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Michel Sapin : "Il faut agir dans la durée"

Michel Sapin dans son bureau du ministère du Travail [FRED DUFOUR / AFP] Michel Sapin dans son bureau du ministère du Travail [FRED DUFOUR / AFP]

La tendance est à la baisse. Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A est en recul de 0,6 % entre octobre et septembre, soit 3 500 chômeurs de moins en moyenne par mois depuis août.

 

Pour le ministre du Travail et de l’Emploi, Michel Sapin, la courbe s’est donc bel et bien inversée, comme s’y était engagé François Hollande. Ce dernier mise désormais sur l’approfondissement des dispositifs existants, tels que les emplois aidés, pour s’assurer d’un recul durable. 

 

Avec 20.500 demandeurs d’emploi de catégorie A de moins en octobre, l’objectif est atteint ? 

Gagner la bataille contre le chômage, c’était d’abord endiguer une marée qui ne cessait de monter. C’est fait. Puis il s’agissait d’inverser la courbe. Aujourd’hui, cette inversion est une réalité. Le nombre de chômeurs diminue en France et c’était l’objectif que nous avait fixé le Président de la République. Maintenant, il faut agir pour inscrire cette baisse dans la durée. Cette bataille est encore devant nous et se mène mois après mois.

 

Les demandeurs d’emploi en catégorie B et C, qui exercent une activité partielle ou temporaire, sont plus nombreux. Faut-il craindre un essor du travail précaire ?

Toutes les périodes de reprise d’activité économique sont caractérisées par un retour à l’emploi via des contrats à durée déterminée, des emplois intérimaires ou à temps partiel. Cette augmentation est donc le signe positif d’une véritable reprise de l’activité en France. Mais il faut  désormais se battre pour permettre à chacun d’avoir le temps de travail et le revenu qu’il souhaite. 

 

Les emplois subventionnés sur lesquels l’exécutif mise beaucoup sont-ils suffisants pour assurer une baisse durable du chômage ? 

Les emplois aidés en général et d’avenir en particulier sont un outil indispensable pour remettre dans l’emploi des jeunes et moins jeunes. Cela leur permet également d’acquérir une qualification et de retrouver des habitudes de travail qu’ils pouvaient avoir perdues. Tous ces outils sont donc utiles socialement et indispensables économiquement. Mais s’ils permettent de faire le lien avec une reprise économique, les emplois aidés ne suffisent pas. A partir de la moitié de l’année prochaine, c’est la reprise de l’activité économique et la création naturelle d’emplois qui prendront le relais des politiques volontaristes que nous mettons en place.

 

Si l’objectif des 100 000 emplois d’avenir signés à la fin de l’année semble presque atteint, le bilan des contrats de génération est plus mitigé... 

Alors que les emplois d’avenir sont à la main de l’Etat, qui peut impulser des créations d’emploi dans les collectivités locales, les associations ou les entreprises, les contrats de génération sont, eux, du ressort des entreprises. Comme dans tout dispositif, il y a un temps de latence entre son lancement et le moment où il atteint ses objectifs. Je n’ai aucune inquiétude. On dira demain la même chose sur les contrats de génération que ce qu’on dit aujourd’hui sur les emplois d’avenir : cela va être une grande réussite.

 

Les économistes estiment qu’une croissance de 1,5% est nécessaire pour une reprise durable. Or les prévisions pour 2014 ne sont que de 1% selon l’OFCE... 

Ces prévisions sont supérieures à celles du gouvernement jusqu’ici (0,9 %, ndlr). Elles permettront de renouer avec la création d’emploi. Plus la croissance sera forte, plus ces créations d’emploi seront elles-mêmes importantes. Le relais par la croissance permettra d’inscrire durablement le recul du chômage dans la réalité française.

 

Le gouvernement peut-il mettre en place d’autres dispositifs pour lutter contre le chômage ?

L’enjeu aujourd’hui n’est pas d’inventer de nouveaux outils mais d’approfondir ceux déjà mis en place. Le plan de formation prioritaire par exemple, qui doit permettre de former 30 000 personnes pour occuper des emplois aujourd’hui vacants, est aussi une très grande réussite. Nous allons presque atteindre le nombre de 40 000 personnes formées d’ici à la fin de cette année. Cela permet, grâce à la formation, de donner un emploi durable à des gens aujourd’hui au chômage. La formation professionnelle est indispensable pour lutter contre le chômage.

 

A ce sujet, les partenaires sociaux se réunissent régulièrement depuis un mois maintenant, en vue d’une réforme. Où en sont ces discussions ?

Cette réforme est indispensable parce qu’il faut plus d’argent pour former les chômeurs, les jeunes sans qualifications et les salariés peu qualifiés dans les entreprises. Les partenaires sociaux en sont au stade de la négociation et une loi serait d’autant plus forte qu’elle s’appuierait sur un accord. Mais s’ils n’y parvenaient pas, le gouvernement et le législateur prendront toutes leurs responsabilités. Il y aura bien une réforme profonde de la formation professionnelle. Le texte sera présenté en Conseil des ministres en janvier et sera soumis à la discussion parlementaire au cours des semaines qui suivront.

 

"Inverser la courbe du chômage": l'objectif "premier" de François Hollande

 

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