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Les précaires encore plus fragiles en ville pendant l'été

Une personne sans-abri à Paris [Joel Saget / AFP/Archives] Une personne sans-abri à Paris [Joel Saget / AFP/Archives]

Pour un peu, on se marcherait sur les pieds. A 17 heures, le centre de distribution de l'église Saint-Joseph-Artisan, dans un quartier populaire du nord-est de Paris, vient à peine d'ouvrir qu'il est déjà pris d'assaut.

En août, la précarité des plus pauvres augmente dans les villes, avec moins de places d'hébergement et d'aide alimentaire. La solidarité jouant moins, les associations doivent mieux se coordonner.

Dans un coin, quelques enfants dessinent sagement tandis que leurs parents patientent pour recevoir un sac d'aide alimentaire, équivalent à deux repas quotidiens par membre de la famille.

Mais malgré ses 200 mètres carrés, le centre ouvert par Août Secours Alimentaire manque de place pour accueillir convenablement son millier de bénéficiaires quotidiens, envoyés ici par des associations fermant leurs portes au mois d'août.

"C'est fermé partout ailleurs. Sans eux, on serait obligés de se débrouiller avec ma petite retraite", confie Eugène, 77 ans, venu du Val d'Oise avec son ami Georges, tandis que des dizaines de familles attendent encore à l'extérieur du centre.

L'été, trouver où manger n'est pas le seul souci des personnes en difficulté. D'une année sur l'autre, tandis que près de 50% des demandes d'hébergement de SDF au 115 reçoivent une réponse négative l'hiver, ce taux monte en flèche après le 31 mars et la fin de la trêve hivernale. En 2013, année record, il avait même atteint 76%.

"Environ 8.000 places ouvertes pendant l'hiver ferment à partir du 31 mars en France. Pourtant, les demandes d'hébergement ne baissent pas", note Florent Gueguen, directeur général de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars).

- "La vie dans la rue est aussi dure l'été" -

"Nous ne fermons aucune de nos 64 structures d'accueil en France", insiste toutefois Bruno Morel, directeur général d'Emmaüs Solidarité. Mais l'association, qui propose 425 places d'hébergement d'urgence à Paris durant l'hiver, a vu ce chiffre tomber à 255 places depuis avril.

"On a pu pérenniser trois structures et 170 places mais je regrette toujours une gestion au thermomètre" de la part de l'Etat, qui finance davantage de structures l'hiver. "Pourtant, la vie dans la rue est aussi dure l'été."

En avril, l'important centre d'hébergement d'urgence de la Villette, dans le nord-est de Paris, a fermé ses portes pour laisser place à des logements sociaux.

Les familles ont pu être relogées, parfois in extremis, mais la situation reste problématique: "Quand on accueille quelqu'un, on commence aussi un accompagnement. C'est impossible à mettre en place si les personnes hébergées doivent sans cesse déménager."

Et un cercle vicieux peut s'installer. "Quand il y a un hébergement, une aide alimentaire est prévue. Comme beaucoup de structures réduisent leurs activités durant les vacances, les personnes à la rue perdent tout", reprend Florent Gueguen.

A Paris, Août Secours Alimentaire prend le relais d'une soixantaine d'associations, distribuant 690.000 repas à 14.000 personnes grâce à huit centres, à Paris et en banlieue.

L'association a ouvert cette année un nouveau centre et étendu ses activités à une partie du mois de juillet. "Mais il nous manque 150.000 euros de dons privés pour financer cette expansion", regrette Denis Brot, son délégué général.

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