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Déficits, croissance: le gouvernement anonce la couleur jusqu'en 2017

Le ministre des Finances Michel Sapin lors des questions au gouvernement le 16 avril 2014 à l'Assemblée nationale à Paris  [Jacques Demarthon / AFP] Le ministre des Finances Michel Sapin lors des questions au gouvernement le 16 avril 2014 à l'Assemblée nationale à Paris [Jacques Demarthon / AFP]

Le gouvernement français doit livrer mercredi ses prévisions budgétaires pour les trois prochaines années, soit jusqu'à la fin du quinquennat, sur fond d'âpre débat sur la baisse des dépenses publiques.

C'est à la commission des finances de l'Assemblée nationale que sera livré le "programme de stabilité", un exercice de prévisions pluriannuel auquel se soumettent depuis l'an dernier tous les Etats membres de la zone euro.

Les députés recevront d'abord Didier Migaud, président du Haut conseil des finances publiques, organisme indépendant qui évalue la crédibilité des hypothèses gouvernementales, puis le ministre des Finances Michel Sapin accompagné du secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert.

Le "programme de stabilité" contient à la fois les attentes du gouvernement en termes de croissance, et ses projections pour les finances publiques, en particulier le déficit .

Pour le premier volet, la croissance, les chiffres sont déjà connus et même validés. Le Haut conseil des finances publiques a en effet estimé dans un rapport publié dès les premières heures mercredi que la prévision de croissance du gouvernement, soit 1% en 2014 était "réaliste", et que sa projection de 1,7% pour 2015 n'était pas "hors d'atteinte".

Pour les années suivantes, il s'est dit plus réservé, qualifiant d'"optimiste" le scénario gouvernemental: une accélération de la croissance à 2,25% en 2016 et 2017.

Les annonces les plus attendues mercredi concernent donc le déficit public, le chiffre le plus emblématique pour les engagements européens de la France.

Selon le quotidien Les Echos, qui l'annonce sur son site internet, ce solde qui regroupe aussi bien l'Etat que les collectivités locales et les régimes de protection sociale atteindra 3,8% du PIB cette année, puis 3% l'an prochain, tout juste le seuil de tolérance européen.

Jusqu'ici, Paris attendait 3,6% en 2014 puis 2,8% en 2015, mais les finances de la France ont davantage flanché que prévu l'an dernier.

Le déficit public du pays a atteint 4,3% du PIB l'an dernier au lieu des 4,1% attendus, ce qui complique encore le retour à 3%.

Mais Paris, qui a déjà par deux fois obtenu un report, ne peut plus reculer.

- La croissance menacée par les économies -

Pour convaincre la Commission de Bruxelles, gardienne des engagements budgétaires, la France brandit un autre chiffre: 50 milliards d'euros.

La dépense publique de la France doit être restreinte d'autant d'ici à fin 2017. A titre de comparaison le budget annuel de l'Education nationale, hors pensions, est de quelque 45 milliards d'euros. Selon Les Echos toujours, pour entrer dans les clous européens, le gouvernement va inscrire quatre milliards d'euros de baisses de dépense de plus dans une loi de finances rectificative cet été. Et pour la suite, il compte sur l'accélération de la croissance pour réduire le solde.

Ce chiffre de 50 milliards d'euros divise, entre les ténors de la droite qui veulent pousser plus loin, jusqu'à 80 milliards pour l'UDI, et des voix à gauche qui voudraient se contenter de 35 milliards.

Mardi encore le Premier ministre Manuel Valls a reçu des députés PS qui, sans contester l'ordre de grandeur, veulent modifier la répartition pour épargner les fonctionnaires et les petites retraites. A la sortie de l'entretien, le président du groupe PS à l'Assemblée, Bruno Le Roux, a jugé "avoir été entendu".

Les députés du PS ne sont pas les seuls à s'inquiéter des répercussions de ces réductions de dépenses d'une ampleur inédite en France.

Le Haut conseil écrit ainsi dans son rapport mercredi: "Il existe un risque que les effets positifs sur l’emploi et les salaires de la politique d’offre n’atténuent pas les effets négatifs sur l’activité de la consolidation budgétaire à la hauteur et au rythme de ce qui est prévu". En d'autres termes, la baisse des dépenses va peser vite et fort sur la croissance, tandis que les baisses de cotisations et de fiscalité promises aux entreprises mettront du temps à relancer l'activité.

La baisse de dépense pourrait au final "peser davantage que prévu par le gouvernement sur la croissance à court terme", avertit le Haut conseil, pour qui tout repose sur une "crédibilité forte de la politique économique". C'est-à-dire sur la capacité du gouvernement à susciter le "choc de confiance" maintes fois promis.

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