En direct
A suivre

Professeur au collège, c'est être seul et peu formé pendant sa carrière

"Les enseignants français sont un peu livrés à eux-mêmes" au collège, selon l'OCDE [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives] "Les enseignants français sont un peu livrés à eux-mêmes" au collège, selon l'OCDE [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives]

Isolés du reste de leur équipe, peu formés au cours de leur carrière. "Les enseignants français sont un peu livrés à eux-mêmes" au collège, selon l'OCDE qui, dans une enquête publiée mercredi, pointe les faiblesses du système français.

Un des constats de cette étude de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), à laquelle participe pour la première fois la France, est l'isolement des enseignants français: ils sont huit sur dix à ne jamais observer les cours de leurs collègues pour s'en inspirer, contre moins de cinq sur dix, en moyenne, dans l'ensemble des pays étudiés.

Plus de 100.000 enseignants et chefs d'établissements du premier cycle de l'enseignement secondaire (élèves âgés de 11 à 16 ans) de 34 pays ont participé à la dernière étude internationale sur l'enseignement et l'apprentissage (Talis), dont un échantillon représentatif de 3.002 Français exerçant dans 204 collèges.

Une large majorité des enseignants français verraient d'un bon œil un retour sur leur travail. Or, seule la visite d'un inspecteur tient lieu d'évaluation dans 70% des cas.

"C'est la neuvième année que j'enseigne et je n'ai pas encore vu d'inspecteur", confie à l'AFP Xavier, 32 ans, professeur d'EPS en région parisienne, reconnaissant qu'un enseignant peut être "complètement à côté de la plaque" et "ne pas le savoir".

Pour faire évoluer ses cours, Xavier a fait le choix de travailler avec d'autres enseignants, avec une limite: "Tout dépend de la dynamique de l'équipe, si les collègues ont le temps ou pas". "Mais de toutes façons, rien ni personne ne nous oblige à le faire", souligne-t-il un brin désabusé.

- "Insuffler l'envie" -

Outre une absence d'évaluation, l'OCDE relève que peu d'enseignants français (76% contre 88% en moyenne) suivent des formations continues, faute de temps ou d'incitation à le faire.

"C'est le rôle du chef d'établissement d'insuffler l'envie de se former chez les professeurs et de les pousser à partager leurs expériences", estime Marie-Hélène, 48 ans, enseignante de français dans un collège du Val-d'Oise.

Si le gouvernement a remis sur pied la formation initiale des enseignants avec les Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation, des progrès sont encore réclamés par les syndicats sur la formation continue.

Or, selon Eric Charbonnier, expert de l'OCDE, les Etats considérés performants d'après la dernière enquête Pisa réalisée par ce club des pays riches "ont tous mis la formation des enseignants au cœur de leur réforme".

Du coup, "quatre enseignants sur dix en France sont peu préparés pour appliquer les méthodes de pédagogie" en classe, précise l'OCDE. A tel point que moins d'un tiers des enseignants français varient les exercices en fonction du niveau des élèves dans une classe, par exemple pour aider ceux qui ont des difficultés.

Dans ces conditions, "on ne peut pas faire de la pédagogie différenciée", reconnaît Marie-Hélène, qui enseigne dans des classes très hétérogènes.

Malgré l'absence de suivi et cet isolement, les enseignants se disent satisfaits de leur métier (86%), mais seulement 5% pensent que leur profession est "valorisée dans la société". Par comparaison, en Finlande, aux Pays-Bas, à Singapour ou au Canada entre 40% et 68% des enseignants estiment que la société valorise leur profession.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités