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Interdire ou pas les manifestations pro-palestiniennes? casse-tête des autorités

Heurts entre manifestants et  policiers lors du rassemblement pro-palestinien le 19 juillet 2014 à Paris [Jacques Demarthon / AFP] Heurts entre manifestants et policiers lors du rassemblement pro-palestinien le 19 juillet 2014 à Paris [Jacques Demarthon / AFP]

Après les violences qui ont suivi les manifestations pro-palestiniennes interdites à Paris et Sarcelles, des policiers interrogés par l'AFP assurent que malgré les critiques, l'interdiction reste le meilleur moyen de limiter les débordements.

Les scènes de guérilla urbaine observées samedi à Barbès, dans le nord de Paris, puis dimanche à Sarcelles (Val d'Oise), auraient-elles pu être évitées si les deux rassemblements avaient été autorisés?

La question se pose. Quelques hommes politiques, aussi bien à l'UMP qu'au PS, ont critiqué ces interdictions, et le fait que d'autres rassemblements pro-palestiniens autorisés dans d'autres villes en France se soient déroulés sans incident alimente le débat sur leur pertinence.

"Mais en fait, il faut se poser la question à l'envers, explique un haut responsable policier, que se serait-il passé si ces manifestations avaient été autorisées? Les mêmes casseurs seraient venus, noyés dans une foule pacifiste. Et pour interpeller ou même protéger les gens, le travail des policiers aurait été bien plus compliqué, voire impossible", assure-t-il.

Pour l'instant, deux manifestations pro-palestiniennes sont prévues cette semaine, mercredi et samedi, à Paris, et d'autres à Lyon, Lille, Toulouse ou encore Dijon. Les organisateurs de celle de samedi dans la capitale sont les mêmes que ceux du rassemblement interdit de Barbès.

Selon l'entourage du Premier ministre Manuel Valls, "il n'y a pas d'interdiction" généralisée et chaque manifestation est étudiée "au cas par cas".

La ligne de fermeté affichée par l'Intérieur depuis quelques jours semble inchangée, selon une source Place Beauvau, ce qui n'empêchera pas la tenue de certaines manifestations. Par exemple, celle prévue mercredi dans la capitale "devrait avoir lieu", a assuré une source proche du dossier.

"On ne comprendrait pas que ces manifestations (à Paris, ndlr) ne soient pas interdites de nouveau. Rien ne laisse penser que l'état d'esprit pourrait changer d'ici-là", prévient toutefois Jean-Marc Bailleul, secrétaire général du SCSI, premier syndicat d'officiers de police.

- 'Pas de juifs ou de musulmans tabassés' -

Les décisions d'interdiction sont "à chaque fois motivées par de réelles raisons de troubles, ce ne sont pas des décisions prises au doigt mouillé", explique ce haut fonctionnaire.

Par exemple, pour la manifestation interdite samedi à Barbès, les services de renseignement de la préfecture de police de Paris (PP) avaient prévu plus de 10.000 personnes en cas d'autorisation, une masse bien plus difficile à gérer pour les policiers.

C'est également le point de vue d'une source dans l'entourage de Manuel Valls, qui justifie aussi le cantonnement des manifestants: "même si cela reste difficile, c'est quand même plus facile d'assurer l'ordre dans un espace délimité que sur un dispositif mouvant qui passe par des endroits sensibles".

Les éléments recueillis par les services de renseignement "sont essentiels à la prise de décision pour les interdictions", explique le haut responsable policier, pour qui "il ne s'agit pas d'interdire une expression politique quelle qu'elle soit, mais bien d'éviter des troubles qui, quoi qu'on en dise, auraient été bien plus importants en cas de non-interdiction".

"La différence avec les politiques, c'est que nous, nous savons qui va se rendre à ces rassemblements, via les services de renseignements, explique Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie officiers, 2e syndicat d'officiers de police. Et quand on sait que ce sont des casseurs, des radicaux violents qui vont venir, il est évident qu'il faut l'interdire, c'est du bon sens".

Surtout, l'une des priorités des autorités policières était d'éviter tout affrontement inter-communautaire, après les dérapages d'une première manifestation pro-palestinienne le 13 juillet, où des heurts avaient eu lieu devant deux synagogues parisiennes.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a dénoncé lundi des "actes antisémites" à l'issue de la manifestation de Sarcelles, évoquant une épicerie juive incendiée et une tentative d'approche d'une synagogue.

"Mais grâce à l'encadrement policier, au final, il n'y a pas eu d'attaque de synagogue ou de juifs ou de musulmans tabassés. Ce n'est pas rien vu le contexte", résume le haut fonctionnaire policier.

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