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Asile, immigration: le gouvernement dévoile ses projets de réforme

Des immigrés illégaux font la queue devant la préfecture de Seine-Saint-Denis, le 3 décembre 2012 pour tenter de régulariser leurs papiers [Jacques Demarthon / AFP/Archives] Des immigrés illégaux font la queue devant la préfecture de Seine-Saint-Denis, le 3 décembre 2012 pour tenter de régulariser leurs papiers [Jacques Demarthon / AFP/Archives]

Le gouvernement présente mercredi en Conseil des ministres deux projets de loi, un sur l'asile, l'autre sur l'immigration, qui pourraient lui valoir des attaques à droite et suscitent déjà des critiques dans le milieu associatif.

Cette première réforme significative sur le droit des étrangers depuis l'élection de François Hollande à la présidence est défendue par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Elle a toutefois été préparée par son prédécesseur Manuel Valls dont elle porte la marque, avec un subtil dosage de mesures contraignantes et d'autres plus généreuses.

Larges concertations, rapports parlementaires, reports à plusieurs reprises de textes qui sortent finalement en plein été: tout a été fait pour "apaiser le débat", selon les termes du Premier ministre.

La Place Beauvau se méfie en effet des "risques d'instrumentalisation" et espère réussir une "synthèse républicaine". "On a voulu apporter des solutions à des problèmes concrets, et non se cantonner aux positions de principe", explique une source.

Premier problème identifié: l'engorgement du système d'asile. Depuis sept ans, le nombre des demandeurs a presque doublé, pour atteindre plus de 66.000 dossiers en 2013.

Les structures d'hébergement sont totalement saturées et la moitié des demandeurs doivent se débrouiller par leurs propres moyens, ce qui aboutit à l'ouverture de squats dans certaines régions (Lyon, Grenoble...).

De plus, le traitement des demandes prend deux ans en moyenne, ce qui complique l'expulsion des déboutés, comme l'a rappelé l'exemple de Leonarda Dibrani.

Opération de police pour évacuer le principal camp de migrants de Calais, le 2 juillet 2014 [Denis Charlet / AFP/Archives]
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Opération de police pour évacuer le principal camp de migrants de Calais, le 2 juillet 2014

Le premier objectif de la réforme est donc de raccourcir les délais de traitement pour les ramener à neuf mois en procédure normale, à l'horizon 2017.

Pour ce faire, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) bénéficieront de "recrutements supplémentaires". L'Ofpra, qui instruit les demandes, pourra placer en "procédure accélérée" les dossiers qui lui semblent abusifs. La CNDA devra juger les recours en cinq mois, contre huit aujourd'hui.

Sur l'hébergement, le projet de loi prévoit de répartir les demandeurs sur l'ensemble du territoire et de supprimer les allocations aux étrangers qui refuseraient de se rendre dans un lieu donné, ou qui l'abandonneraient.

- Assidu en cours -

Le projet de loi sur l'immigration s'attaque à d'autres dysfonctionnements. Malgré la volonté affichée par l'ex-président Nicolas Sarkozy de substituer une "immigration choisie" à une immigration "subie", la France attire peu de professionnels qualifiés parmi les 200.000 étrangers hors Union européenne qu'elle accueille légalement chaque année.

Le gouvernement propose donc de créer un nouveau titre de séjour, le "passeport talents" valable quatre ans, qui remplacera le maquis des titres existants (carte bleue européenne, titre scientifique, artiste...) et simplifiera la vie des bénéficiaires et de leur famille.

Autre problème: l'obligation de renouveler son titre de séjour tous les ans crée d'immenses files d'attente en préfecture et complique le quotidien des étrangers. Puisque 99% des demandes de renouvellement sont acceptées, le ministère de l'Intérieur suggère de délivrer automatiquement une carte de séjour allant de deux à quatre ans après le premier titre de un an.

Mais ce titre pluriannuel ne sera délivré que si l'étranger a bien suivi ses cours de français. Et la délivrance d'une carte de résident après les cinq premières années sera conditionnée à la capacité à lire et à comprendre des textes simples.

Ce "parcours d'intégration" a suscité des grincements de dents chez les défenseurs des étrangers, d'autant que le gouvernement ne revient pas sur la loi dite Besson de 2011, très décriée à l'époque dans les rangs socialistes car elle avait reculé l'intervention du juge judiciaire lors du placement en rétention de sans-papiers.

Le projet de loi reste "marqué par l'obsession de la lutte contre l'immigration irrégulière et l'injonction à +l'intégration+ et n'apporte pas de progrès substantiels sur le terrain des droits fondamentaux", tacle le Gisti. Au diapason, la Cimade estime que le gouvernement a fait le choix de "la continuité dans la répression" par rapport aux précédents exécutifs.

La droite tique davantage sur les titres pluriannuels et sur le fait que l'assignation à résidence soit préférée au placement en rétention avant d'éloigner un sans-papiers.

Pour éviter "un feuilleton", le ministre de l'Intérieur souhaite désormais que les deux textes soient examinés "dans la même séquence parlementaire". La date n'est pas encore fixée, mais cet examen ne devrait pas intervenir avant l'automne.

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