En direct
A suivre

Près de Lille, des élèves décrocheurs renouent avec l'école

Des élèves du lycée professionnel Vertes feuilles le 7 janvier 2014 dans la salle informatique de l'établissement à Saint-André-lez-Lille  [François Lo Presti / AFP] Des élèves du lycée professionnel Vertes feuilles le 7 janvier 2014 dans la salle informatique de l'établissement à Saint-André-lez-Lille [François Lo Presti / AFP]

"On nous a donné une deuxième chance": le lycée professionnel Vertes feuilles à Saint-André-lez-Lille (Nord) remobilise chaque année une vingtaine d'élèves "décrocheurs" sortant de troisième pour qu'ils renouent avec le système éducatif et une formation qualifiante.

Majoritairement issus de milieux sociaux et familiaux difficiles, voire "très complexes" selon le proviseur Herlé Bossennec, ces jeunes "en rupture scolaire" âgés de 16 à 18 ans environ avaient tous une "non-appétence du système éducatif".

"On veut leur faire comprendre qu'on a une autre approche d'(eux). Notre objectif, c'est qu'ils reprennent un cursus diplômant", explique le proviseur de ce lycée professionnel situé dans la banlieue de Lille.

L'établissement propose depuis une dizaine d'années, dans le cadre d'un dispositif co-financé par l'Education nationale et le Fonds social européen (FSE), "des actions de remobilisation sur mesure" à l'intention des jeunes collégiens exclusivement, qui alternent pendant 28 semaines stages en entreprise et cours dans le lycée.

Une élève du lycée professionnel Vertes feuilles avec un professeur le 7 janvier 2014  à Saint-André-lez-Lille  [François Lo Presti / AFP]
Photo
ci-dessus
Une élève du lycée professionnel Vertes feuilles avec un professeur le 7 janvier 2014 à Saint-André-lez-Lille

"C'est un dispositif très souple, qui n'est pas le même d'année en année et pas le même pour chaque élève. Un jeune qui a la phobie de l'école peut durant un premier temps aller en entreprise et créer son projet d'orientation", poursuit M. Bossennec.

Parmi les enseignements dispensés au lycée Vertes feuilles, des cours "classiques" de maths, français, histoire et anglais, mais aussi de communication, d'informatique, des ateliers pour travailler sur son CV ou se présenter à un entretien d'embauche.

Dans une salle informatique, une demi-douzaine d'élèves planchent sur "la connaissance de soi et le développement personnel". "Donnez vos qualités, vos réalisations dont vous êtes le plus fier et ce qui est le plus important pour vous dans la vie", leur demande leur intervenante.

"Je suis motivé, dynamique, à l'écoute. Je suis fier d'avoir obtenu mon brevet de collège. Ce qui est important, c'est d'être positif, ne pas rester sur un échec", décrit Quentin, 16 ans.

L'adolescent, qui avait commencé un CAP en boulangerie avant d'arrêter au bout de deux mois, voit dans ce dispositif "une deuxième chance". Cette formation "m'aide à savoir ce que je veux faire, trouver le métier qui me convient. J'ai fait un stage d'un mois de gestion-comptabilité dans un collège, mais je pense que je vais plus m'orienter vers l'architecture ou aide-vétérinaire", raconte-t-il.

"Cette formation m'a sauvée"

"Ce qui nous fait sourire, c'est qu'en début d'année beaucoup de jeunes sont là parce qu'ils n'aiment pas l'école et veulent gagner de l'argent en entreprise. Et puis dans l'année, ils nous demandent plus de cours et demandent à repartir en lycée professionnel plutôt qu'en apprentissage. Notre fierté, notre récompense et notre travail de toute façon, c'est de voir cette réussite", déclare Fatiha Boutaba, coordinatrice de la mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS).

"Je séchais les cours en troisième, alors j'ai arrêté. J'avais carrément décroché, je ne faisais plus rien, je dormais jusqu'à midi. Ma soeur m'a poussée à venir dans cette formation, elle m'a dit +C'est ta dernière chance+", témoigne une ancienne élève, Lucie, 17 ans.

"L'école c'était une corvée, et cette formation m'a sauvée, m'a reboostée. Maintenant, je suis en lycée professionnel en +accompagnement, soins et services à la personne+ pour pouvoir être infirmière. J'ai aucune absence et j'ai 16 de moyenne !", lance fièrement la jeune fille.

Le lycée professionnel Vertes feuilles affiche "en moyenne 80% de réussite". Le lycée a même casé "100%" de ses anciens décrocheurs sur l'année 2011-2012, se félicite le proviseur.

Le nombre de jeunes ayant quitté le système scolaire sans qualification est estimé à environ 140.000 chaque année, un nombre que le gouvernement veut diviser par deux sur le quinquennat.

Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, doit présenter mercredi le bilan de l'action contre le décrochage en 2013 et les perspectives pour 2014 lors d'un séminaire.

Le ministre, qui avait lancé en décembre 2012 un plan de lutte contre le décrochage, veut parvenir à "raccrocher" cette année 25.000 jeunes. En 2013, l'objectif de 20.000 jeunes a été dépassé, contre 9.500 par an auparavant.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités