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La route plus meurtrière

La mortalité routière ne connaît pas le répit espéré.[Philippe Huguen / AFP/Archives]

Les nuages s’amoncellent. En milieu de semaine, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé une hausse de la mortalité sur les routes en juin.

 

Sur le réseau français, 304 personnes ont perdu la vie, soit 3,8 % de plus que sur la même période (293) l’an dernier. Une augmentation qui n’est pas gigantesque, mais qui s’inscrit dans la durée. Alors que le début d’année avait été clément en la matière, le mois de mars a connu un bond de 28 % de la mortalité routière. Une hausse confirmée ensuite en avril (+8 %) et en mai (+15,2 %).

Au total, le premier semestre 2013 est passé au rouge avec 1 529 décès, soit 112 de plus (+7,9 %) que l’an passé. Pour le gouvernement, il s’agit d’un coup d’arrêt. Tandis que 2013 avait permis d’établir un plancher historique (3 250 per­sonnes tuées, plus bas niveau depuis 1948, année des premières statistiques), son objectif reste inchangé : passer sous la barre des 2 000 victimes d’ici à 2020.

Mais les derniers chiffres montrent que de nombreuses choses restent à améliorer pour passer ce cap. 

Une conduite loin d’être parfaite

Premier levier mis en cause, la prévention. Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière (LCVR), regrette que les campagnes nationales de sensibilisation se fassent de plus en plus rares. Il y a donc peu de messages, mais aussi peu de décisions récentes. «La dernière annonce forte date de mars 2013, avec l’entrée en fonction des radars mobiles de nouvelle génération», critique-t-elle. Une autre initiative phare, la baisse envisagée de la vitesse autorisée sur le réseau secondaire à 80 km/h au lieu de 90, a fait l’actualité dernièrement. Mais elle est taxée de «nano-mesure», car expérimentée uniquement sur les segments les plus accidentogènes du pays. Pour la présidente de la LCVR, enfin, si la peur du gendarme – et des radars – n’a pas atteint ses limites, elle pourrait être remplacée par un système plus efficace : la généralisation du limitateur s’adaptant à la  vitesse autorisée (Lavia).

Mais pour d’autres, l’Etat se trompe de cible en se focalisant sur la vitesse. Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d’automobilistes, signale ainsi que l’alcool est présent dans un accident mortel sur trois, et la drogue dans un sur cinq. Et si pour le premier, la surveillance existe tant bien que mal, elle reste quasi nulle pour la seconde. Il insiste aussi sur le comportement au volant. Les tests sur simulateurs proposés par l’association aux automobilistes montrent que la moitié d’entre eux ne savent pas correctement freiner, notamment avec l’ABS, qu’un tiers se trompe dans le pédalier, et que l’écrasante majorité passe les intersections sans être prêt à freiner. 

Autant de défauts que «la pédagogie, plutôt que la culpabilisation, pourrait corriger». Les autorités, elles, en appellent à la prudence avant le week-end prolongé qui arrive. Trois jours durant lesquels 15 000 policiers et gendarmes surveilleront les conducteurs.

 

 

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