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Duras, toujours... Marguerite aurait eu 100 ans vendredi

Marguerite Duras le 2 mars 1990 à Paris [Gerard Fouet / AFP/Archives] Marguerite Duras le 2 mars 1990 à Paris [Gerard Fouet / AFP/Archives]

"Je n'ai jamais menti dans un livre", disait Marguerite Duras, écrivain à la voix singulière, et femme aux mille facettes, qui jongla toute sa vie entre romans, théâtre et cinéma, cris et silence. Elle aurait eu 100 ans le 4 avril.

L'univers "durassien" continue de fasciner en France et dans le monde. Après le triomphe foudroyant de "L'Amant", prix Goncourt 1984, elle lance d'ailleurs à François Mitterrand, croisé dans un restaurant: "Je suis plus célèbre que vous, maintenant !"

Ecrivain de la vie, du désir, du silence et de la douleur, jouant des mots du quotidien comme des phrases incantatoires, "Duras a inventé une forme d'écriture chantée parlée", dit à l'AFP Laure Adler, biographe de l'écrivain disparue en 1996 et auteure d'un beau-livre à l'occasion du centenaire de sa naissance. Sa biographie parue en 1998, déjà largement traduite, paraît en chinois.

"Ce qu'il y a dans les livres est plus véritable que ce que l'auteur a vécu", répétait Duras, marquée à jamais par son enfance asiatique. Ravissante adolescente en Indochine, elle avouera plus tard: "A dix-huit ans, j'ai vieilli". Au soir de sa vie, chacun se souvient de ses traits altérés par les excès, mangés par de grosses lunettes.

Marguerite Donnadieu naît le 4 avril 1914 près de Saïgon. Son père meurt quand elle a 5 ans. Sa mère s'installe avec ses trois enfants dans le delta du Mékong. Enfance et adolescence rudes dont se nourrissent plusieurs de ses livres. Elle part en France à 18 ans poursuivre ses études, puis rencontre Robert Antelme, son premier mari. Le couple s'installe en 1943 rue Saint-Benoît, à Saint-Germain-des-Prés, point d'ancrage de l'écrivain, avec Neauphle-le-Château et Trouville. Elle publie la même année son premier roman, "Les Impudents", sous le pseudonyme de Marguerite Duras.

La désormais romancière rejoint la Résistance avec Robert, arrêté, déporté à Dachau et libéré à la fin de la guerre. Marguerite s'inscrit en 1945 au Parti communiste dont elle sera exclue dix ans plus tard. Elle divorce et épouse Dionys Mascolo. En 1947 naît leur fils, Jean.

- "Sublime, forcément sublime" -

Marguerite Duras, à son domicile, au début des années 50 [- / AFP/Archives]
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Marguerite Duras, à son domicile, au début des années 50

Nouveau divorce et nouveaux romans: "Un barrage contre le Pacifique", porté à l'écran par René Clément puis Rithy Panh, "Le Marin de Gibraltar", "Moderato cantabile"...

Eprise de liberté, engagée dans les combats de son temps, elle milite contre la guerre d'Algérie, participe à mai 68.

En 1963, elle écrit "Le Vice-Consul" et l'année suivante "Le Ravissement de Lol V. Stein". Elle enchaîne les pièces de théâtre, "L'Amante anglaise", "Des Journées entières dans les arbres", "Le Square", "Savannah Bay"...

Une dizaine de pièces de Duras sont à l'affiche cette année. Les derniers tomes de ses Œuvres complètes paraîtront dans la Pléiade le 13 mai.

D'abord scénariste et dialoguiste pour le cinéma, notamment de "Hiroshima, mon amour", d'Alain Resnais, en 1959, avec Emmanuelle Riva, elle se lance dans la réalisation: "Nathalie Granger", "Le Camion", avec Gérard Depardieu, "India Song", avec Delphine Seyrig... Films envoûtants pour certains, déconcertants pour d'autres.

Puis c'est le coup de tonnerre de "L'Amant", succès mondial qui l'impose auprès du grand public. L'adaptation de Jean-Jacques Annaud bat des records au box-office mais Duras le renie: "Rien ne m'attache au film, c'est un fantasme d'un nommé Annaud". Elle réécrira son roman en 1991, sous le titre "L'Amant de la Chine du Nord".

En 1985, elle signe dans Libération sa fameuse tribune sur l'affaire Grégory: "Sublime, forcément sublime Christine V.", la mère de la petite victime. Plus tard, elle assurera avoir supprimé cette phrase, rétablie sans son accord.

Elle écrira encore "La Douleur", "Les Yeux bleus, cheveux noirs", "Emily L.", "La Vie matérielle" ou "Yann Andréa Steiner", sur sa rencontre en 1980 avec son dernier compagnon et exécuteur littéraire, Yann Andréa.

Le 3 mars 1996, Marguerite meurt chez elle, au 3e étage du 5 rue Saint-Benoît. Sur sa tombe, au cimetière du Montparnasse, son nom de plume, deux dates et ses initiales: M D.

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