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A Sarcelles, "ça lançait des canettes, alors je l'ai fait aussi"

Un véhicule municipal détruit par des manifestants le 19 juillet 2014 dans le quartier Barbès-Rochechouart à Paris [François Guillot / AFP] Un véhicule municipal détruit par des manifestants le 19 juillet 2014 dans le quartier Barbès-Rochechouart à Paris [François Guillot / AFP]

"Le taser, c'était pour me défendre", "ça lançait des canettes, alors je l'ai fait aussi", ou "on allait acheter le pain": le système de défense de quatre jeunes gens arrêtés à Sarcelles lors d'émeutes aux relents antisémites n'a pas convaincu mardi le tribunal de Pontoise, qui les a condamnés à de la prison ferme.

 

Alan, 21 ans, dreadlocks et tee-shirt sali par 48 heures de garde à vue, est originaire de Garges-lès-Gonesse, dans le Val-d'Oise. Il dit qu'il "traversait Sarcelles", commune voisine, et qu'il "y avait du mouvement". S'il a lancé des canettes de bière vers des policiers, c'était un peu pour faire comme tout le monde.

"Je participais pas à la manifestation", jure le jeune père de famille, déjà condamné pour des violences lorsqu'il était adolescent. Résultat: six mois ferme, prison immédiate.

Également poursuivis pour violences sur policiers, des frères de 25 et 28 ans, jamais condamnés, étaient eux sortis "acheter le pain" à la demande de leur mère, avant la rupture du jeûne du Ramadan. Poursuivis pour violences sur les policiers, ils nient. "On a commencé à courir, mais on n'a rien fait", proteste l'un d'eux, grand brun athlétique. Trois mois ferme pour les deux.

Des manifestants le 20 juillet 2014 à Sarcelles [Jacques Demarthon / AFP]
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Des manifestants le 20 juillet 2014 à Sarcelles

Arrive le quatrième prévenu. Algérien de 29 ans, père de famille, employé dans la maintenance et résidant à Sevran (Seine-Saint-Denis), il se rendait à la manifestation quand les policiers ont trouvé dans son sac un keffieh, mais aussi un pistolet à impulsion électrique. Il affirme qu'il ne savait pas que la manifestation était interdite. "Le keffieh c'était pour le symbole, pour prôner la paix en Palestine, et le taser, c'est pas pour faire du mal, c'est pour me défendre".

"C'est grave. Vous allez à une manifestation pour la paix avec un taser? Et si vous aviez blessé quelqu'un?", interroge le procureur. Il sera condamné à trois mois de prison pour "port d'arme prohibée" et son objet, "acheté 30 euros sur le marché de Sarcelles", lui sera confisqué.

 

- "ça la fout mal' -

 

Sous les yeux de sa mère, en pleurs, un dernier prévenu est condamné à une amende de 400 euros pour "recel de vols". Ce Sarcellois, âgé de 18 ans, bon étudiant sans condamnation, sortait lui aussi acheter le pain lorsqu'il assiste au pillage d'un bar-tabac. "J'ai pris quatre paquets de cigarettes, j'aurais pas dû", souffle, des sanglots dans la voix, ce brun au visage juvénile.

Trois de ses amis, mineurs, seront également interpellés avec sur eux jusqu'à 14 paquets de cigarettes. Laissés libres, ils comparaîtront plus tard devant la justice des mineurs.

Dans le même temps, une deuxième longue après-midi de comparutions immédiates s'achevait très tard mardi devant le tribunal correctionnel de Paris, qui jugeait des jeunes gens interpellés pendant des émeutes ayant suivi samedi à Barbès, quartier du nord de la capitale, une manifestation propalestinienne elle aussi interdite.

Lundi, trois peines de prison avec sursis et une relaxe y avaient été prononcées. Cinq jeunes ont été condamnés mardi également à du sursis.

Ces gens "ne sont pas des casseurs", a plaidé la défense, mais "les médias en ont trop parlé et cela la fout mal de ne pas avoir un seul casseur devant un tribunal..."

Une nouvelle manifestation propalestinienne, autorisée cette fois, est organisée mercredi soir à Paris.

 

 

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