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Municipales: 64 communes sans candidat privées de 1er tour, une situation inédite

La mairie de Gironde-sur-Dropt, la seule ville française de plus de 1.000 habitants où aucun candidat ne se présente au premier tour des élections municipales 2014, le 7 mars 2014 [Nicolas Tucat / AFP] La mairie de Gironde-sur-Dropt, la seule ville française de plus de 1.000 habitants où aucun candidat ne se présente au premier tour des élections municipales 2014, le 7 mars 2014 [Nicolas Tucat / AFP]

Crise des vocations, exode rural, nouvelles règles de scrutin... Selon le ministère de l'Intérieur, 64 communes, dont une de plus de 1.000 habitants en Gironde, se retrouvent privées du premier tour des municipales, faute de candidats, une situation inédite.

Jusqu'en 2008 dans les villes de moins de 3.500 habitants, les électeurs se rendaient aux urnes même en l'absence de candidats, ceux-ci n'étant pas tenus de se déclarer. Les votants pouvaient alors écrire leur nom ou celui d'un concitoyen sur des bulletins blancs.

Désormais, chaque aspirant a l'obligation de déclarer sa candidature, quelle que soit la taille de la commune. Si aucun candidat ne se déclare avant le second tour, le préfet attribue une délégation spéciale à trois électeurs pour assurer l'intérim, en attendant de nouvelles élections dans les trois mois. S'il n'y a toujours pas de candidat, le préfet propose la dissolution de la commune et son rattachement à une municipalité voisine.

Carte de localisation des départements ayant des communes sans candidat aux élections municipales  [L. Saubadu/P. Defosseux / AFP]
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Carte de localisation des départements ayant des communes sans candidat aux élections municipales

Au ministère de l'Intérieur, on se déclare optimiste sur la possibilité de dénicher des prétendants d'ici le second tour. C'est déjà le cas à Saint-Gilles-du-Méné (Côtes-d'Armor), 474 habitants, où le maire sortant a finalement décidé de présenter une liste au second tour.

Parmi les municipalités boudées, Gironde-sur-Dropt (Gironde) et ses 1.136 habitants attirent tous les regards. Thierry Bos, le maire sortant, a décidé de ne pas présenter de liste, se laissant toutefois jusqu'à lundi pour revenir sur sa décision. "J'ai une activité, une entreprise à faire tourner et il faut avoir une équipe derrière (en mairie, ndlr)", explique ce viticulteur de 50 ans à l'AFP.

"Dans les années 1980, on pouvait diriger une commune seul avec deux ou trois adjoints, maintenant ce n'est plus possible", ajoute-t-il, évoquant la multiplication des "réunions".

- Partie émergée de l'iceberg -

Même motif invoqué à Diant (Seine-et-Marne), 196 habitants: "On en a ras-le-bol: ça demande tellement de temps pour aller à toutes les réunions et les gens se plaignent constamment du résultat", témoigne Jean-Bernard Depond, premier adjoint.

Le retraité évoque aussi "les histoires de corruption et les scandales financiers au niveau national": "Nous, on se démène au quotidien pour économiser quelques centimes, alors c'est décourageant", dit-il.

En Alsace, une seule commune n'a pas de candidat, mais elle est symbolique: il s'agit de Preuschdorf, 959 habitants, ancien fief de l'actuel président UMP du Conseil général du Bas-Rhin Guy-Dominique Kennel. "Profondément consterné et déçu", celui qui fut maire du village entre 1989 et 2008 a décidé de s'impliquer personnellement pour se trouver un successeur.

De leur côté, les départements ruraux de l'Yonne et du Lot sont particulièrement touchés par la pénurie, recensant chacun cinq communes sans candidat. Dans le Puy-de-Dôme, quatre villages d'un même arrondissement, celui d'Issoire, souffrent du même mal.

Tout au nord du Lot, le cas de Laval-de-Cère est éloquent. Autrefois très industriel, le village a perdu les trois quarts de sa population en 80 ans, passant de près de 1.300 habitants à 341 entre les années 1930 et aujourd'hui.

Mais ces 64 villages ne sont que la partie émergée de l'iceberg: derrière eux, plusieurs dizaines d'autres ont moins de candidats que de sièges à pourvoir. Pour ces villes, le premier tour des municipales aura bien lieu.

Tout espoir n'est toutefois pas perdu. Le Midi Libre rapportait jeudi qu'en 2008, Caunette-sur-Lauquet (Aude), sept habitants, s’était retrouvée sans édile après les municipales et avait été mise sous tutelle par la préfecture. Marie-Pierre Gayda, secrétaire de profession, avait fini par constituer une liste et avait été élue en juillet. Il y a quelques jours, la sous-préfecture, inquiète, lui a téléphoné pour s'assurer qu'elle se représenterait: oui, a-t-elle répondu.

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