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Décès de Claude Mademba Sy, dernière grande figure des tirailleurs sénégalais

L'ancien tirailleur sénégalais Claude Mademba Sy (2e gauche) lors de la "Journée du tirailleur" à Dakar, le 23 mai 2008 [Bernard Edinger / AFP/Archives] L'ancien tirailleur sénégalais Claude Mademba Sy (2e gauche) lors de la "Journée du tirailleur" à Dakar, le 23 mai 2008 [Bernard Edinger / AFP/Archives]

Ancien officier supérieur de l'armée française, Claude Mademba Sy, décédé mardi à 90 ans, était la dernière grande figure des tirailleurs sénégalais dont il avait défendu avec ardeur le principe de l'égalité pour les pensions militaires versées par la France.

Son grand-père fut nommé officier "indigène" par Joseph Gallieni, alors gouverneur général du Soudan français (devenu Afrique occidentale française, puis Mali). Son père fut le premier chef de bataillon (commandant) noir de l'armée française. Trois de ses oncles furent tués pendant la Grande Guerre dans la Somme, à Verdun et au Chemin des Dames.

Grand et mince, à l'humour très british, il était devenu l'inlassable défenseur de la décristallisation des pensions des anciens combattants africains au sein du Conseil national pour la défense des anciens combattants de l'Union française ou de la Communauté, autrement dit des ex-colonies.

Il avait dénoncé avec véhémence il y a une dizaine d'années la "cristallisation" appliquée depuis 1959 aux pensions de ces anciens combattants, en demandant: "La décristallisation doit-elle attendre la mort du dernier tirailleur?" Le gouvernement français entendait alors revaloriser les pensions de ses ex-colonies mais proportionnellement au pouvoir d'achat de chaque pays.

Une situation qu'il résumait ainsi pour l'AFP en 2002: "Les tirailleurs sénégalais sortaient de la tranchée en criant, comme on le leur avait appris, +en avant pour la France+. On ne leur avait pas appris à dire +en avant pour le pouvoir d'achat!+".

- Le seul Noir de la 2e DB -

Claude Mademba Sy est né le 11 décembre 1923 à Versailles où son père Abdel Kader, commandant d'infanterie coloniale, était en stage. Il avait été nommé chef de bataillon après la reprise du fort de Douaumont, près de Verdun, en octobre 1917.

Sa famille vit ensuite à Madagascar, au Mali puis au Sénégal, avant de revenir en France en 1931 au gré des affectations d'Abdel Kader Mademba Sy. Après la mort de ce dernier d'une pneumonie en 1932, Claude Mademba Sy devient pupille de la Nation.

En 1943, à Tunis où sa mère s'est installée, Claude Mademba Sy rejoint le régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad, devenu régiment de marche du Tchad (RMT). Sous-officier dans ce prestigieux régiment de la 2e DB, il participe à la campagne de Normandie, à la libération de Paris et de Strasbourg et à la prise du nid d'aigle de Hitler à Berchtesgaden près de Munich.

Lors de la libération de Paris, il est le seul Noir de la 2e Division blindée du général Leclerc. Cette unité avait en effet été équipée en chars et matériels par les Américains, alors opposés à la présence des Noirs dans les divisions blindées.

Après Saint-Cyr, Claude Mademba Sy part en Indochine où il est blessé, puis en Algérie où il sert comme capitaine au 6e régiment de parachutistes coloniaux (RPC). En mars 1959, sa compagnie participe à la traque d'un grand chef de guerre du FLN, Aït Hamouda Amirouche, finalement tué au combat.

Il termine sa carrière comme commandant du 9e bataillon d'infanterie de marine (Bima).

Il retourne au moment des indépendances au Sénégal pour former la jeune armée de son pays, avec le grade de colonel. Il entame ensuite une carrière d'ambassadeur du Sénégal dans plusieurs pays européens et africains et à l'ONU. Il s'était retiré à Briatexte dans le Sud-Ouest de la France.

Il était grand officier de la Légion d'honneur depuis 2012 et titulaire de la Croix de guerre 39-45 avec huit citations, dont trois à l'ordre de l'Armée.

Les régiments tirailleurs sénégalais, recrutés au sein de l'Empire colonial français dans toute l'Afrique occidentale au milieu du XIXe siècle, furent dissous au début des années 1960.

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