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La semaine de Philippe Labro : les guerriers de l’info, le soldat de l’humour

Phillippe Labro.[THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre. 

 

SAMEDI 19 AVRIL 

En plein week-end pascal, on apprend que les quatre journalistes français retenus en otage en Syrie, depuis presque un an (juin 2013), sont «libres». Formidable nouvelle. Je ne connais aucune salle de rédaction, aucun confrère, aucune consœur, qui ne se soit réjoui de cette délivrance.

Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres, dès leur arrivée à Villacoublay, et, depuis, (radio, télévision et presse), auront témoigné d’une grande lucidité, beaucoup de calme autant que d’émotion, et une certaine retenue dans leurs propos.

J’admire la façon plutôt elliptique, et cependant si concrète, avec laquelle ces journalistes ont raconté leur détention. Pour dire familièrement les choses, ils en ont pris «plein la gueule» – pas tout le temps, mais enfin, «les conditions très éprouvantes de captivité» dont parlait le premier communiqué officiel du 19 avril, ont été vécues avec courage et dignité par des hommes qui connaissaient les risques qu’ils couraient en partant «couvrir» la Syrie.

Reporter, quelle formule, quelle passion ! Quand on utilise le mot «métier», c’est par pudeur. Il vaut mieux parler de vocation. Car aller vivre la guerre pour ensuite la rapporter (to report – en anglais – d’où vient le mot reporter) exige une forte dose d’audace, le goût de la vérité, autant que l’attraction du danger, et la certitude que c’est grâce à ce travail que le citoyen moyen peut comprendre la réalité de notre époque, et d’un siècle, ni meilleur, ni pire que les précédents.

C’est toujours la même histoire : le spectacle continu de l’absurdité des hommes, l’injustice, la peur, la faim, la mort. N’oublions pas, en effet, qu’après cette heureuse libération de quatre confrères, quelques jours plus tard, un otage moins «médiatisé» a été déclaré mort par les jihadistes du Mali. Il s’appelait Gilberto Rodrigues Leal.

 

DIMANCHE 20 ET LUNDI 21 AVRIL

Le reste de ce week-end, combiné avec des vacances scolaires, avait littéralement vidé les villes. J’ai eu un pressentiment : je voyais déjà venir d’autres rues désertées, routes pleines, autocars de tourisme, transhumances de toutes sortes, pour ce fatidique mois de mai qui, avec la pernicieuse agrégation des «ponts» (1er mai – fête de la Victoire de 1945 – Ascension), va bientôt proposer seulement deux semaines de cinq jours de travail réel. Maladie nationale ? Coutume indestructible ? Faut-il s’en plaindre ou s’en réjouir ? C’est comme ça. C’est la France.

 

JEUDI 24 AVRIL

Cinéma. C’est le deuxième meilleur démarrage de l’année. Voici que, soudain, après une série de films un peu moins appréciés, et donc une sorte de purgatoire (même s’il n’a jamais cessé de tourner), Christian Clavier revient à la tête du box-office.

Sa voix si particulière, sa souplesse, son sens de la réplique. Pour toutes sortes de circonstances, l’étoile de cet acteur au potentiel comique indéniable avait légèrement pâli. Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, mis en scène par Philippe de Chauveron, dépasse 1,5 million de spectateurs en à peine huit jours.

Il confirme que le jeune débutant inconnu de la troupe du Splendid (années 1970 !) a conservé tout son talent. Et l’a maturé. Il est vrai que le film est bien construit (scénario – dialogues), et les autres protagonistes sont aussi responsables de cette réussite. Un film qui «marche», c’est un succès collectif. Il n’empêche : le grand Clavier est de retour – avec Chantal Lauby, autre survivante d’années de disette. Les vrais comédiens ne s’arrêtent jamais. 

 

 

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