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Le fils de José Anigo abattu à Marseille

L'homme tué par balles jeudi à Marseille est Adrien Anigo, fils du directeur sportif de l'OM[ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP]

Alors qu'un homme de 24 ans a été exécuté jeudi à l'aube de plusieurs balles à La Ciotat par un commando de quatre hommes, Adrien Anigo, le fils de José Anigo, le directeur sportif de l'OM, a été abattu par balles en milieu d'après-midi dans le XIIIe arrondissement de Marseille.

 

C'est le 15e règlement de comptes de l'année dans la région marseillaise et le 2e en moins de 12h.  La victime se trouvait à bord d'une Twingo quand elle a été prise pour cible vers 15h45 par deux individus circulant à bord d'une moto de grosse cylindrée et qui l'ont mitraillée à bout portant, L'homme a été touché à la tête et à la carotide. Les deux meurtriers ont utilisé deux armes.

La victime se trouve être le fils d'une figure de la cité phocéenne. Il s'agit d'Adrien Anigo, le fils de José Anigo, le directeur sportif de l'Olympique de Marseille. Le jeune homme âgé de 30 ans s'était distingué pour sa participation au "gang des braqueurs à la masse" entre 2006 et 2007. Le 12 juillet dernier, au terme de plus de cinq ans d'instruction, il avait été renvoyé devant les assises pour son implication présumée dans 12 vols à main armée notamment dans les Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence, Marseille, Gardanne, Martigues et à Nîmes (Gard), pour un préjudice global estimé à 1,5 million d'euros.

Adrien Anigo avait passé quatre ans en prison pour ces braquages présumés avant d'être libéré en 2010 pour une erreur de procédure. Fin 2011, José Anigo confiait dans un portrait au JDD que les déboires judicaires de son fils était un "échec personnel", regrettant que ses ennemis s’en servir contre lui. "La rue a aspiré mon fils, mais ça ne concerne que la justice. Aujourd’hui, ça intéresse qui de dire qu’il a un magasin de sport, une  femme et deux enfants?"

Son père José Anigo, 52 ans, a lui-même une réputation sulfureuse. On le dit proche de certains membres du milieu marseillais, des soupçons apparemment confirmés par des écoutes téléphoniques publiées en début d'année par plusieurs médias. Anigo serait en particulier lié à Richard Deruda, un Marseillais fiché au grand banditisme qu'il a fréquenté à l'école, et dont le fils a été professionnel à l'OM.

José Anigo a fait l'essentiel de sa carrière à Marseille d'abord en tant que joueur (1979-1987), puis comme entraîneur à deux reprises (2001-2002, puis 2004) avant de devenir directeur sportif en charge du recrutement. Il s'enorgueillit d'avoir fait venir des joueurs alors peu cotés et qui prirent leur essor à Marseille, comme Franck Ribéry et Mathieu Valbuena.

Un de ses proches, interrogé par l'AFP, l'a décrit comme "sympathique et proche de sa famille". "Il avait eu des histoires de justice, mais il était rangé de tout ça", a-t-il ajouté.

Localisation des règlements de compte à Marseille depuis le début de l'année 2013  [Infographie / AFP]
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Localisation des règlements de compte à Marseille depuis le début de l'année 2013
 

Le sénateur-maire UMP, Jean-Claude Gaudin, a adressé ses "plus sincères condoléances à la famille de José Anigo", tout en "déplorant les différents épisodes meurtriers qui sévissent actuellement sur Marseille".

Avant l'homicide d'Adrien Anigo, un autre règlement de comptes avait eu lieu à l'aube à une vingtaine de km de la cité phocéenne, à La Ciotat (Bouches-du-Rhône). Vers 05H30, Kevin El Malki, 24 ans, allait prendre son service dans l'entrepôt d'Urbaser, une société qui assure la collecte des déchets ménagers pour le compte de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, lorsqu'il est tombé nez à nez avec quatre individus cagoulés et lourdement armés qui l'attendaient dans un véhicule, selon le parquet.

Il a été atteint par un premier tir dans le dos, puis percuté par le véhicule de ses agresseurs, qui l'ont poursuivi jusqu'à l'entrée de l'entrepôt où il a été abattu d'une dizaine de tirs d'une arme de 9 mm, probablement un pistolet automatique, et d'un fusil à pompe de calibre 12.

Une proche du jeune homme de 24 ans exécuté pleure à côté du lieu de la fusillade à La Ciotat près de Marseille, le 5 septembre 2013 [Anne-Christine Poujoulat / AFP]
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Une proche du jeune homme de 24 ans exécuté pleure à côté du lieu de la fusillade à La Ciotat près de Marseille, le 5 septembre 2013
 

Marseille à l'heure de la violence

Le 20 août, au lendemain d'un énième règlement de comptes, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault était venu à Marseille pour annoncer le renforcement des effectifs de la police judiciaire marseillaise, qui enquête sur ces affaires, par 24 fonctionnaires supplémentaires.

Outre les règlements de comptes, plusieurs affaires récentes de violences ont démontré que de nombreuses armes sont en circulation dans la région. Dimanche, une fusillade à l'arme de guerre avait fait trois blessés dans le centre ville de Marseille après une altercation en boîte de nuit. Lundi, à la suite d'un banal différend dans une station-service, un homme de 54 ans a été blessé d'un tir par un individu en scooter qui a pris la fuite.

Par ailleurs le journal La Provence est revenu ce jeudi sur un incident intervenu à la mi-août dans un hôpital marseillais, titrant sur une "prise d'otages" "passée sous silence".

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a assuré jeudi qu'il n'y avait eu "ni prise d'otage, ni séquestration" à Marseille. "En revanche, un incident qui n'était pas anodin, mais qui n'a pas été caché, qui n'a été caché par personne, a bien eu lieu (...). Il a d'ailleurs fait l'objet d'une dépêche AFP quelques jours après", a-t-il précisé, appelant à la "mesure".

 

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