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Les fonctionnaires au bord de la rupture avec le gouvernement

Des employés du service public (éducation, santé, finance) manifestent le 31 janvier 2013 à Paris [Pierre Verdy / AFP/Archives] Des employés du service public (éducation, santé, finance) manifestent le 31 janvier 2013 à Paris [Pierre Verdy / AFP/Archives]

Suppressions de postes, ralentissement des carrières, gel des salaires: les syndicats de fonctionnaires dénoncent la poursuite par le gouvernement actuel d'une politique d'austérité engagée sous l'ère Sarkozy, au risque d'une rupture avec un électorat traditionnellement acquis à la gauche.

 

Au programme d'économies détaillée mardi par le Premier ministre Manuel Valls, une contribution importante va provenir des quelque 5 millions de fonctionnaires. La plus mauvaise surprise a été l'annonce du maintien du gel du point d'indice jusqu'à la fin du quinquennat.

Cet indice qui sert de base au calcul des salaires des fonctionnaires, a été relevé la toute dernière fois en 2010, et si la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu a opposé une fin de non recevoir à une hausse cette année, les syndicats gardaient l'espoir d'une revalorisation en 2015.

Autre mesure qui passe mal: la poursuite de la diminution des effectifs des ministères, hors éducation nationale, sécurité et justice. En 2014, 13.000 postes doivent être supprimés.

M. Valls veut également "rationaliser" les agences de l'Etat, dont les effectifs seront réduits, à l'exception de Pôle emploi et des universités.

Une bonne nouvelle cependant, les règles d'avancement dans la fonction publique "seront préservées", selon M. Valls. Mais son prédécesseur Jean-Marc Ayrault s'était déjà engagé par écrit auprès des syndicats sur le fait qu'il n'y aurait pas de gel des primes et de l'avancement. Cette piste, évoquée en février, avait déclenché un tollé.

Les annonces de M. Valls sonnent comme un air de déjà-vu pour les syndicats.

"Le sentiment qui domine c'est qu'il n'y a pas une vrai politique de rupture avec Nicolas Sarkozy", affirme à l'AFP Jean-Marc Canon (CGT).

Pendant le quinquennat de l'ex-président de la République, les fonctionnaires ont été bousculés par la Révision générale des politiques publiques (RGPP) lancée en 2007 et dont la mesure phare était le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite dans la fonction publique d'Etat. Au total, 150.000 postes ont été supprimés via la RGPP.

 

- Mobilisation le 15 mai -

"On a été très contents sur la première partie de ce quinquennat avec un dialogue social rasséréné, retrouvé. La fin du mandat précédent s'était caractérisé par une rupture brutale et des rapports extrêmement durs", assure Guy Barbier (Unsa). "Mais la porte s'est refermée brutalement".

Lors d'une rencontre avec M. Valls jeudi, il a prévenu le Premier ministre qu'il "prenait le risque d'une rupture" avec les fonctionnaires, cœur de l'électorat de gauche.

Interrogé par l'AFP, le ministère de la Fonction publique estime qu'"il y a une rupture (avec le précédent gouvernement) en terme de suppressions d'emploi", évoquant une stabilisation des effectifs.

Le ministère, tout comme les syndicats, pointent des mesures positives, telle la suppression du jour de carence, mis en place sous Sarkozy, ou la revalorisation des plus bas revenus (catégorie C). Cette dernière mesure s'est traduite depuis février par des augmentations allant de 4,6 euros à 46 euros par mois.

Toutefois, "il y a un raz-le-bol général" chez les agents, estime Christian Grolier (FO), notamment parce qu'"on va encore détruire des milliers de postes". "Cela devient ingérable (...) pour les services qui sont confrontés à l'accueil du public", ajoute Thi-Trin Lescure (Solidaires).

En outre, le pouvoir d'achat des fonctionnaires est en berne: leur salaire a reculé en 2011 et 2012, selon une étude de l'Insee publiée, hasard du calendrier, mardi.

Et "on dénonce (...) depuis quelques années le ralentissement des promotions qui ont été sacrément rabotées", dit Brigitte Jumel (CFDT).

"Parti comme c'est parti, l'électorat qu'ils avaient, ils ne l'auront plus", prévient Mme Lescure.

Et les syndicats (CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFTC et FA-FP) comptent se faire entendre lors d'une journée de mobilisation du 15 mai contre la politique d'austérité salariale. Une intersyndicale aura lieu avant cette date pour envisager tous les moyens d'action. D'ores et déjà, Solidaires, FO et la CGT prévoient d'appeler à une grève.

Cette mobilisation aura valeur de test pour le gouvernement, à quelques jours d'une première réunion de négociation, le 19 mai, entre partenaires sociaux et le ministère de Mme Lebranchu sur les traitements et les parcours professionnels.

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