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Un adolescent rom lynché, dans un état critique

Le jeune Rom, âgé de 16 ans et vivant dans un bidonville de la commune, a été retrouvé vendredi vers 23H30, inconscient, dans un chariot de supermarché abandonné sur la nationale  [Thomas Samson / AFP/Archives] Le jeune Rom, âgé de 16 ans et vivant dans un bidonville de la commune, a été retrouvé vendredi vers 23H30, inconscient, dans un chariot de supermarché abandonné sur la nationale [Thomas Samson / AFP/Archives]

Un adolescent rom se trouvait entre la vie et la mort lundi soir après avoir été roué de coups par une douzaine de personnes qui le soupçonnaient de cambriolage dans une cité sensible de Seine-Saint-Denis.

Le jeune de 16 ans, vivant dans un bidonville de Pierrefitte-sur-Seine, a été retrouvé vendredi vers 23H30, inconscient, dans un chariot de supermarché abandonné sur la Nationale 1, près de la Cité des Poètes, selon une source policière.

D'après les premiers éléments de l'enquête, il aurait été roué de coups par des personnes qui le soupçonnaient d'avoir cambriolé quelques heures plus tôt l'appartement d'une habitante de cette cité.

"Un groupe de plusieurs personnes est venu le chercher dans le campement et l'a emmené de force", a raconté une autre source policière.

L'adolescent aurait alors été séquestré dans une cave, où ses agresseurs l'auraient violemment frappé. Selon une source proche de l'affaire, "une douzaine de personnes" auraient participé à ce lynchage. C'est la mère de l'adolescent qui a prévenu la police pour signaler l'enlèvement de son fils.

Grièvement blessé, il a été transporté à l'hôpital Lariboisière à Paris, où il se trouvait toujours dans un état critique lundi. "Son pronostic vital est engagé. Il est dans le coma", a précisé une source judiciaire.

D'après cette source, le jeune homme était connu pour des faits de vol. Il avait été interpellé à plusieurs reprises depuis début juin, a précisé le maire de Pierrefitte-sur-Seine Michel Fourcade.

- Aucune interpellation -

Selon l'élu socialiste, plusieurs voitures ont eu leurs vitres cassées et ont été cambriolées ces dernières semaines dans la Cité des Poètes, suscitant la rancœur des habitants envers les tziganes du campement qu'ils accusaient d'être les auteurs de ces vols.

Toujours d'après le maire, il n'y a pas eu de tensions ce week-end dans la ville après le drame. La police judiciaire de Seine-Saint-Denis est chargée de l'enquête. Personne n'avait été interpellé lundi soir.

S'il arrive de temps à autre que des victimes de vols ripostent avec violence, les représailles envers des mineurs sont plus rares et sévèrement réprimées par la justice.

En mars à Toulouse, un couple qui s'était fait justice en séquestrant et en brutalisant pendant plusieurs heures un voleur présumé de 14 ans, à coups de poings et de cutter, a été condamné à trois ans de prison.

Toujours à Toulouse en 2012, le Défenseur des droits s'était "autosaisi" des violences infligées par un responsable de magasin et un de ses amis sur un adolescent de 15 ans qui avait volé une barre chocolatée.

Les violences contre les Roms sont, selon les associations de défense de ces minorités, en augmentation.

"Il y a des paroles et des actes racistes contre les Roms qui se déploient avec de plus en plus de permissivité", a réagi auprès de l'AFP le président du mouvement antiraciste européen EGAM Benjamin Abtan. "On attend un changement radical de discours et une dénonciation extrêmement claire des violences qui les concernent".

Pour SOS Racisme, "ce grave passage à l'acte renvoie à la dégradation alarmante de l'image des citoyens roms ou supposés roms dans notre société et au résultat manifeste des tensions nauséabondes dans lesquelles sont plongés nos concitoyens".

En octobre 2012 à Marseille, des Roms avaient été chassés de leur campement sous la pression d'habitants hostiles qui avaient brûlé les résidus du camp. En mai 2013, des familles tziganes avaient été agressées sur une aire d'accueil, à Hellemmes (Nord).

A Paris, la justice a relaxé en mai un homme soupçonné d'avoir jeté un produit corrosif sur le matelas que des Roms avaient installé près de son domicile.

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