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Le projet de loi d'avenir de l'agriculture adopté au Sénat

L'hémicycle du Sénat [Joël Saget / AFP/Archives] L'hémicycle du Sénat [Joël Saget / AFP/Archives]

Les sénateurs ont adopté dans la nuit de mardi à mercredi en première lecture le projet de loi d'avenir de l'agriculture qui ambitionne de "verdir" ce secteur de l'économie.

Voté en janvier à l'Assemblée, le texte a eu le feu vert de 175 sénateurs, l'ensemble des voix de gauche PS, écologistes, RDSE (à majorité PRG) et CRC (Communiste, républicain et citoyen), 135 s'y opposant (l'UMP), et les centristes s'abstenant.

"Notre économie a reculé sur les marchés mondiaux", a souligné le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. "Ce constat vaut aussi pour l'agriculture", a-t-il ajouté.

Par ailleurs, dans le cadre de la réforme de la Politique agricole commune qui sera mise en oeuvre en 2015, a-t-il assuré, "cette loi adapte notre agriculture au nouveau système européen, bref elle prépare l'avenir".

Alors qu'à l'Assemblée le texte du gouvernement a été peu modifié, les sénateurs l'ont enrichi de nombreux amendements.

Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll lors d'une conférence de presse le 14 avril 2014 à Sablé-sur-Sarthe [Jean-François Monier / AFP]
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Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll lors d'une conférence de presse le 14 avril 2014 à Sablé-sur-Sarthe

Ils ont ainsi adopté à l'unanimité un amendement de Roland Courteau (PS) reconnaissant que "le vin, produit de la vigne, et les terroirs viticoles font partie du patrimoine culturel, gastronomique et paysager de la France".

 

- Les loups dans le viseur -

 

Ils ont également autorisé les éleveurs d'ovins à abattre des loups, malgré l'opposition des écologistes et la convention de Berne signée par la France qui les classe en "espèce strictement protégée". Ils ont ainsi voté un article qui prévoit qu'en cas d'attaque, le préfet délivre à l'éleveur une autorisation de tuer des loups pour une durée de six mois sur le territoire de sa commune.

"La situation devient intolérable dans les régions où le loup se multiplie", a souligné le rapporteur Didier Guillaume (PS). "Pour autant, autoriser les éleveurs détenteurs d'un permis de chasse à opérer des tirs de prélèvement ne nous semble ni répondre au problème, ni être souhaitable", a fait valoir l'écologiste Joël Labbé.

Les sénateurs ont aussi voté un amendement RDSE autorisant l'abattage des loups dans des zones de protection délimitées, indépendamment du prélèvement défini au niveau national.

Ils ont par ailleurs adopté un amendement qui permet d'inscrire dans les textes le principe de compensation en nature de terres agricoles perdues dans le cadre de la politique d'aménagement rural, de manière à maintenir le potentiel de production agricole.

Ils ont aussi renforcé la vigilance sur les produits phytosanitaire. "Le verdissement des pratiques agricoles s'impose, alors que la France reste le plus gros consommateur européen de pesticides", a souligné Nicole Bonnefoy (PS). Ils ont ainsi prévu des sanctions en cas de trafic, l'introduction de distances de sécurité entre habitations et zones d'utilisation, et le renforcement du contrôle du Parlement sur l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).

Un autre article reconnaît l'abeille comme bio-indicateur dans le cadre de la surveillance des produits phytopharmaceutiques.

Sans surprise, le Sénat a donné son feu vert à l'une des mesures phare du projet, la création des Groupements d'intérêt économique et environnemental, les GIEE, qui ont pour objectif d'encourager des collectifs d'agriculteurs à s'engager dans l'agroécologie. Ces collectifs pourront bénéficier de majorations dans l'attribution des aides publiques afin de mettre en place des projets visant la double performance économique et environnementale.

La loi crée également l'Institut Agronomique, Vétérinaire et Forestier de France (IAV2F) qui va structurer l'enseignement agricole, "pilier de la transition agro-écologique pour former à produire autrement", selon Jacques-Bernard Magner (PS).

Par ailleurs, les sénateurs ont confirmé le rôle des Safer, les sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural, en adoptant un article améliorant l'efficacité de leurs interventions. Les Safer avaient été épinglées par la Cour des comptes qui avait souligné que, parce qu'elles sont composées de représentants des chambres d'agriculture, du Crédit agricole, elles ne sont pas à l'abri des conflits d'intérêts.

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