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Débarquement en Provence: 70 ans après, l'armée française d'Afrique à l'honneur

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian décore de la Légion d'honneur Jaber Abdellah, ancien combattant, à l'occasion 70e anniversaire du débarquement de Provence, le 14 août 2014 à Paris [Dominique Faget / AFP] Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian décore de la Légion d'honneur Jaber Abdellah, ancien combattant, à l'occasion 70e anniversaire du débarquement de Provence, le 14 août 2014 à Paris [Dominique Faget / AFP]

L'Etat a honoré jeudi les combattants de l'armée française venus d'Afrique du nord pour débarquer massivement sur les côtes de Provence et prendre les Allemands en tenaille, prélude aux cérémonies internationales du 70è anniversaire de "l'Opération Dragoon" prévues vendredi à Toulon.

Leurs rangs toujours plus clairsemés au fil des décennies (ils étaient près d'un demi-million en août 1944 dans les troupes alliées et l'armée française), des ex-soldats de toute nationalité ont fait leur retour jeudi dans des lieux de mémoire emblématiques du Var.

Des anciens combattants français se sont recueillis devant le Mémorial à l'Armée d'Afrique, stèle imposante érigée face à la plage de Saint-Raphaël.

Le secrétaire d'Etat français chargé des anciens combattants, Kader Arif, a exprimé "son émotion" en décorant huit "héros" des combats de 1944.

Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian (2è d) et le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, Kader Arif (g) posent le 14 août 2014 à Paris avec des vétérans de l'armée française venus d'Afrique du nord lors d'une cérémonie de remise de médailles pour célébrer le 70e anniversaire du débarquement de Provence [Dominique Faget / AFP]
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Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian (2è d) et le secrétaire d'Etat aux Anciens combattants, Kader Arif (g) posent le 14 août 2014 à Paris avec des vétérans de l'armée française venus d'Afrique du nord lors d'une cérémonie de remise de médailles pour célébrer le 70e anniversaire du débarquement de Provence

Parmi eux, le spécialiste des transmissions Robert Roussafa et l'ambulancière Juliette Castano, jeunes engagés pied-noirs qui débarquèrent le 15 août sur des plages du Var, âgés de 18 ans. Ou encore le résistant Marius Roquemaure, qui participa à 20 ans à plusieurs parachutages et combats en Provence.

Tous sont invités vendredi à Toulon à la parade navale internationale à bord du porte-avions Charles de Gaulle, en présence du président François Hollande.

Ils y retrouveront notamment des compagnons d'armes venus du Maghreb, invités en France et décorés jeudi à Paris.

Pour le débarquement en Normandie, le 6 juin, on ne comptait que 177 Français. A partir du 16 août, arriveront sur les plages du Sud plus de 250.000 soldats de "l'Armée B" française dirigée par le général Jean de Lattre de Tassigny.

"C'est nous les Africains qui arrivons de loin, venant des colonies pour sauver la patrie", chantaient alors ensemble musulmans et chrétiens, mobilisés ou volontaires, un refrain de ralliement entonné jeudi devant le Mémorial à l'Armée d'Afrique.

Car "l'Armée B" qui débarque en Provence, c'est essentiellement "l'Armée d'Afrique" créée en 1830 lors la conquête de l'Algérie et qui intégra peu à peu des soldats indigènes.

Ses effectifs sont pour moitié composés de Français européens d'Afrique du nord, pour l'autre moitié d'indigènes du Maghreb (près de 100.000) et d'Afrique noire (10.000), schématise Laurent Moënard, spécialiste de l'opération Dragoon.

-"Sa contribution à la victoire finale est capitale"-

S'y ajoutaient aussi des Français de métropole, loin de coller à son étiquette d'armée coloniale de sensibilité pétainiste. Comme André Sciard, jeune parisien inscrit en 1942 en première année de l'école militaire de Saint-Cyr. Il fit partie des "20.000 évadés de France" qui gagnèrent l'Afrique du nord pour être formés et il débarqua en renfort dans le Var sur un char.

Hafid Bouazza, ancien combattant algérien de la Seconde guerre mondiale, pose avec la médaille de la Légion d'honneur qu'il a reçu le 14 août 2014 à Paris [Dominique Faget / AFP]
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Hafid Bouazza, ancien combattant algérien de la Seconde guerre mondiale, pose avec la médaille de la Légion d'honneur qu'il a reçu le 14 août 2014 à Paris

Le général Sciard, 90 ans, qui présida pendant dix ans l'association nationale Souvenir de l'Armée d'Afrique, récemment dissoute faute d'adhérents, a multiplié les conférences dans les écoles.

"Je voulais qu'on garde le souvenir de l'Armée d'Afrique, qui a libéré la France", dit-il, trop fatigué pour venir célébrer à Saint-Raphaël un débarquement souvent éclipsé par celui de Normandie.

Après avoir démontré son efficacité en Tunisie et en Italie, cette armée française reçut du commandement américain la mission périlleuse de conquérir les ports stratégiques de Toulon et de Marseille, où campait l'artillerie allemande.

"Pour la première fois depuis 1940, une véritable armée française, reconstituée, armée, préparée et aguerrie, se bat sur le sol français. Cette armée va effacer la défaite de 1940. Et sa contribution à la victoire finale est capitale", souligne Laurent Moënard. Le général de Lattre de Tassigny pourra ratifier au nom de la France la capitulation allemande à Berlin le 8 mai 1945.

"En mêlant leur sang à ceux des combattants métropolitains, les soldats venus d'Afrique ont à jamais lié les destins de nos pays", a souligné jeudi Kader Arif à Saint-Raphaël. "Cette communauté de destins, la France la rappelle aujourd'hui en s'engageant au Mali et en Centrafrique", a-t-il ajouté.

A La Motte, dans les terres, premier village varois libéré dans les premières heures du 15 août 1944, le ciel "pleuvait" de 9.000 parachutistes britanniques et américains qui méritent "la reconnaissance éternelle de la France", a aussi rappelé jeudi M. Arif lors d'une autre cérémonie en hommage aux alliés anglo-saxons.

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