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La protection des synagogues, exercice complexe mobilisant divers acteurs

Des hommes devant la synagogue de Sarcelles le 21 juillet 2014 [Miguel Medina / AFP] Des hommes devant la synagogue de Sarcelles le 21 juillet 2014 [Miguel Medina / AFP]

Comment les synagogues, dont plusieurs ont été l'objet d'incidents ces derniers jours, sont-elles sécurisées ? La police opère en lien avec un service officiel de la communauté juive, tandis que des groupes de jeunes activistes plus controversés s'invitent parfois sur les lieux.

Sur fond de nouvelle offensive israélienne sur la bande de Gaza, sept synagogues d'Île-de-France ont été "agressées" en huit jours, a affirmé lundi sur France Info le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Roger Cukierman.

Dimanche, selon des sources policières dans le Val-d'Oise, celle de Sarcelles, protégée par un cordon de CRS et devant laquelle montaient la garde des militants de la Ligue de défense juive (LDJ), un collectif de jeunes activistes radicaux, n'a pas été atteinte par les violences. Une voiture a été incendiée devant celle de Garges-lès-Gonesse, mais les flammes n'ont pas touché le bâtiment, selon les mêmes sources.

"Hier, ç'a été un peu juste à Sarcelles et à Garges-lès-Gonesse avec trois compagnies de CRS, il en aurait peut-être fallu plus", a estimé Roger Cukierman, joint par l'AFP. Interrogé sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait estimé un peu plus tôt que "les forces de l'ordre ont maîtrisé la situation" et que "les synagogues ont été protégées", comme la semaine précédente à Paris, rues de la Roquette et des Tournelles.

Comment la sécurité des lieux de culte juifs - quelque 500 synagogues et oratoires sont liés au Consistoire israélite - est-elle concrètement assurée sur le terrain ? Les fidèles se sont habitués depuis des années à une présence policière, qui peut être renforcée localement en fonction des événements, comme c'est le cas depuis la tuerie au Musée juif de Bruxelles fin mai.

- 'En mode défense' -

Les institutions communautaires ont en outre leur propre organe de sécurité, qui travaille en lien constant et en bonne intelligence avec les forces de l'ordre : le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), créé en 1980, au lendemain de l'attentat de la rue Copernic à Paris. Encadrés par des professionnels, ces volontaires qui filtrent l'entrée des synagogues lors des offices, des jeunes pour l'essentiel, sont généralement très appréciés par les juifs pratiquants.

Mais d'autres groupes de jeunes sont intervenus récemment pour s'opposer à des manifestants propalestiniens, notamment à la Roquette : le Betar, proche de la droite israélienne, et, plus radicale encore, la LDJ, qui se défend de tout acte illégal bien qu'elle soit l'émanation en France de la Jewish Defense League, qualifiée de "groupe terroriste" par le FBI en 2001 et qui arbore l'emblème (un poing brandi dans une étoile de David noire sur fond jaune) d'un parti interdit en Israël.

Une source communautaire l'assure à l'AFP : la présence de ces groupuscules devant les synagogues n'est jamais requise par la communauté, ils s'y invitent spontanément. "Ils ne sont pas membres des organisations juives, et à mon avis sont très peu nombreux, sauf si l'évolution actuelle amène des jeunes à venir les renforcer", estime pour sa part Roger Cukierman.

"La communauté nous soutient totalement", prétend de son côté un responsable de la LDJ Paris sous couvert de l'anonymat. "On est là en mode défense, pour éviter les attaques contre les juifs, dans un climat très tendu", fait-il valoir.

Le think tank Avenir du judaïsme, qui ne cache pas ses critiques envers la direction du Consistoire, estime pour sa part que "les juifs n'ont pas besoin de gens porteurs d'une idéologie pour protéger les synagogues". Et il n'est pas sûr que les autorités pensent différemment. "Nous estimons que ce n'est pas le rôle de la LDJ d'assurer une mission d'autodéfense", confie une source sécuritaire.

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