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Valls précise les 50 milliards d'économies, "potion amère" pour la presse

Manuel Valls entre Bruno Le Roux et Jean-Marie Le Guen le 16 avril 2014 à l'Assemblée nationale à Paris  [Jacques Demarthon / AFP] Manuel Valls entre Bruno Le Roux et Jean-Marie Le Guen le 16 avril 2014 à l'Assemblée nationale à Paris [Jacques Demarthon / AFP]

Prestations sociales non revalorisées, report des mesures contre l'exclusion, gel de l'indice des fonctionnaires: Manuel Valls a détaillé mercredi le programme de 50 milliards d'économies, qui a suscité l'inquiétude parmi les députés PS et l'ire des syndicats.

La plupart des éditorialistes aiguisent leur plume jeudi sur la présentation la veille par le nouveau Premier ministre d'un plan d'économies drastiques, estimant que "la potion amère du Docteur Valls" risque fort de mécontenter tout le monde.

Dans un exercice exceptionnel, c'est le Premier ministre qui s'est exprimé mercredi à la sortie du Conseil des ministres pour annoncer quels efforts allaient être demandés à l'ensemble des Français. Promettant des efforts "justes", "collectifs" et "équitablement répartis", il a également distillé quelques garanties sur la préservation du modèle social français.

Il a balayé d'emblée la polémique naissante sur un salaire transitoire inférieur au Smic, par exemple pour encourager l'embauche des jeunes, promettant "avec force" de ne pas "remettre en cause" le salaire minimum (1.445 euros bruts aujourd'hui).

Les 50 milliards d'économies sur la dépense publique entre 2015 et 2017 seront supportés à hauteur de 18 milliards d'euros par l'Etat, 11 milliards les collectivités locales, 10 milliards l'Assurance maladie et 11 milliards par d'autres dépenses sociales.

Le premier ministre Manuel Valls (g), avec à ses côtés le ministre des Finances Michel Sapin, lors de son intervention après le Conseil des ministres, le 16 avril 2014 à Paris [Philippe Wojazer / Pool/AFP]
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Le premier ministre Manuel Valls (g), avec à ses côtés le ministre des Finances Michel Sapin, lors de son intervention après le Conseil des ministres, le 16 avril 2014 à Paris

Mercredi soir, François Hollande a affirmé que "la feuille de route" pour réaliser ces économies était "difficile", "âpre", "rugueuse" mais "indispensable" pour redresser le pays.

Le Premier ministre a esquissé le détail des réformes que la France va présenter à Bruxelles début mai dans le cadre de son programme de stabilité, trajectoire de finances publiques que le Conseil des ministres doit valider le mercredi 23 avril, avant un vote prévu à l'Assemblée le 30 avril.

L'objectif, a rappelé M. Valls, est non seulement de permettre "la mise en œuvre du pacte de responsabilité", un allègement de 30 milliards d'euros des cotisations patronales, mais aussi de réduire le déficit public.

Dans une moindre mesure, elles visent à "redonner du pouvoir d'achat aux salariés" les moins favorisés.

Manuel Valls (c) entouré (de g. à d.) de Christian Eckert, Marisol Touraine, Michel Sapin et Marylise Lebranchu, lors de son intervention le 16 avril 2014 après le Conseil des ministres [Philippe Wojazer / Pool/AFP]
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Manuel Valls (c) entouré (de g. à d.) de Christian Eckert, Marisol Touraine, Michel Sapin et Marylise Lebranchu, lors de son intervention le 16 avril 2014 après le Conseil des ministres

Côté économies, en première ligne, les prestations sociales "ne seront pas revalorisées jusqu'en octobre 2015", c'est-à-dire qu'elles ne seront pas augmentées, comme c'est l'usage, du montant de l'inflation (0,7% en 2013). Concrètement, les pensions de retraite, allocations logement, famille et invalidité resteront stables sur la période.

"Cette mesure ne touchera pas les minima sociaux", comme le Revenu de solidarité active (RSA) ou le minimum vieillesse, a toutefois promis M. Valls. Sur France 2, il a aussi assuré que le gel n'irait "pas au-delà de 2015".

"La modernisation de la politique familiale engagée en 2013 sera poursuivie", a aussi dit sans plus de détails Manuel Valls, et la revalorisation exceptionnelle du RSA ou du complément familial, promise dans le plan de lutte contre la pauvreté en 2013 sera "décalée d'une année", au 1er septembre 2015.

Parallèlement, le geste fiscal promis aux ménages modestes interviendra dès le mois de juin 2014, a précisé le Premier ministre. Il représentera un effort d'environ "500 millions d'euros", a précisé le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen.

Manuel Valls a confirmé que l'assurance maladie participerait via un recours plus important aux médicaments génériques et à la chirurgie ambulatoire.

- Accueillie de manière glaciale -

Manuel Valls à la sortie du Conseil des ministres, le 16 avril 2014 [Patrick Kovarik / AFP]
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Manuel Valls à la sortie du Conseil des ministres, le 16 avril 2014

Mises à contribution pour une somme plus importante qu'initialement prévu, les collectivités territoriales sont invitées à faire "des réformes profondes", notamment dans leurs dépenses de fonctionnement.

Manuel Valls en a profité pour "saluer les initiatives de rapprochement de régions qui s'esquissent un peu partout en France".

L'Etat va enfin prendre sa part à l'effort avec 18 milliards d'euros d'économies annoncées.

Visés au premier chef les fonctionnaires, dont les salaires sont gelés depuis 2010, ne connaîtront pas d'augmentation. Et ce jusqu'en 2017. Manuel Valls a toutefois promis de ne pas toucher aux "règles d'avancement".

"Je sais ce que nous devons à nos fonctionnaires si essentiels à la vie de ce pays (...) mais la situation nous oblige à leur demander de contribuer à notre effort commun", a dit le Premier ministre.

Il a d'ailleurs confirmé que "les effectifs des ministères (...) continueront de diminuer". Mais, alors que plusieurs parlementaires craignaient que la promesse de François Hollande de créer 60.000 postes dans l'Education soit revue à la baisse, il a garanti son "maintien", de même que les créations prévues, par redéploiement, dans la police, la justice et l'administration pénitentiaire.

La prestation du Premier ministre a été accueillie de manière glaciale par une partie des députés PS, beaucoup déplorant ne pas avoir été prévenus en amont du détail de ces mesures.

Il n'a pas non plus trouvé grâce aux yeux des syndicats: la CFDT a estimé que "les plus modestes sont insuffisamment protégés", alors que pour FO, le plan va "accroître la précarité et la pauvreté". La CGT a de son côté évoqué "un gouvernement dur avec les faibles".

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