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20.000 manifestants à Nantes selon la préfecture

Des manifestants derrière des barricades à Nantes le 22 février 2014 [Frank Perry / AFP] Des manifestants derrière des barricades à Nantes le 22 février 2014 [Frank Perry / AFP]

Vitrines brisées, agences des transports nantais ou poste de police saccagés, pavés du tram descellés: Nantes affiche samedi des scènes de dévastation alors que la manifestation contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes a tourné à l'affrontement entre un millier d'opposants radicaux et les forces de l'ordre.

 

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien député-maire de Nantes et fervent défenseur du projet d'aéroport, a "condamné avec la plus grande fermeté les actes violents". "En démocratie, le droit de contester et de manifester contre un projet est légitime. Mais de telles violences sont inacceptables, et rien ne pourrait les justifier", a-t-il ajouté.

La police lance des gaz lacrymogènes contre les manifestants à Nantes le 22 février 2014 [Jean-Sébastien Evrard / AFP]
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La police lance des gaz lacrymogènes contre les manifestants à Nantes le 22 février 2014
 

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a de son côté qualifié d'"inadmissible" cette "violence venant de cette ultra-gauche, de ces Black Bloc, qui sont originaires de notre pays mais aussi de pays étrangers", évoquant une "véritable guérilla urbaine".

Selon la préfecture de Loire-Atlantique, parmi les 20.000 manifestants, accompagnés de 400 tracteurs, "1.000 manifestants radicaux prêts pour le combat n'ont pu être contrôlés par les organisateurs".

Ces casseurs ont tiré des projectiles --bouteilles, canettes, billes d'acier, fusées de détresse -- vers les forces de l'ordre qui ont chargé à plusieurs reprises. Des scènes de guérilla urbaines ont opposé des casseurs qui ont dépavé les voies de tram pour faire provision de projectiles, à des forces de l'ordre qui ont répondu à renfort de gomme cogne, grenades lacrymogènes ou encore lances à eau.

Les casseurs ont notamment saccagé un poste de police, une agence du groupe Vinci (concessionnaire du projet d'aéroport), mais ont aussi brisé plusieurs vitrines de magasins, du mobilier urbain ou encore la vitrine d'une agence Nouvelles Frontières.

Des manifestants affrontent la police à Nantes le 22 février 2014 [Frank Perry / AFP]
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Des manifestants affrontent la police à Nantes le 22 février 2014
 

Au moins deux engins de chantier mais aussi une barricade ont aussi été incendiés. Des "non belligérants" ont tenté de s'interposer parfois pour empêcher les casseurs d'agir, a constaté l'AFP. En fin de journée, des échauffourées ont opposé encore quelques dizaines de manifestants et les forces de l'ordre. Puis un calme relatif s'est installé peu après 20h00 dans les rues du centre ville, toujours sous la surveillance des CRS et gendarmes mobiles.

Les incidents ont fait six blessés du côté des forces de l'ordre qui ont interpellé quatre personnes, selon la préfecture de Loire-Atlantique. Des journalistes ont aussi été violemment pris à partie par des manifestants. Aucun bilan sur le nombre de blessés côté manifestants n'était disponible samedi soir.

Selon Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, la principale organisation d'opposants au projet d'aéroport, les manifestants étaient "plusieurs dizaines de milliers" à s'être mobilisés samedi après-midi. "Peu importe ce que dira la préfecture, pour vous tous et toutes c'est un grand succès", a-t-il assuré à l'issue de la manifestation "officielle".

 

- "Violences inacceptables" -

 

"La violence est par essence inacceptable de même que les dégradations de notre bien commun: notre ville, ses services publics, ses équipements !", s'est indigné le maire PS de Nantes, Patrick Rimbert, qui critique "l'irresponsabilité des organisateurs".

Des élus, dont le co-président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, participent à la manifestation à Nantes le 22 février 2014 [Jean-Sébastien Evrard / AFP]
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Des élus, dont le co-président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, participent à la manifestation à Nantes le 22 février 2014
 

De son côté, Jacques Auxiette, président du Syndicat Mixte Aéroportuaire et de la région des Pays de la Loire a affirmé que "rien n’entamera notre volonté à préparer l’avenir de l’Ouest de la France".

EELV, opposé au projet, a aussi condamné "fermement les actes de violence à Nantes".

Dans la matinée, bien avant les échauffourées, la ministre écologiste du Logement, Cécile Duflot, avait affirmé au Monde soutenir "plutôt deux fois qu'une" les opposants si elle n'était pas ministre.

Manuel Valls a répondu en fin de journée qu'il ne ferait "aucun commentaire" et qu'il ne voulait "surtout pas faire des amalgames". "Moi j'ai en charge la sécurité des Français. C'est ma tâche quotidienne (…) Je suis cohérent, je suis responsable et cette cohérence et cette responsabilité, chacun doit la partager", a-t-il affirmé.

La manifestation avait commencé dans une ambiance bon enfant. "Ayraultport non merci", "Vinci dégage Ayrault aussi", entendait-on dans le cortège, où avaient pris place la députée européenne EELV Eva Joly, le sénateur EELV Jean-Vincent Placé, Christian Troadec, leader des "Bonnets rouges" bretons venu "à titre personnel", ou le coprésident du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon.

 
 

L'inauguration du futur aéroport Grand Ouest, prévue initialement en 2017, est désormais envisagée "en 2019 ou avant 2020" par les partisans du transfert.

Selon un sondage Ifop publié samedi, une majorité de Français (56%) se disent opposés au futur aéroport, 24% y étant favorables et 20% ne se prononcent pas. Ce sondage a été réalisé pour le compte d'Agir pour l'environnement, d'Attac et de l'Acipa, la principale association d'opposants au projet.

Le projet, reconnu d'utilité publique en 2008, est justifié par ses partisans, du PS comme de l'UMP, notamment par le risque de saturation de l'actuel aéroport de Nantes Atlantique.

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