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Manifestations pro-Gaza : heurts à Sarcelles après les violences de Barbès

Des manifestants devant des barricades à la station de métro Barbès à Paris le 19 juillet 2014.[François Guillot / AFP]

Des heurts ont éclaté dimanche en marge d'un rassemblement pro-palestinien non autorisé à Sarcelles (Val-d'Oise), au lendemain des violences qui ont ravagé le quartier de Barbès à Paris, relançant la polémique sur la nécessité ou non d'interdire ces manifestations.

 

Jets de projectiles sur les forces de l'ordre, véhicules incendiés, quelques magasins pillés: Sarcelles, banlieue connue pour son multiculturalisme à quelques kilomètres au nord de Paris, a été le théâtre dimanche de nouvelles violences liées à l'actualité à Gaza.

Les premières dégradations ont immédiatement suivi un rassemblement de militants pro-palestiniens que la préfecture avait interdit. En fin d'après-midi, des casseurs s'en prenaient à une pharmacie, qui a pris feu, et ont saccagé plusieurs commerces alors qu'un hélicoptère de la police tournoyait dans le ciel.

Une épicerie casher, qui avait été visée par un attentat à la grenade en septembre 2012 par le groupe dit de "Cannes-Torcy", une cellule terroriste démantelée peu après, a entièrement brûlé. Les boutiques attenantes n'ont pas été endommagées.

Les forces de l'ordre ont tiré des cartouches de lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour tenter de disperser les casseurs. Selon une source policière, trois policiers ont été blessés.

Plusieurs dizaines de militants armés de matraques, appartenant notamment à la Ligue de défense juive (LDJ), un collectif de jeunes activistes radicaux, montaient la garde devant la synagogue de la ville, protégée par un cordon de CRS.

Dix-huit personnes ont été interpellées, selon le préfet du Val-d'Oise, Jean-Luc Nevache. "Une grande partie des jeunes n'était pas là pour manifester, ils étaient là pour casser. Ils étaient à la fois très mobiles, par petits groupes de 10-15, et très violents", a-t-il déclaré lors d'un point presse devant le commissariat de la ville.

 

Le calme semblait revenu dans la soirée.

La veille, dans le nord de Paris, des milliers de manifestants avaient déjà bravé l'interdiction des autorités, leur rassemblement dégénérant en affrontements pendant des heures avec les forces de l'ordre.

Dix-sept policiers et gendarmes avaient été blessés au cours des violences avec des groupes de jeunes gens et 19 personnes restaient en garde à vue dimanche.

Point commun entre les violences de Barbès et de Sarcelles: elles ont eu lieu à l'issue de manifestations interdites par les autorités qui craignaient des débordements alors que dans le même temps de nombreux défilés, autorisés, se sont tenus en province sans incident majeur.

 

- Le grand pataquès -

Dimanche matin, avant les troubles à Sarcelles, le Premier ministre Manuel Valls avait défendu la décision d'interdire le défilé de Barbès: "Ces débordements inacceptables (...) justifient d'autant plus le choix qui a été fait", a-t-il déclaré.

En écho, son ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a jugé que c'était "l'irresponsabilité de ceux qui ont bravé" l'interdiction qui avait "occasionné les débordements" à Paris, en rappelant les violences du 13 juillet aux abords de deux synagogues parisiennes.

Le ministre de l'Intérieur s'est par ailleurs rendu lundi matin à Sarcelles pour y dénoncer des "actes graves, intolérables" et des "violences antisémites".

Dans la foulée, le maire UMP de Saint-Quentin, Xavier Bertrand, a appelé les "Républicains" à "réagir" aux violences ayant émaillé les manifestations pro-palestiniennes à Paris et Sarcelles, se disant "prêt à soutenir le gouvernement".

 
 
 

Le gouvernement "a fait une forme de provocation" et n'a pas "su affirmer l'autorité de l’État", a critiqué Yves Jégo, candidat à la présidence de l'UDI. Des critiques sont venues aussi de la gauche. "L'interdiction est venue nourrir une certaine radicalité", a affirmé l'élu PS Razzy Hammadi, y voyant une "erreur" du gouvernement.

Interrogé par l'AFP, un haut responsable policier a défendu la stratégie des forces de l'ordre à Paris: "L'un des objectifs était d'éviter les affrontements communautaires et il n'y en a pas eu." "Si un juif avait été pris à partie, si un pro-palestinien avait été tabassé? Qu'est-ce qu'on nous aurait dit?", a demandé ce policier.

Les organisateurs de la manifestation de samedi ont appelé à un nouveau rassemblement le 26 juillet, critiquant les autorités qu'ils accusent d'avoir "délibérément" organisé "le grand pataquès" de Barbès.

Une autre manifestation parisienne est prévue mercredi soir, à l'initiative du "collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens", qui regroupe un panel plus large d'associations, de partis et de syndicats.

Près de 100 Palestiniens sont morts dimanche à Gaza, faisant de cette journée la plus sanglante depuis le début de l'offensive israélienne.

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