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Le Conseil d'Etat confirme l'interdiction de la manifestation propalestinienne

Des policiers (au 1er plan) lors des violences qui ont suivi la manifestation propalestinienne de Barbès, le 19 juillet 2014 à Paris [Jacques Demarthon / AFP/Archives] Des policiers (au 1er plan) lors des violences qui ont suivi la manifestation propalestinienne de Barbès, le 19 juillet 2014 à Paris [Jacques Demarthon / AFP/Archives]

La manifestation propalestinienne prévue ce samedi à Paris a été interdite hier par la préfecture de police pour éviter d'éventuels débordements. Une interdiction confirmée samedi par le Conseil d'Etat. Le ministre de l'Intérieur appelle les organisateurs "à se conformer à la loi et à renoncer à la manifestation".

 

Malgré l'interdiction, les manifestants commençaient à affluer place de la République dans le 11e arrondissement de Paris. Les accès à la station de métro desservant l'endroit ont été fermés par la RATP.

Plus tôt dans la journée, on apprenait que, saisi en urgence, le Conseil d'Etat avait confirmé l'interdiction de la manifestation prévue samedi. Le tribunal administratif avait en effet rejeté dans la soirée de vendredi un recours contre l'interdiction de la manifestation pro-palestinienne à Paris déposé par les organisateurs

La préfecture de police, qui avait prononcé l'interdiction, avait alors estimé que la manifestation de samedi présentait les même risques de violences que celles observées lors des rassemblements des 13 et 19 juillet dernier. De plus, les organisateurs n'auraient pas respecté le délai de trois jours pour la déclaration de la manifestation et n'auraient pu démontrer leur capacité à mettre en place un service d'ordre suffisant.

Vendredi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait appelé les organisateurs à "renoncer à la manifestation", prévue samedi à 15H00 place de la République, au motif qu'elle "présente de sérieux risques de troubles à l'ordre public et des risques d'affrontements". Des propos qu'il a réitéré aujourd'hui en les appelant "à se conformer à la loi et renoncer à la manifestation".

Les organisateurs (Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Parti des Indigènes de la République, Palestinian Youth movement..) sont les mêmes que ceux qui avaient appelé à la manifestation du 19 juillet qui, bien qu'interdite, avait rassemblé des milliers de personnes et dégénéré en violences spectaculaires dans le quartier de Barbès. Dix-sept policiers et gendarmes avaient été blessés et 44 personnes interpellées. et

 

Des manifestants propalestiniens agitent des drapeaux lors d'une manifestation devant les Invalides à Paris le 23 juillet 2014 [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]
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Des manifestants propalestiniens agitent des drapeaux lors d'une manifestation devant les Invalides à Paris le 23 juillet 2014

Le NPA avait renouvelé vendredi soir son appel à manifester en bravant une interdiction qui, selon le PCF et EELV, est susceptible d'entraîner des débordements.

Lors de l'audience devant le tribunal administratif, Me Hosni Maati, avocat des organisateurs, a plaidé que "le meilleur moyen d'éviter des troubles à l'ordre public est d'autoriser la manifestation pour que les gens puissent exprimer une émotion légitime" dans un contexte "encadré". Il a souligné qu'une manifestation autorisée avait rassemblé au moins 14.500 personnes mercredi à Paris sans incidents.

Pour la manifestation du 19 juillet, le tribunal administratif, déjà saisi par les organisateurs, avait également confirmé l'interdiction de la préfecture de police. Il n'y avait alors pas eu d'appel.

 

- "Le feu aux poudres" -

 

Concernant le nouveau défilé de samedi, M. Cazeneuve a estimé que les organisateurs, "par leur incapacité à maîtriser la manifestation, par le choix des lieux de la manifestation qu'ils ont opéré" n'offraient pas les garanties nécessaires.

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Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Selon des sources policières, les forces de l'ordre ont reçu des "consignes de fermeté" pour intervenir "très rapidement et interpeller" en cas de non-respect de l'interdiction de manifester ou de "slogans ou manifestations antisémites".

Les lieux de culte, notamment les synagogues, seront protégés "en conséquence" et il y aura plus de 1.200 policiers et gendarmes, les autorités craignant la formation de "petits groupes très mobiles" et pouvant être "disséminés et organisés". En amont, c'est-à-dire dans les gares desservant des trains de banlieue par exemple, il y aura des surveillances et interpellations "si besoin est".

"Ils nous ont dit explicitement qu'ils voulaient d'autres organisateurs que nous", s'est insurgé Youssef Boussoumah, du Parti des indigènes de la République. "On ne peut pas avoir peur de sa jeunesse comme ça", a-t-il dit, prévenant: "Le gouvernement est responsable de toutes les conséquences" de l'interdiction.

C'est "extrêmement grave, selon Omar Alsoumi, membre du Palestinian Youth movement (PYM): "le gouvernement crée une division entre des citoyens qui seraient légitimes à s'exprimer et d'autres non".

Des manifestants pro-palestiniens à Paris le 13 juillet 2014  [Kenzo Tribouillard / AFP]
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Des manifestants pro-palestiniens à Paris le 13 juillet 2014

Jeudi, Amnesty international s'était inquiété de "la menace qui pèse en France sur le droit fondamental qu'est la liberté de réunion pacifique". Human Rights Watch a déploré vendredi cette nouvelle interdiction, "entrave disproportionnée à la liberté de réunion et d'expression".

Samedi doivent par ailleurs être jugées en comparution immédiate à Paris quatre personnes poursuivies pour des violences et menaces de mort à caractère antisémite dans un restaurant casher pris pour cible mercredi soir dans le quartier du Marais.

 

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