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A Calais, l'ancienne usine est devenue un havre pour migrants

Evacuation par la police du principal camp de migrants de Calais, le 2 juillet 2014 [Denis Charlet / AFP/Archives] Evacuation par la police du principal camp de migrants de Calais, le 2 juillet 2014 [Denis Charlet / AFP/Archives]

Les uns épluchent des pommes de terre, les autres prient agenouillés sur un morceau de carton ou jouent aux cartes: la vie s'organise peu à peu dans le plus grand squat de migrants de Calais, installé depuis le 12 juillet dans une usine désaffectée.

 

"Cet endroit, c'est bien pour nous, les Français sont très gentils", assure en anglais à l'AFP Nansydin Madibo Idriss, un Soudanais de 41 ans, en coupant des courgettes, debout sous un auvent accroché devant le vaste hangar de l'ancien site de recyclage de métaux, au fond d'une impasse.

Il a quitté le 6 juillet la Libye, où il gagnait sa vie comme maçon, à bord d'un bateau de 12 mètres de long, entassé avec 200 personnes. Trois jours accroupi, sans boire ni manger, dit-il.

Dans l'immense cour de macadam entourée de hauts murs, quelques toilettes mobiles et deux grandes tentes blanches ont été installées par Médecins du monde. Des poubelles remplies d'eau font office de baignoires. Dans les anciens bureaux, ceux qui ont tenté en vain de traverser la Manche la nuit précédente, dorment sur des matelas posés par terre.

Dans un coin, un four à bois en acier, installé sur une remorque, tourne à plein régime. "Soixante-quinze kilos de pain en trois fournées", dit Paul, un boulanger breton de 33 ans, arrivé vendredi avec sa camionnette et 500 kilos de farine bio. "Ce qui m'intéresse, c'est faire du pain dans un contexte qui a du sens", souligne-t-il.

Le 2 juillet, plus de 600 migrants, venus surtout de la Corne de l'Afrique, d'Afghanistan, de Libye et de Syrie, qui étaient installés dans un campement et des squats en attendant de rejoindre la Grande-Bretagne, considérée comme un Eldorado, avaient été évacués par la police.

 

- L'évacuation, une "épée de Damoclès" -

 

Opération de police pour évacuer le principal camp de migrants de Calais, le 2 juillet 2014 [Denis Charlet / AFP]
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Opération de police pour évacuer le principal camp de migrants de Calais, le 2 juillet 2014

"Les gens se sont retrouvés à la rue, harcelés par les policiers dès qu'ils s'asseyaient sur un banc, ici ils sont tranquilles", explique Pierre, un Lillois de 31 ans, l'un des dix militants associatifs présents en permanence sur le site. Ils font fonctionner le squat depuis son ouverture en gérant les dons de nourriture, de meubles, de vaisselle....

Selon Médecins du monde, 1.000 à 1.200 migrants errent dans les rues de Calais, dormant dans les dunes, dans des parcs ou dans la rue.

"Calais c'est devenu l'horreur, il y en a partout, on est de plus en plus affolé", raconte Armelle Wasselin, 76 ans, une bénévole de l'association Salam, venue déposer au squat des médicaments, un peu de riz et du couscous. "Rien n'est fait pour qu'ils soient dans une situation digne", dénonce-t-elle.

Les associations s'attendaient à ce que les migrants investissent le squat en nombre, ce qui n'a pas été le cas. "Ils craignent une évacuation de la police, c'est comme une épée de Damoclès", assure Séverine Mayer, du collectif Calais Ouverture et Humanité.

Mardi matin, le tribunal d'instance de Calais doit examiner la requête en référé du propriétaire des lieux qui réclame l'évacuation du site.

"On est dans l'attente, admet Séverine Mayer: on ne veut pas stocker des choses ici si on est expulsé demain, à chaque expulsion on prend tout notre matériel".

Les murs de la cour ont été surélevés avec des barrières métalliques, des traverses de chemin de fer et des têtes de lit à barreaux rouillées sont venues renforcer la clôture en grillage. "Ca retardera peut-être un peu la police", espère un militant.

Plus de 7.000 migrants ont été interpellés dans le port de Calais au cours du premier semestre, soit plus du double par rapport à la même période de 2013, selon la préfecture du Pas-de-Calais.

 

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