'oiseau indique "ici, c'est chez moi. On ne rentre pas"; la "parade nuptiale", expression des retrouvailles avant l'accouplement; la "parade d'envol, bec pointé vers les hauteurs", pour informer les voisins de ses intentions...

Un seul poussin par couple qui, "pendant ses trois premiers mois, va être ultra-chouchouté". Mais au bout de trois mois, adieu la belle vie! Le petit fou est bouté hors du nid. Il a acquis la taille de ses parents mais il est trop lourd et ne peut s'envoler. "Il doit tout apprendre tout seul: à s'envoler, à pêcher... La première année de vie est terrible: un sur deux ne survit pas".

L'apprentissage effectué, le jeune part vers les côtes mauritaniennes, voire plus au sud. Avant de remonter vers l'Europe et de choisir la colonie où il se posera peu avant sa maturité, puis construira son nid, tout en trouvant son partenaire de vie vers cinq ou six ans.

Sur l'archipel - 40 hectares à marée haute, mais 280 à marée basse pendant les grandes marées - vivent aussi cormorans huppés, huîtriers pie, fulmars boréal, goélands argentés, marins ou bruns, sternes pierregarin ou puffins des Anglais. On y dénombre par ailleurs une quarantaine de phoques gris qui vivent ici à l'année et se laissent apercevoir à l'occasion.

- Le macareux-moine, victime de safaris -

Deux cormorans perchés sur des îles de l'archipel des Sept-Iles (nord de la Bretagne), le 7 août 2014 [Miguel Medina / AFP]
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Deux cormorans perchés sur des îles de l'archipel des Sept-Iles (nord de la Bretagne), le 7 août 2014

Mais c'est au macareux-moine, ce drôle d'oiseau noir au ventre blanc et au bec rouge, de la taille d'un pigeon, que les Sept-Iles doivent leur mise sous protection. "A la fin du XIXe siècle, il y avait quelque 15.000 couples. Mais en 1912, il n'en restait plus que 400. La chasse au macareux-moine était devenue la distraction à la mode chez les chasseurs venus de la capitale", explique Sylvie Guillaume aux visiteurs incrédules.

Face à ce massacre, s'est créée en 1912 la LPO, dont la première victoire a été d'obtenir l'interdiction de cette chasse. En 1976, les Sept-Iles sont devenues réserve naturelle nationale. Cette saison, 212 couples de macareux-moine y ont été répertoriés. Il s'agit de l'ultime colonie en France.

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