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Une loi pour alléger la facture énergétique française et le poids du nucléaire

La ministre de l'Ecologie et du Développement durable Ségolène Royal le 3 juillet 2014 lors d'une conférence de presse à Paris [Joël Saget  / AFP/Archives] La ministre de l'Ecologie et du Développement durable Ségolène Royal le 3 juillet 2014 lors d'une conférence de presse à Paris [Joël Saget / AFP/Archives]

Diversification et efficacité: le projet de loi sur la transition énergétique, présenté mercredi en conseil des ministres, a pour ambition de faire de la France un pays plus économe en énergie et moins dépendant des énergies fossiles et du nucléaire.

 

Les grandes lignes du texte ont été dévoilées le 18 juin par la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Ségolène Royal, à l'issue d'un an et demi de travaux préparatoires (débat national, consultation du Conseil national sur la transition écologique, expertise juridique, arbitrages entre ministères, etc.), agrémentés de luttes musclées entre les différents groupes de pression.

Plusieurs grands objectifs y figurent: réduire la consommation finale de 50% en 2050 par rapport à 2012, la consommation des énergies fossiles de 30% en 2030, parvenir à 32% d'énergie renouvelable en 2030 (contre 13,7% en 2012) et diminuer de 40% les gaz à effet de serre à l'horizon 2030 (référence 1990).

Des ouvriers travaillent le 29 septembre 2011 à Estaires, dans le Nord, sur une maison individuelle en cours de construction [Philippe Huguen / AFP/Archives]
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Des ouvriers travaillent le 29 septembre 2011 à Estaires, dans le Nord, sur une maison individuelle en cours de construction

Au final, la France doit alléger sa facture énergétique (68,7 mds par an) qui plombe sa balance commerciale, tout en sécurisant son approvisionnement et en assurant un prix de l'énergie compétitif. La baisse du recours aux énergies fossiles doit aussi permettre de continuer à réduire les gaz à effet de serre et lutter contre la pollution atmosphérique.

Cette ambition nécessite une diversification des sources de production et de gros progrès en matière d'efficacité énergétique, dans le bâtiment (44% de la consommation nationale) comme dans les transports (32%).

Le texte d'une soixantaine d'articles se focalise ainsi sur la rénovation thermique des bâtiments (isolation à renforcer lors des ravalements, de la réfection des toitures ou d’agrandissements, mesures de financement des travaux, création d'un "chèque énergie"), les transports électriques (prime à la conversion, multiplication des points de charge, conversion des flottes de l'Etat), le développement des énergies renouvelables (bois, biomasse, méthanisation, éolien off-shore).

Des éoliennes implantées sur une ligne de crêtes dans le parc d'éoliennes de Merdelou-Fontanelles dans le sud Aveyron, le 22 octobre 2005 [Georges Gobet / AFP/Archives]
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Des éoliennes implantées sur une ligne de crêtes dans le parc d'éoliennes de Merdelou-Fontanelles dans le sud Aveyron, le 22 octobre 2005

L'enjeu de la rénovation des bâtiments concerne 20 millions de logements mal isolés, avec 4 millions de ménages peinant à régler leur facture énergétique, mais le manque de formation des professionnels reste un handicap pour parvenir à rénover 500.000 logements par an d'ici 2017.

- Négociation avec EDF -

L'épineux dossier du nucléaire a été au centre de tractations très serrées avec les écologistes, qui souhaitaient voir l'Etat en position de fermer des centrales. Le gouvernement a finalement retenu l'option de la négociation avec l'opérateur EDF pour ramener à 50% la part du nucléaire dans la consommation d'électricité (75% aujourd'hui), un engagement de François Hollande.

La centrale nucléaire de Fessenheim le 14 mars 2011 [Frederick Florin / AFP/Archives]
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La centrale nucléaire de Fessenheim le 14 mars 2011

Le cas de la centrale alsacienne de Fessenheim, qui doit fermer d'ici 2017, n'est pas abordé. Mais le principe d'un plafonnement de la puissance du parc à son niveau actuel (63,2 mégawatts) est retenu, ce qui impliquera de fait des fermetures de réacteurs pour compenser l'entrée en service de l'EPR de Flammanville en 2016.

Via une Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), l'Etat entend reprendre la main en matière de production énergétique en fixant la part de chaque source (renouvelable, nucléaire, fossile), un schéma auquel devra se conformer EDF et une disposition qui a satisfait les Verts, même en l'absence d'une limitation à 40 ans de la durée des centrales.

"Il manque des éléments sur les transports, l'agriculture, l'urbanisme, on attend beaucoup des amendements", a souligné de son côté le juriste Arnaud Gossement, au nom de la Fabrique écologique, une fondation transpartisane réunissant élus, ONG et entreprises.

Sur la question clé des financements, Ségolène Royal a indiqué qu'environ 10 milliards d'euros seraient mobilisés et devraient avoir un effet de levier: 5 milliards de la Caisse des dépôts pour des prêts à 2% aux collectivités, 1,5 milliard pour le fonds pour les énergies renouvelables, 1,5 milliard d'allègements fiscaux, 1 milliard pour la rénovation énergétique des collèges, le reste sous forme de différents prêts (taux zéro pour les particuliers, prêts pour les PME-TPE, etc.).

Le projet de loi devrait être discuté à partir du 1er octobre à l'Assemblée. Une commission spéciale pour préparer les débats sera constituée avec trois rapporteurs de la commission Développement durable et deux de celle des Affaires économiques.

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