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UMP: règlements de compte en famille sur fond de dette abyssale

L'ex-président de l'UMP Jean-François Copé à Aulnay-sous-Bois, près de Paris le 27 mai 2014 [Eric Feferberg / AFP] L'ex-président de l'UMP Jean-François Copé à Aulnay-sous-Bois, près de Paris le 27 mai 2014 [Eric Feferberg / AFP]

Billets d'avions, abonnements téléphoniques, salaires et emplois controversés... L'heure est au grand déballage à l'UMP, lestée d'une dette abyssale, au point de pousser l'ex-président Jean-François Copé à rompre son voeu de silence médiatique pour dénoncer "des règlements de comptes personnels".

Mardi soir, le bureau politique a rendu public le montant exact de la dette qui plombe le parti: 74,5 millions d'euros. Une situation très critique pour l'UMP qui devra réduire la voilure pour pouvoir tenir jusqu'à 2017 et répondre à "des exigences fortes" pour continuer à fonctionner, selon Alain Juppé.

Mais l'audit financier s'est surtout accompagné d'une série de fuites dans la presse et d'accusations sur le train de vie de l'UMP, essentiellement depuis 2010 et l'arrivée de Jean-François Copé aux manettes.

Les accusations sur les billets d'avion de Nadia Copé, qui accompagnait très souvent son mari en déplacement, ou celles sur les abonnements téléphoniques de l'ancienne ministre Rachida Dati, parues dans le Canard Enchaîné mercredi, ont fait sortir Jean-François Copé du silence auquel il s'était astreint depuis mi-juin.

Dans Facebook, il a dénoncé "vengeances", "rancoeurs personnelles" et "règlements de compte personnels qui rendent l'UMP inaudible". Poussé vers la sortie mi-juin en raison de l'affaire Bygmalion, il n'avait pas pris la parole publiquement depuis.

Nadia et Jean-François Copé lors de la "fête de la violette" à La Ferte-Imbault dans le centre de la France, le 6 juillet 2013 [Alain Jocard / AFP/Archives]
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Nadia et Jean-François Copé lors de la "fête de la violette" à La Ferte-Imbault dans le centre de la France, le 6 juillet 2013

Quelques heures plus tard, Mediapart révélait que Nadia Copé, psychologue pour enfants de formation, était rémunérée sur l'enveloppe des collaborateurs de l'Assemblée dont dispose son mari. L'entourage de l'ancien président a confirmé et précisé qu'elle jouait un rôle de "conseil" tant à Meaux qu'à Paris.

Fidèles parmi les fidèles de l'ancien patron de l'UMP, la députée Michèle Tabarot a dénoncé "un niveau de haine rarement atteint touchant notamment Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy".

Accusés par les "copéistes" de distiller les révélations et d'être dans une "logique de destruction", notamment pour empêcher le retour de Nicolas Sarkozy, les "fillonistes" réfutent en bloc.

- Audit du groupe UMP -

Le député Eric Ciotti a même appelé mercredi Jean-François Copé à "un peu de décence" car il "porte une très lourde responsabilité dans cette situation" du fait de l'affaire Bygmalion. Et de poursuivre d'un cinglant: "Aujourd'hui, je pense que le silence serait à tout le moins bienvenu".

Luc Chatel, secrétaire général intérimaire de l'UMP et agacé depuis plusieurs jours par ce grand déballage selon un cadre du parti, a qualifié d'"insupportables" les "boules puantes" distillées dans la presse par ceux qui veulent "déstabiliser l'UMP".

François Fillon (d) et Alain Juppé au siège de l'UMP à Paris, le 17 juin 2014  [Fred Dufour / AFP/Archives]
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François Fillon (d) et Alain Juppé au siège de l'UMP à Paris, le 17 juin 2014

"Ca suffit", a tonné Xavier Bertrand, qui a démenti en début de semaine s'être fait payer un réveillon familial à Center Parcs par l'UMP.

Pointée du doigt par Le Canard Enchaîné, notamment au sujet de 10.000 euros de factures téléphoniques et d'une collaboratrice payée par l'UMP à hauteur de 7.000 euros mensuels, l'ancienne ministre Rachida Dati a démenti et dénoncé dans des tweets et des SMS à l'AFP des "voyous" et des "délateurs qui +balancent+ de manière calomnieuse des mensonges pour salir et détruire".

"Ce n’est pas de ma faute, ni celle de quiconque, si @FrancoisFillon a accepté d’être humilié pendant 5 ans par Nicolas Sarkozy!", a-t-elle aussi tweeté.

Candidat à la présidence de l'UMP au prochain congrès, Bruno Le Maire s'est dit lui "stupéfait et inquiet de voir les déchirements" de sa famille politique" lors de l'émission Question d'Info, AFP/LCP/Le Monde/France Info mercredi.

De son côté, le député Lionel Tardy a réclamé la publication de la liste de tous les collaborateurs de l'UMP pour "éviter les emplois de complaisance". Mais la tourmente semble loin d'être terminée.

Le groupe des députés UMP, pris dans l'affaire Bygmalion avec un prêt de 3 millions d'euros consenti au parti, et qui va se doter de nouvelles règles de fonctionnement, devrait lui aussi faire l'objet d'une démarche d'audit.

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