En direct
A suivre

Merah : deux ans après, Toulouse se souvient

Latifa Ibn Ziaten, la mère d'une victime de Merah, et Samuel Sandler, père et grand-père de trois autres victimes, le 17 mars 2013 à Toulouse  [Eric Cabanis / AFP/Archives] Latifa Ibn Ziaten, la mère d'une victime de Merah, et Samuel Sandler, père et grand-père de trois autres victimes, le 17 mars 2013 à Toulouse [Eric Cabanis / AFP/Archives]

Toulouse s'est recueillie mercredi avec simplicité dans le souvenir des victimes juives et militaires de Mohamed Merah. La douleur toujours vive deux ans après va de pair avec l'inquiétude devant la radicalisation des esprits dans la ville comme dans le pays.

Ce sont les enfants de l'école juive Ozar Hatorah (rebaptisée Ohr Torah depuis) qui, les premiers, ont honoré les morts.

Ils ont fait ce qu'ils faisaient ce 19 mars 2012 à l'heure où Merah a semé l'effroi devant l'école et dans la cour et qu'ils font tous les jours dans la synagogue de l'établissement, vers 8H00: prier entre eux, loin des regards, sous la conduite d'un ancien élève revenu pour la circonstance et auprès du directeur Yaacov Monsonego, toujours là malgré la perte de sa fille, a rapporté le président de la communauté juive de Toulouse Arié Bensemhoun.

"C'était sobre, c'était simple, c'était fort et les enfants nous ont montré encore aujourd'hui que c'est eux qui nous portent", a-t-il dit devant l'établissement de 200 élèves dont les murs et le portail ont été renforcés et hérissés de barbelés.

Des enquêteurs de l'école juive Ozar Hatorah peu après la tuerie perpétrée le perpétrée par Mohamed Merah le 19 mars 2012 à Toulouse [Eric Cabanis / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Des enquêteurs de l'école juive Ozar Hatorah peu après la tuerie perpétrée le perpétrée par Mohamed Merah le 19 mars 2012 à Toulouse
 

Merah, petit délinquant des quartiers devenu assassin au nom du jihad, a froidement tué là Myriam Monsonego, 8 ans, Gabriel et Arieh Sandler, 4 et 5 ans, et leur père Jonathan. Il a grièvement blessé l'adolescent Bryan Bijaoui. Les huit jours précédents, il a assassiné à Toulouse et Montauban les parachutistes Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf et Mohamed Legouad, et en a laissé un quatrième, Loïc Liber, handicapé à vie.

 

- Un contexte délicat -

 

Toulouse associait mercredi toutes les victimes dans le même hommage. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et le président du Parlement européen Martin Schulz sont annoncés dans la soirée à une cérémonie ouverte à tous.

Capture d'écran de France 2, en date de mars 2012 montrant Mohamed Merah au volant d'un véhicule [ / France 2/AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Capture d'écran de France 2, en date de mars 2012 montrant Mohamed Merah au volant d'un véhicule
 

Au même moment, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls devait prendre la parole à Paris lors d'un rassemblement organisé par le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Le Crif a invité les Lyonnais à allumer des bougies sur la place des Jacobins. A Sarcelles, on inaugurait une place Sandler-et-Monsonego.

A Toulouse, le maire Pierre Cohen a déposé une gerbe au pied du magnolia planté un an plus tôt par le président François Hollande à la mémoire des victimes près du Capitole. Il a fait énoncer le nom des sept morts et observer une minute de silence.

Il a tenu à ce que cette cérémonie se passe de mots, en raison de sa gravité, mais aussi du contexte électoral. La campagne s'est donc poursuivie. Les têtes de liste toulousaines se sont affrontées au cours d'un débat où il a été un peu question de Merah. Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche (PG), tenait meeting dans la soirée.

Le Front national, lui, a rassemblé dans l'après-midi quelques dizaines de manifestants contre la nouvelle journée officielle et nationale du souvenir instaurée le 19 mars, jour anniversaire de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie, a constaté l'AFP. La plaque du Pont-du-19-mars-1962, ainsi rebaptisé l'an dernier, a été volée dans la matinée, le jour où à Toulouse il était tant question de valeurs républicaines, a-t-on appris auprès de la mairie.

Le maire de Toulouse et d'autres s'alarment depuis des mois d'une exaspération des haines de tous ordres en France. Elle a atteint une cité toulousaine jalouse de son histoire de tolérance, mais théâtre ces derniers mois d'affaires dont la résonance a été amplifiée par l'effet Merah.

 
 

C'est dans toute l'Europe que les valeurs démocratiques sont menacées par "les harangues des leaders nationalistes et populistes (qui) nourrissent des sentiments de haine et de repli sur soi, a dit le président du Parlement européen dans la Dépêche du Midi, "ce sentiment n'a amené que la guerre et le désespoir sur le continent. Seul le projet européen a su y mettre fin".

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités