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Polémique autour d'une vente d'objets nazis

Photo prise le 22 novembre 2013 d'un album de photos ayant appartenu à Adolf Hitler faisant partie d'un lot devant être dispersé aux enchères à Paris [Frank Perry / AFP/Archives] Photo prise le 22 novembre 2013 d'un album de photos ayant appartenu à Adolf Hitler faisant partie d'un lot devant être dispersé aux enchères à Paris [Frank Perry / AFP/Archives]

Une vente aux enchères d'objets ayant appartenu à Adolf Hitler et à Hermann Goering, prévue fin avril à Paris, suscite l'indignation d'une association juive qui demande son interdiction.

Le Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme (BNVCA) estime que cette vente, prévue le 26 avril, "est obscène" et "de nature à offenser les victimes" du nazisme. Il demande aux ministres de l'Intérieur et de la Culture et au préfet de police de Paris de tout mettre en oeuvre pour "interdire cette vente et faire saisir les objets".

Intitulée "Prises de guerre de la 2e D.B. en mai 1945 au Berghof d'Hitler", cette vente présente une quarantaine d'objets provenant de la résidence d'Adolf Hitler dans les Alpes bavaroises et de la maison voisine où s'était installé Hermann Goering. Il y a également de la vaisselle de l'hôtel où descendaient les dignitaires du régime.

Ces objets ont été ramenés par des combattants français de la 2e D.B. (division blindée) du général Leclerc arrivée le 4 mai à Berchtesgaden. Les Français sont les premiers à monter au Berghof, le repaire montagnard d'Hitler, qui avait été bombardé un peu plus tôt par l'aviation alliée.

Des soldats de la 2e D.B. sont également montés à bord du train de Goering, chargé d'objets volés, bloqué en gare de Berchtesgaden par les Américains début mai.

"Ces soldats français ont procédé à quelques prises de guerre avec l'accord du capitaine", déclare à l'AFP Yves Salmon, expert de la vente organisée par la maison Vermot de Pas, Salle VV, rue Rossini dans le 9e arrondissement.

Les objets proviennent de quatre vendeurs dont un sergent de la compagnie du génie de la 2e D.B.

"J'allais avoir 25 ans. J'ai pris au hasard des choses qui me plaisaient dans ce train", a expliqué à l'AFP cet ancien résistant, âgé de 93 ans, qui habite Paris. Il a gardé notamment un album du XIXe siècle sur Lucas Cranach, offert comme cadeau d'anniversaire à Goering. Il est estimé 1.000 à 2.000 euros.

- 'On ne peut pas savoir qui achète' -

Ce sous-officier, qui avait fait de la prison en Espagne avant de pouvoir rejoindre les Forces Françaises Libres, a prélevé aussi un manuscrit calligraphié du XVIIe siècle sur une réserve de gibier, offert à Goering en 1935 (3.000 à 4.000 euros).

L'ancien de la 2e D.B. a pris également un manuscrit de 1938 dans lequel le général Franco décerne une décoration à Goering (3.000 à 4.000 euros).

"Dans le train, tout le monde s'est servi un peu. Je ne pense pas que c'était des choses de valeur", a raconté l'ancien militaire. "Et puis, au bout de 48 heures, les Américains ont empêché le pillage", a-t-il ajouté.

Certains de ses compagnons ont ramené de la résidence d'Hitler un coffre en bois, avec de multiples croix gammées entre autres, offert au Führer pour son 49e anniversaire (3.000 à 5.000 euros) et un petit napperon avec l'aigle nazi, le monogramme A H et une croix gammée.

Lui dit s'être surtout intéressé aux grands crus français que recelait la cave de Goering. "Nous avons passé d'excellents soirées".

L'expert Yves Salmon s'est déclaré surpris par la demande d'interdiction de la vente.

L'étude a pris le soin de demander au préalable son avis au Conseil des ventes, autorité de régulation des ventes publiques, fait valoir M. Salmon. Le CVV "a confirmé que nous pouvions vendre" ces objets "à condition de ne pas exposer publiquement ceux contenant une croix gammée", a-t-il dit.

"Je suis tranquille. Je ne vois pas pourquoi on interdirait cette vente alors que le CVV a donné son aval", dit-il.

M. Salmon, qui a quatre vendeurs pour la session du 26 avril, avait déjà organisé sans problème en novembre en Vendée la dispersion de quatre livres pris à Berchtesgaden, appartenant à Paul Gerbi, un ancien de la 2e D.B. Ils avaient tous été achetés par une jeune femme.

"On ne peut pas savoir qui achète. Ce peut être des collectionneurs, des institutions, des néo-nazis...", souligne M. Salmon.

 

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