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A Verdun, ils rejouent 14-18 pour célébrer la paix

Des acteurs lors de le reconstitution de la bataille de Verdun, le 27 juin 2014 à Haudainville [Jean-Christophe Verhaegen / AFP] Des acteurs lors de le reconstitution de la bataille de Verdun, le 27 juin 2014 à Haudainville [Jean-Christophe Verhaegen / AFP]

"En avant les gars!": chaque été depuis 18 ans, le tonnerre de la Grande Guerre résonne de nouveau à Verdun (Meuse). Mais sous la forme d'un grand spectacle son et lumière, en forme d'hymne à la paix.

Planté dans le cadre lunaire d'anciennes carrières de calcaire aux abords de Verdun, à quelques kilomètres de l'ancien champ de bataille, le décor éclairé à la nuit tombée a quelque chose d'un western spaghetti, avec ses façades de maisons poussiéreuses, son calvaire isolé et sa vieille fontaine.

A travers 70 tableaux courts et 250 acteurs costumés - tous bénévoles - le spectacle "Des flammes... à la lumière" retrace des épisodes évocateurs avant, pendant et après la Grande Guerre, en mettant l'accent sur les 300 jours de la bataille de Verdun en 1916, l'une des plus emblématiques du conflit.

Bénévoles comme spectateurs, chacun ou presque a un lien intime avec cette bataille, qui a dévasté la région et fait plus de 700.000 morts, disparus ou blessés.

Des acteurs lors de le reconstitution de la bataille de Verdun, le 27 juin 2014 à Haudainville [Jean-Christophe Verhaegen / AFP]
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Des acteurs lors de le reconstitution de la bataille de Verdun, le 27 juin 2014 à Haudainville

"Les frères de mon père ont combattu à Verdun. C'est notre histoire ici en Meuse, c'est pour ça que ça me parle, que c'est prenant", raconte Yves Lelorrain, un agriculteur retraité jouant le médecin d'une infirmerie de campagne débordée par l'afflux de soldats blessés.

Paulette Labatut, une spectatrice de 85 ans, est venue de Périgueux avec une amie pour se recueillir à la mémoire de son père, qui était artilleur de canons de 75 à Verdun, et tenter de s'associer à ses souffrances. "Il ne pouvait pas parler de cette horreur. Il ne me parlait que des bons côtés, comme la fraternité entre soldats" raconte-t-elle.

- 'Pour les Allemands, c'est compliqué' -

Soucieux d'éviter "un point de vue franco-français" sur le premier conflit mondial, le spectacle présente des "regards croisés français et allemands, de combattants comme de civils", souligne Jean-Luc Demandre, le metteur en scène et président-fondateur de Connaissance de la Meuse, l'association organisatrice de l'événement.

L'association espère aussi augmenter la part des spectateurs étrangers, qui reste faible (5% en 2013), malgré des traductions simultanées du texte proposées en allemand, anglais et néerlandais.

Elle cherche aussi à attirer davantage de bénévoles allemands, qui ne sont qu'une douzaine pour l'instant cette saison.

"On veut leur dire qu'ils ne sont pas diabolisés et montrés du doigt, qu'ils sont les bienvenus", insiste M. Demandre.

Des acteurs lors de le reconstitution de la bataille de Verdun, le 27 juin 2014 à Haudainville [Jena-Christophe Verhaegen / AFP]
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Des acteurs lors de le reconstitution de la bataille de Verdun, le 27 juin 2014 à Haudainville

"C'est vrai que pour les Allemands c'est compliqué, ils sont un peu prudents" parce que 14-18 les renvoie à la suite d'une Histoire encore plus traumatisante: le nazisme et la Seconde Guerre mondiale, explique-t-il.

Cette année Dirk Martini, un travailleur social de 35 ans de Trèves (ouest de l'Allemagne), joue pour la première fois dans le spectacle avec sa femme Kathrin et son beau-père.

"J'ai appris l'existence du spectacle dans le journal local de ma ville et j'ai vu qu'ils cherchaient des figurants allemands, alors j'ai décidé d'y participer" raconte M. Martini, passionné par la guerre de 14-18.

"C'est génial de pouvoir contribuer de la sorte à l'amitié franco-allemande et à la paix", estime-t-il avant d'endosser son uniforme de soldat du Kaiser. Comme l'un de ses arrière-grands-pères, qui s'est battu au corps-à-corps avec les Français à Verdun, à la baïonnette. "D'après mes parents il en avait gardé un souvenir effroyable", confie M. Martini.

"Des flammes... à la lumière" a lieu les vendredi et samedi soir, depuis le 20 juin jusqu'au 26 juillet. Depuis sa création en 1996, 378.000 personnes y ont déjà assisté.

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