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Dieudonné: Manuel Valls remporte son pari in extremis

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls à Brest, le 9 janvier 2014 [Fred Tanneau / AFP] Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls à Brest, le 9 janvier 2014 [Fred Tanneau / AFP]

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a remporté jeudi in extremis son pari d'interdire le spectacle de Dieudonné à Nantes, avec la décision du Conseil d'Etat, confortant ainsi sa position d'homme fort du gouvernement.

Le ministre de l'Intérieur, qui s'est lancé dans un bras de fer avec l'humoriste controversé, avait subi pourtant à la mi-journée un revers avec la décision du tribunal administratif de Nantes de ne pas interdire le spectacle "Le Mur" de Dieudonné qui devait se produire dans la ville du Premier ministre.

Il avait aussitôt fait appel auprès du Conseil d'Etat, qui lui a finalement donné raison, à moins de deux heures du lever de rideau.

La décision du Conseil d'Etat "conforte la position du gouvernement", s'est réjoui Jean-Marc Ayrault, qui avait apporté son soutien à la démarche du ministre de l'Intérieur. Néanmoins, il n'a pas cité le nom de Manuel Valls.

"Nous ne pouvons pas accepter que, dans notre société, il y ait la moindre complaisance avec l'antisémitisme, totalement étranger à nos valeurs et à nos principes", a ajouté le Premier ministre devant la presse.

Dans l'après-midi, la majorité, Jean-Marc Ayrault en tête, avait affiché avec force sa totale détermination face à l'humoriste, après la décision du tribunal adminiustratif de Nantes.

Cette juridiction avait suspendu l'arrêté préfectoral interdisant le spectacle "Le Mur" de Dieudonné jugeant que la représentation ne pouvait être regardée "comme ayant pour objet essentiel de porter atteinte à la dignité humaine".

Le nom de Manuel Valls éludé

"L'arrêté préfectoral n'est pas annulé, il est suspendu", avait insisté M. Ayrault au Sénat avant la séance des questions d'actualité. "Je prends acte de la décision de suspension, c'est l'appel (devant le Conseil d'Etat) qui dira le droit", avait-il prévenu.

Le ministre de l'Interieur Manuel Valls dans la banlieue de Rennes, le 9 janvier 2014  [Jean-Sébastien Evrard / AFP]
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Le ministre de l'Interieur Manuel Valls dans la banlieue de Rennes, le 9 janvier 2014

"En ce qui concerne le combat contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, il doit rester intransigeant et déterminé et il continuera quoi qu'il arrive", avait-il affirmé.

Le message était donc clair. L'affaire n'en resterait pas là, quelle que soit la décision du Conseil d'Etat.

Si le chef de file des députés PS Bruno le Roux s'est félicité de la décision du Conseil d'Etat, il n'a pas non plus comme M. Ayrault cité le nom du ministre de l'Intérieur,

"Il y avait un risque, mais le gouvernement avait décidé de ne pas se boucher les oreilles sur ce qui se passait dans ces spectacles", a -t-il dit. A la question "Merci Manuel Valls ?", Bruno Le Roux a répondu: "Bravo au gouvernement, bravo à la majorité d'avoir engagé ce combat pour la cohésion de notre pays".

A l'inverse, le numéro un du PS, Harlem Désir a rendu un hommage à Manuel Valls: "Une victoire pour la République contre l'antisémitisme. le Parti socialiste salue le combat sans relâche mené par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls", a-t-il réagi dans un communiqué.

Des critiques étaient apparues, après le rejet de l'interdiction par le tribunal administratif de Nantes, sur la méthode retenue par Manuel Valls.

Il avait publié le 6 janvier une circulaire pour demander aux préfets et aux maires d'interdire les spectacles de Dieudonné. Et plusieurs villes avaient annoncé dans la foulée leur intention d'y recourir.

"Politiques, juristes, associatifs, nous étions nombreux à avoir dit que la voie de l'interdiction d'un spectacle par arrêté était fragile", s'était alors désolé sur Twitter François de Rugy, co-président des députés EELV.

Luc Carvounas, sénateur-maire PS d'Alfortville et proche de Manuel Valls, avait concédé que la "loi (devait) évoluer" pour permettre la lutte contre l'antisémitisme.

"L'interdiction des spectacles est une voie juridiquement dangereuse et fragile, qui peut se révéler politiquement contre-productive dans un pays attaché comme le nôtre à la liberté d'expression", avait remarqué également sur son blog le numéro un du PCF, Pierre Laurent.

Le gouvernement n'a pas choisi "le bon outil" pour combattre les propos de Dieudonné, avait également affirmé le président de l'UDI, Jean-Louis Borloo.

Plus incisif, Brice Hortefeux, ancien ministre UMP de l'Intérieur, avait accusé Manuel Valls d'avoir "pris le risque d'affaiblir l'autorité de l'Etat".

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