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Cris de poule : le sexisme à l'Assemblée en accusation

Les députées de la majorité entrent en retard à l'Assemblée nationale, le 9 octobre 2013 [Fred Dufour / AFP] Les députées de la majorité entrent en retard à l'Assemblée nationale, le 9 octobre 2013 [Fred Dufour / AFP]

L'Assemblée nationale, régulièrement taxée de machisme, a de nouveau prêté le flanc à cette accusation, quand un député UMP a imité mardi soir le caquetage d'une poule pendant l'intervention d'une de ses collègues écologistes, ce qui a provoqué riposte des élues de gauche et sanction contre l'intéressé.

En plein débat sur les retraites, peu après 22 heures, "sous le regard goguenard et les rires d’une partie de ses collègues, Philippe Le Ray, député du Morbihan, n’a rien trouvé de mieux à faire que d’imiter la poule", alors que Véronique Massonneau défendait un amendement, ont déploré les écologistes mercredi, dénonçant "une manifestation de sexisme" insultante pour les femmes et pour le travail parlementaire.

Les caquetages s'étant poursuivis durant toute l'intervention de la députée de la Vienne, le président PS de l'Assemblée a suspendu la séance. Claude Bartolone a fait, à la reprise des travaux, une sèche mise au point, applaudie à gauche mais aussi par certains à droite.

Des députés de droite quittent l'Assemblée Nationale, le 9 octobre 2013 [Fred Dufour / AFP]
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Des députés de droite quittent l'Assemblée Nationale, le 9 octobre 2013
 

Le député apparenté UMP s'est excusé mercredi, selon une source proche de son groupe. Mais cela n'a pas empêché Claude Bartolone, avec l'accord unanime de tous les représentants des groupes politiques, de prononcer à son égard "un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal", sanction qui va automatiquement le priver pendant un mois de 1.378 euros, soit le quart de son indemnité parlementaire.

Avant la réunion de la conférence des présidents de groupes de l'Assemblée qui a approuvé cette sanction, les députées de la majorité sont arrivées en retard, en signe de protestation, aux questions d'actualité, provoquant des applaudissements à gauche et le départ furieux de la plupart des députés de droite.

La députée écologiste Véronique Massonneau, le 29 janvier 2013 [Jacques Demarthon / AFP/Archives]
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La députée écologiste Véronique Massonneau, le 29 janvier 2013
 

Tout en reconnaissant "un incident tout à fait regrettable", le président du groupe UMP Christian Jacob s'en est vivement pris à Claude Bartolone qu'il a accusé d'être "caution" d'une "mascarade".

Si elles ont considéré que "de tels comportements, observés sur tous les bancs de l’hémicycle, doivent être condamnés", les élues de l'UMP ont critiqué une "instrumentalisation politicienne de la cause des femmes".

"Il y a des comportements machistes, sexistes, contre lesquels il faut lutter", a lancé le chef de file des députés PS Bruno Le Roux. L'Assemblée nationale ne comporte que 26% de femmes.

'dîners bien arrosés'

La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a regretté que "certains aient du mal à conserver une attitude conforme à leur fonction, après des dîners manifestement bien arrosés", tandis que la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine a jugé ce comportement "insupportable". Pour sa collègue à la Culture Aurélie Filipetti, "chassez le naturel et il revient au galop pour certains".

Le président du groupe UMP Christian Jacob à l'Assemblée Nationale, le 9 octobre 2013 [Fred Dufour / AFP]
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Le président du groupe UMP Christian Jacob à l'Assemblée Nationale, le 9 octobre 2013
 

Présente mardi soir au moment de l'incident, qui a également "choqué" selon elle quelques députés UMP chevronnés, la présidente de la Délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale Catherine Coutelle (PS) a déclaré à l'AFP qu'au-delà du comportement de "trois-quatre individus un peu éméchés qui se sont crus drôles", "le sexisme ordinaire reste assez fréquent".

Dans "ce lieu de pouvoir, les hommes ne sont pas forcément à l'aise quand des femmes s'imposent", a raconté cette députée, évoquant des "horreurs" lors du débat sur le mariage homosexuel et des "remarques violentes" sur la proposition de loi à venir sur la prostitution. "Même dans les députés PS, nous avons quelques machos, dont un m'a dit récemment ne pas être contre les femmes mais tout contre", dans une allusion à une citation de Sacha Guitry.

 
 

"Le machisme prend toutes les formes", a affirmé mercredi la présidente PS de la commission des Affaires sociales, Catherine Lemorton, racontant qu'un élu UMP lui avait décerné les "plus belles jambes de l'assemblée" en 2008 quand elle montait à la tribune et n'avoir "remis une jupe que cet été".

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