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Sarkozy a fait un pas de plus vers un retour en politique

Une femme regarde Nicolas Sarkozy lors de son intervention télévisée pré-enregistrée, le 2 juillet 2014 à Paris [Denis Charlet / AFP] Une femme regarde Nicolas Sarkozy lors de son intervention télévisée pré-enregistrée, le 2 juillet 2014 à Paris [Denis Charlet / AFP]

Nicolas Sarkozy a fait un pas de plus vers un retour en politique dans les tout prochains mois en menant une violente contre-attaque contre la justice, relayée jeudi par ses partisans les plus fervents, sans que le reste de la droite embraye.

 

Intervenant mercredi lors d'un 20H00 audiovisuel pour la première fois depuis son échec de 2012, l'ancien chef de l'Etat a lâché une petite phrase lourde de sens.

Dénonçant "l'instrumentalisation politique d'une partie de la justice", après les "chefs d'accusation grotesques" portés contre lui, M. Sarkozy a lâché: "est-il normal qu'on poursuive les écoutes sur l'ancien chef de l'Etat qui pourra demain avoir des responsabilités politiques ?".

Certes, il a donné rendez-vous "à la fin du mois d'août ou début septembre" pour une décision définitive. Mais sa détermination semble déjà totale à tenter de revenir, à l'instar d'un Silvio Berlusconi cerné par la justice mais plusieurs fois réélu.

L'ancien président Nicolas Sarkozy, mis en examen dans la nuit pour corruption active, photographié à la sortie de son domicile le 2 juillet 2014 à Paris [Jacques Demarthon / AFP]
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L'ancien président Nicolas Sarkozy, mis en examen dans la nuit pour corruption active, photographié à la sortie de son domicile le 2 juillet 2014 à Paris

"Il est clair que le devoir appelle Nicolas Sarkozy" et "les circonstances politiques sont réunies", a lancé jeudi un des plus fidèles soldats de la sarkozie, Geoffroy Didier, citant un président à l'autorité défiée, une extrême droite qui se présente comme la première force politique du pays, une opposition impuissante.

Evidemment, c'est l'Elysée que le vainqueur de 2007 et le vaincu de 2012 a dans son viseur. Mais il lui faut d'abord reprendre la tête de l'UMP, jamais remise de sa guerre interne Copé-Fillon et aujourd'hui chamboulée par l'affaire Bygmalion. Celle-ci est considérée par certains comme la plus périlleuse pour M. Sarkozy puisqu'elle concernerait en réalité ses comptes de campagne.

- 65% des Français contre un retour-

 

Si l'on en croit un sondage CSA pour BFM TV, la reconquête du parti devrait être aisée: 72% des sympathisants UMP veulent le retour de l'ex-chef de l'Etat.

Mais, 30% de ses électeurs de premier tour en 2012 ne veulent plus de lui. Et surtout, 65% de l'ensemble des Français lui disent non. Un autre sondage BVA, publié dans le Parisien, montre que 63% des personnes interrogées estiment qu'il est "traité comme un justiciable comme les autres" et n'est pas victime d'un complot.

M. Sarkozy trouvera aussi sur sa route ceux de son parti qui ne veulent pas entendre parler de son retour, notamment son ancien Premier ministre François Fillon, qui n'y a jamais cru "à cause des affaires", et a poussé les feux en présentant dès la semaine dernière un programme économique de "vraie rupture".

"Si Sarkozy revient, on a perdu en 2017", résume un proche de François Fillon.

De plus, ses nouveaux démêlés avec la justice ne font que commencer. Sa triple mise en examen, consécutive aux écoutes dont il a fait l'objet, est très lourde: violation du secret de l'instruction, corruption et trafic d'influence actifs. Ces deux derniers chefs sont passibles de peines pouvant aller jusqu'à dix ans de prison et d'inéligibilité.

La suite de l'enquête risque de donner lieu à d'âpres batailles de procédure: M. Sarkozy n'a pas exclu un recours pour demander l'annulation de sa mise en examen.

- Impartialité de la juge mise en cause -

 

L'ancien président a aussi mis en cause de manière virulente l'impartialité d'une des deux juges d'instruction, membre du syndicat de la magistrature, organisation qui avait appelé à voter contre lui.

Henri Guaino, qui fut conseiller spécial de tout son quinquennat, a demandé carrément que les magistrats ne puissent plus être syndiqués. Même requête de la très sarkozyste eurodéputée Nadine Morano.

Cette offensive a suscité la sortie du bois d'une des plus éminentes magistrates, la présidente du Tribunal de grande instance de Paris, patronne des deux juges qui ont prononcé les mises en examen: "l'indépendance juridictionnelle des juges est une condition essentielle de la démocratie", a rappelé Chantal Arens, dans une rare prise de position publique.

Même ligne de défense à gauche: Claude Bartolone, président PS de l’Assemblée nationale, a accusé l'ex-chef de l'Etat de "malmener" la République, Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, a mis l'accent sur "la violence des attaques" de M. Sarkozy qui '"ne nous surprend pas".

Numéro un du PS, Jean-Christophe Cambadélis a lancé: "Nicolas Sarkozy a voulu prononcer un +j'accuse+, il a surtout prononcé un j'abuse".

 

 

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