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La France déterminée à livrer les Mistral à la Russie

Vue prise le 9 mai 2014 du Vladivostok, le navire militaire Mistral construit pour la Russie à Saint-Nazaire [Jean-Sébastien Evrard  / AFP/Archives] Vue prise le 9 mai 2014 du Vladivostok, le navire militaire Mistral construit pour la Russie à Saint-Nazaire [Jean-Sébastien Evrard / AFP/Archives]

La France est déterminée à honorer les contrats signés pour la livraison de navires Mistral à la Russie, malgré l'aggravation de la crise en Ukraine, ce qui braque ses alliés occidentaux de plus en plus critiques de l'attitude française.

 

Et d'un ! Alors que la décision sur le premier de ces deux énormes bâtiments, le "Vladivostok", devait être prise à l'automne, François Hollande a acté lundi soir qu'il sera livré comme prévu. "Le bateau est quasiment achevé et doit être livré en octobre", a-t-il fait valoir.

Le chef de l'Etat lie en revanche la livraison du 2e bâtiment, le "Sébastopol", au comportement de Moscou. "Cela dépendra de l'attitude de la Russie, je le dis clairement. Mais à ce stade, il n'y a pas de sanction décidée qui nous obligerait à renoncer", a-t-il affirmé. Et s'il devait y avoir un renforcement des sanctions à l'encontre de Moscou, a-t-il dit, "cela interviendrait au niveau du Conseil européen et ça ne porterait que sur du matériel à venir".

Le dossier des Mistral, deux porte-hélicoptères construits en partie à Saint-Nazaire, met Paris en porte-à-faux avec ses partenaires depuis le début de la crise ukrainienne. Un contrat de l'ordre de 1,2 milliard d'euros conclu en 2011 avec Moscou. Mais le crash du vol MH17 de la Malaysia Airlines dans l'est de l'Ukraine a fait monter la tension.

Pour David Cameron, le Premier ministre britannique, Londres doit "mettre la pression" sur ses partenaires "pour dire que nous ne pouvons pas continuer à faire des affaires" avec Moscou, "comme si de rien n'était". Et pour Barack Obama, il aurait été "préférable de suspendre les transactions militaires de ce type" avec la Russie.

Les plus remontés sont les pays baltes, en première ligne en cas de débordement de la crise ukrainienne. Comme la Lituanie, qui a mis en garde mardi contre "une mistralisation" de la politique européenne.

 

Faire pression sur Poutine

Des critiques largement rejetées en France, à droite comme à gauche, au nom de la "souveraineté nationale". "La France doit honorer sa parole, sa signature, les Mistral devront être livrés", a affirmé mardi l'ancien ministre UMP Xavier Bertrand sur France Inter. Pour lui, "parce que nous avons justement ces relations avec la Russie, c'est certainement nous qui sommes les seuls capables de jouer un rôle déterminant" pour une solution au conflit.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, le 14 juin 2014 à Paris [Fred Dufour / AFP/Archives]
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Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, le 14 juin 2014 à Paris

Et pour le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, lier la livraison du 2e Mistral à l'attitude de Moscou, "c'est une manière de faire pression" sur Vladimir Poutine et "tout le monde devrait en faire autant".

L'enjeu de la livraison des Mistral est considérable pour l'industrie de défense française et sa crédibilité à l'exportation. Un défaut de livraison français aurait, selon les experts, des conséquences sur les autres contrats d'armements en discussion, comme le contrat pour la vente de 126 avions Rafale à l'Inde. Des conséquences également sur l'emploi à Saint-Nazaire, où les syndicats du chantier naval STX ont estimé mardi que le chantier des Mistral ira à son terme malgré les pressions.

Pour l'heure, tout se passe comme si la livraison des deux porte-hélicoptères devait être honorée dans les délais. "Rien n'est d'actualité sur les sanctions", soulignait-on lundi soir dans l'entourage du chef de l'Etat.

L'arrivée fin juin à Saint-Nazaire de 400 marins russes venus se former au maniement du Vladivostok, n'a rassemblé qu'une cinquantaine de manifestants opposés à la vente. Il y a une semaine, la moitié arrière du second bâtiment, construite en Russie, est arrivée à son tour à Saint-Nazaire, pour y être assemblée avec la partie avant, construite par STX. La livraison du Sébastopol est prévue à l'automne 2015.

 

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