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La pression sur Hollande s'intensifie autour du cas Morelle

François Hollande visitant l'usine Michelin Ladoux à Cébazat près de Clermont-Ferrand, le 18 avril 2014 [Thierry Zoccolan / AFP] François Hollande visitant l'usine Michelin Ladoux à Cébazat près de Clermont-Ferrand, le 18 avril 2014 [Thierry Zoccolan / AFP]

La pression s'accentue sur François Hollande après les accusations de conflit d'intérêt lancées par Mediapart contre son conseiller Aquilino Morelle, embarrassant un peu plus l'exécutif au moment où il demande d'importants efforts aux Français.

"Il faut que les choses aillent vite, ça ne peut pas devenir un feuilleton. Je n'imagine pas que le président laisse traîner ça très longtemps". La confidence, émanant d'un important responsable de la majorité, résume bien l'ambiance à gauche lendemain de l'article au vitriol de Mediapart accusant M. Morelle de conflit d'intérêt avec l'industrie pharmaceutique lorsqu'il travaillait pour l'Inspection générale des Affaires sociales.

Selon le site d'information, le conseiller élyséen a touché en 2007 12.500 euros d'un laboratoire danois, Lundbeck, alors qu'il était à l'Igas. Vendredi, l'organisme a assuré ne pas avoir délivré d'autorisation à Aquilino Morelle pour travailler dans l'industrie pharmaceutique.

Vendredi matin, François Hollande, en visite à Clermont-Ferrand sur le site du géant des pneumatiques Michelin, a soigneusement ignoré les questions sur son conseiller politique, préférant insister sur la nécessité du plan d'économies détaillé mercredi par Manuel Valls.

François Hollande (d) et le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg (c) en visite à l'usine Michelin Ladoux de Cébazat près de Clermont-Ferrand, le 18 avril 2014 [Thierry Zoccolan / AFP]
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François Hollande (d) et le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg (c) en visite à l'usine Michelin Ladoux de Cébazat près de Clermont-Ferrand, le 18 avril 2014

Le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg n'a pas caché son agacement face aux questions des journalistes: "J'ai franchement assez répondu à vos questions maintenant, vous êtes des emmerdeurs publics", leur a lancé l'ex-élu de Saône-et-Loire, dont M. Morelle était le directeur de campagne lors de la primaire socialiste en 2011.

Le nouveau premier secrétaire du Parti Socialiste, Jean-Christophe Cambadélis n'a pas apaisé la tension. "Si ce qui se dit est vérifié, je ne vois pas comment il (Morelle) peut rester; mais si ce n'est pas vrai, il faut une grande explication, que l'on puisse y voir clair", a déclaré le député de Paris.

De son côté, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, a simplement indiqué qu'il revenait "à l'Igas de donner les informations relatives à ce qui a été l'activité et le parcours d'Aquilino Morelle dans cette administration".

- 'Des conseillers comme ça, c'est une plaie!' -

Les explications de M. Morelle, qui s'est longuement justifié jeudi sur sa page Facebook, n'ont donc pas convaincu. Il assure avoir "respecté toutes les règles et toutes les procédures, en particulier le passage devant la Commission de déontologie" de la fonction publique d'Etat.

Mais les relations du conseiller politique de M. Hollande avec les laboratoires pharmaceutiques passent mal à gauche. "Je me demande si on a appris de l'affaire Cahuzac", s'est lamentée Emmanuelle Cosse, la patronne d'EELV. "Quand on travaille à l'Igas, même si on respecte les règles, aller faire des ménages dans l'industrie pharmaceutique, c'est pas bien", a appuyé la secrétaire nationale du parti.

Aquilino Morelle (d) au côté de Manuel Valls (c) écoutant une interview de François Hollande dans les studios de France Inter, le 18 avril 2012 [Franck Fife / AFP/Archives]
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Aquilino Morelle (d) au côté de Manuel Valls (c) écoutant une interview de François Hollande dans les studios de France Inter, le 18 avril 2012

Plus symbolique mais tout aussi embarrassante est la scène, rapportée par Mediapart, d'un M. Morelle se faisant cirer ses nombreuses et luxueuses chaussures dans un salon de l'hôtel Marigny, tout proche de l'Elysée. Une image assassine pour celui qui inspira très largement le fameux discours du Bourget de janvier 2012 dans lequel François Hollande clamait que son "principal adversaire" était "le monde de la finance" et promettait de ramener l'argent au rang de "serviteur et non d'un maître."

Cette nouvelle affaire intervient au mauvais moment pour François Hollande, qui a choisi de renouveler quasi-intégralement le dispositif de sa majorité après la déroute de la gauche lors des élections municipales.

A l'Elysée, M. Morelle avait été épargné par cette grande lessiveuse qui a en revanche coûté sa place au secrétaire général, Pierre-René Lemas.

Au sein de l'exécutif, les avis divergent. "Des conseillers comme ça, c'est une plaie", fulmine l'un d'entre eux. "C'est une attaque à caractère politique qui a pour cible Manuel Valls dont tout le monde connaît les liens" avec le conseiller du chef de l'Etat, assure en revanche une autre source.

L'affaire intervient surtout alors que le Premier ministre a engagé le fer avec une partie de sa majorité, peu désireuse d'endosser les 50 milliards d'euros d'économies et notamment le gel jusqu'en octobre 2015 d'une partie des prestations sociales. "Les députés PS sont déjà assez remontés, ils n'ont pas envie de la moindre concession" face à ce type de comportement, selon un parlementaire socialiste.

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