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Première implantation du coeur artificiel français Carmat

Un coeur artificiel de la société Carmat, à Vélizy le 24 septembre 2009 [Franck Fife / AFP/Archives] Un coeur artificiel de la société Carmat, à Vélizy le 24 septembre 2009 [Franck Fife / AFP/Archives]

Un cœur artificiel autonome, conçu par la société française Carmat, a été implanté pour la première fois, mercredi à Paris, dans la poitrine d'un patient souffrant d'insuffisance cardiaque terminale, une nouvelle génération de prothèse qui veut pallier le manque de coeur à greffer.

"Cette première implantation s'est déroulée de façon satisfaisante, la prothèse assurant automatiquement une circulation normale à un débit physiologique", ont indiqué vendredi de conserve la société Carmat et les chirurgiens qui ont procédé à l'intervention, sous la direction du Pr Alain Carpentier, concepteur du projet, à l’Hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP).

"Le patient est actuellement sous surveillance en réanimation, réveillé et dialoguant avec sa famille", ont-ils précisé en qualifiant cette opération de première mondiale.

L'intervention a été réalisée par les professeurs Christian Latrémouille et Daniel Duveau dans le service du Pr Jean-Noël Fabiani.

Elle a été saluée par la ministre de la Santé : c'est "une grande fierté pour la France", a estimé Marisol Touraine.

"Il faut rester prudent, c'est un premier malade. Le recul est encore bref" a tempéré le Dr Philippe Pouletty, cofondateur de Carmat.

Les autorités sanitaires françaises avaient donné leur feu vert fin septembre pour ce premier test clinique sur l'homme.

La prothèse "mime totalement un coeur humain normal avec deux ventricules qui mobilisent le sang comme le ferait le muscle cardiaque, avec des capteurs qui permettent d'accélerer le coeur, d'augmenter ou diminuer le débit. Le malade dort, ça diminue. Il monte les escaliers, ça accélère, donc ça n'a rien à voir avec une pompe mécanique", avait expliqué en septembre Philippe Pouletty, le co-fondateur du groupe.

Sauver des dizaines de milliers de patients

Le patient implanté, dont l'identité n'a pas été rendue publique, devait souffrir, pour être opéré, d'une insuffisance cardiaque terminale, avec un pronostic vital engagé et ne bénéficiant d'aucune alternative thérapeutique, selon les conditions posées par les autorités sanitaires françaises.

Carmat assure que son coeur artificiel pourrait sauver chaque année la vie de dizaines de milliers de patients sans risque de rejet et en leur assurant une qualité de vie sans précédent.

Développée avec le professeur Alain Carpentier, spécialiste de chirurgie cardio-vasculaire, la bioprothèse vise à pallier la pénurie de coeurs à greffer mais aussi à apporter une solution aux contre-indications à la transplantation (antécédent de cancer par exemple).

Le professeur Alain Carpentier fondateur de la Société Carmat, le 17 juin 2010 à  l'hôpital Georges-Pompidou à Paris [Miguel Medina / AFP/Archives]
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Le professeur Alain Carpentier fondateur de la Société Carmat, le 17 juin 2010 à l'hôpital Georges-Pompidou à Paris

Ce coeur artificiel, à armature de plastique dur comme le métal, reproduit la physiologie de l'organe normal avec ses deux ventricules et ses battements, à l'aide de moto-pompes. Il a la capacité de s'adapter aux conditions de vie habituelle d'une personne grâce à un système électronique embarqué extrêmement sophistiqué qui s'adapte aux besoins de l'organisme en fonction de son activité.

Le prix de ce coeur à batterie externe est de l'ordre de 140.000 à 18.0000.

Pour éviter le problème de formation de caillots auquel se sont heurtés des modèles concurrents, des biomatériaux éprouvés dans les valves cardiaques, inventées il y a trente ans par le Pr Carpentier et vendues dans le monde entier, sont utilisés.

Il s'agit de tissus animaux traités chimiquement pour éviter le rejet. Grâce à ces tissus, "les malades n'ont pas besoin d'anticoagulants", avait assuré le Pr Carpentier.

Le prototype de 900 grammes est compatible avec 70% des thorax d'hommes et 25% de ceux des femmes, avaient expliqué des spécialistes lors de l'entrée en Bourse de Carmat en 2010.

L'utilisation de coeurs artificiels n'est pas nouvelle, avec des tentatives datant de plusieurs décennies (JarviK 7...).

Mais, depuis, le terme sert souvent à désigner des pompes ventriculaires d'assistance cardiaque, essentiellement utilisées comme solution transitoire.

Un rival de Carmat, AbioCor de la firme Abiomed, a été autorisé aux Etats-Unis pour des patients au coeur en bout de course, avec une espérance de vie inférieure à un mois et n'ayant pas d 'autres options (greffe ou autres).

En 2001, un patient de 59 ans, décédait aux Etats-Unis des suites d'une importante hémorragie abdominale 152 jours après l'implantation d'un coeur artificiel AbioCor qualifié d'autonome.

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