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Rumeurs sur le "genre" : les parents convoqués

Le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon à Paris le 22 janvier 2014 [Alain Jocard / AFP/Archives] Le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon à Paris le 22 janvier 2014 [Alain Jocard / AFP/Archives]

Face aux rumeurs à propos d'un prétendu enseignement de la "théorie du genre" conduisant certains élèves à boycotter l'école, Vincent Peillon a tapé mercredi du poing sur la table, demandant aux chefs d'établissements de convoquer leurs parents pour les rassurer et leur rappeler que l'école est obligatoire.

 

"Il y a un certain nombre d'extrémistes qui ont décidé de mentir, de faire peur aux parents. Ce que nous faisons à l'école, c'est enseigner les valeurs de la République et donc du respect entre les femmes et les hommes", a déclaré le ministre de l'Education au sortir du Conseil des ministres.

"Tous les manipulateurs, tous les fauteurs de trouble et de haine qui répandent ces rumeurs, je leur demande d'arrêter", a-t-il poursuivi, citant des "extrémistes (...) venus de l'extrême droite négationniste".

Menaces, mensonges, intox... l'école est secouée par des rumeurs selon lesquelles des enseignants obligeraient les garçons à porter des robes, organiseraient des cours de masturbation à la maternelle ou encore inciteraient les enfants à l'homosexualité.

Ces propos, véhiculés par courriels ou SMS, ont été pris au sérieux par plusieurs dizaines de parents d'élèves. Une centaine d'écoles publiques ont été perturbées depuis vendredi par des absences d'élèves, à la suite de ces appels à boycotter l'école qui "apprendrait aux garçons à devenir des filles".

A l'origine de ces assertions, une expérimentation baptisée "ABCD de l'égalité", lancée à la rentrée par le ministère dans dix académies, visant à lutter contre les stéréotypes filles-garçons à l'école pour corriger les inégalités entre les sexes.

"L'école de la République n'enseigne absolument pas la théorie du genre. Elle enseigne l'égalité de tous les points de vue", et en particulier l'égalité des femmes et des hommes, a réaffirmé Vincent Peillon. Son message a été repris par onze universitaires de Strasbourg auteurs d'une tribune publiée dans la presse.

"Je demande aux chefs d'établissement, aux directeurs d'école, aux conseillers pédagogiques, aux inspecteurs de l'Education nationale de convoquer les parents qui ne mettent pas leurs enfants à l'école pour leur expliquer la réalité des choses et leur rappeler que dans notre pays, il y a une obligation scolaire à l'égard des enfants", a dit M. Peillon.

 

Intimidations

 

 
 

"Des messages de menaces claires et d'intimidation ont été envoyés à plusieurs parents d'élèves et représentants de la fédération en Ile-de-France. Une main courante a été déposée auprès des gendarmes", a déclaré le président de la FCPE, Paul Raoult.

"Nous sommes en proie à des attaques: la semaine dernière, nos locaux du Loiret et du Morbihan ont été dégradés et ont fait l'objet d'une campagne d'affichage mensongère sur un enseignement de la théorie du genre", a dit Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU.

Selon Christian Chevalier, président du syndicat enseignants Se-Unsa, "des collègues enseignants ont été bousculés verbalement par des parents d'élèves pendant les derniers jours, d'autres ont été nominalement incriminés sur internet".

Vincent Peillon a fermement condamné dans un communiqué "ces tentatives d'intimidation", déclarant qu'"à travers ces menaces, c'est toute l'éducation nationale" qui est visée.

L'initiative "Journée de retrait de l'école", qui a reçu le soutien de l'institut Civitas proche des catholiques intégristes et de la présidente d'honneur du Parti chrétien démocrate Christine Boutin, a été lancée en janvier par Farida Belghoul. Contactée par l'AFP, cette dernière a refusé de s'exprimer.

Egérie en 1984 d'une manifestation intitulée "Convergence" dans la foulée de la Marche des Beurs de 1983, Farida Belghoul est proche de l'essayiste d'extrême droite Alain Soral et de l'association "Egalité et Réconciliation".

Soutenu par les traditionalistes éducatifs de l'association "Lire-écrire", le mouvement "Journée de retrait de l'école" recrute notamment dans les franges catholiques ou traditionalistes intégristes de la Manif pour tous et chez les nationalistes d'extrême droite.

 

 

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