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France et Allemagne ne veulent plus des demandeurs d'asile albanais et serbes

Les ministres de l'Intérieur allemand, serbe et français, Thomas de Maizière, Saimir Tahiri et Bernard Cazeneuve, le 15 juillet 2014 à Tirana [Gent Shkullaku / AFP] Les ministres de l'Intérieur allemand, serbe et français, Thomas de Maizière, Saimir Tahiri et Bernard Cazeneuve, le 15 juillet 2014 à Tirana [Gent Shkullaku / AFP]

"Ne venez pas chez nous !": tel est le message adressé par l'Allemagne et la France aux demandeurs d'asile serbes et albanais dont les gouvernements frappent aux portes de l'Europe et peinent à juguler émigration ou trafics d'armes chez eux.

Mardi, au palais du gouvernement de Serbie à Belgrade : A la tribune, le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, n'y va pas par quatre chemins. Les demandes de visas de ressortissants serbes, explique-t-il, "ont explosé" en Allemagne, "vingt fois plus qu'avant".

"N'essayez pas de venir en Allemagne, vous n'avez aucune chance !", avertit le ministre allemand.

A son côté, le Premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, reste de marbre. Il vient de donner des gages de confiance à M. de Maizière qui, en compagnie de son homologue français Bernard Cazeneuve, effectue depuis lundi une visite de deux jours en Serbie puis en Albanie, dans le cadre de la future adhésion des deux pays des Balkans à l'Union européenne.

Les deux ministres viennent parler précisément justice, police, immigration, au titre des obligations à cette entrée dans l'UE ardemment désirée par les Serbes et les Albanais, selon leurs gouvernements.

Pas simple. En France, les demandes de visas d'Albanais ont aussi explosé, passant, selon l'Intérieur français, de 507 en 2011 à 5.066 en 2013. Selon la France, la crise économique en Grèce a fait fuir les Albanais qui s'y trouvaient et qui se tournent désormais vers d'autres contrées d'Europe.

- Des kalachnikovs en banlieue -

M. Cazeneuve, en termes plus diplomatiques, a d'ailleurs, devant les Albanais à Tirana, adressé peu après le même message que son homologue allemand. Il est illusoire de "fonder de faux espoirs quant à l'obtention massive de visas" français, a-t-il dit, fustigeant "ceux qui le promettent".

Les deux ministres ont donc adressé un message de fermeté aux deux aspirants à l'UE sur ce sujet précis, mais aussi promis leur aide et leur "partenariat", en créant des groupes de travail.

Cela vaut aussi pour ce qui concerne les autres sujets qui fâchent parfois dans l'UE: filières de "traites d'êtres humains" et de drogue "qui passent par les Balkans", selon M. De Maizière, trafics d'armes qui ont des répercussions en Europe, criminalité organisée.

La France est en première ligne de ces trafics d'armes lourdes dont se servent ses braqueurs et qui circulent également dans les banlieues chaudes.

Révélateur, selon eux, du phénomène, les policiers et magistrats français en poste en Serbie à titre d'observateurs ont ainsi constaté récemment "in vivo" la remise de kalachnikovs par un Serbe de Bosnie à des jeunes de la banlieue parisienne.

C'est dire le chemin à parcourir pour les Serbes et les Albanais sur le chemin de l'Europe. Mais les deux ministres de l'Intérieur ont nié vouloir taper du poing sur la table et s'ingérer dans les affaires internes des deux pays.

"Il faut nous comprendre et progresser, agir ensemble", a au contraire martelé M. Cazeneuve. "Nous sommes partenaires, l'Europe n'est pas le problème mais la solution" aux problèmes que rencontrent les pays des Balkans, selon lui.

"Ils sont demandeurs de méthodes et d'expertises", selon le ministère français de l'Intérieur, qui se félicite à cet égard du poids "volontaire" de "l'axe franco-allemand" affirmé lors de cette visite express.

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