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"Le complexe d'Icare" a 40 ans

L'écrivain américaine Erica Jong, le 11 octobre 2005 à New York [Andrew H. Walker / Getty Images/AFP/Archives]

"Ouvrir le cerveau d'une femme et montrer ce qu'il y a dedans": tel était le but de l'Américaine Erica Jong, lorsqu'elle écrit en 1973 "Le complexe d'Icare", un roman érotique féministe traitant de la libération sexuelle.

D'inspiration autobiographique, ce livre traduit en une quarantaine de langues et vendu à 20 millions d'exemplaires, fête cette année ses 40 ans. Il occupe une place de choix dans la littérature féministe des années 70 et son auteur, âgée désormais de 71 ans, continue de penser que l'égalité entre hommes et femmes n'est toujours pas gagnée.

Isadora Wing, l'héroïne du "Complexe d'Icare" ("Fear of flying" selon son titre original), est mariée depuis cinq ans. Coucher avec son mari "ne lui titille plus les papilles, n'apporte aucun piquant, aucun danger". Bref, elle s'ennuie, choisit un autre homme comme partenaire sexuel, et ses rêveries érotiques séduisent des millions de lecteurs.

Erica Jong écrit sans fausse pudeur et son expression "zipless fuck" (la baise sans préliminaire et sans sentiment) devient célèbre. La crudité de sa prose et et la franchise de ses pensées étaient encore relativement inhabituelles de la part d'une jeune femme, au début des années 70.

Certaines adorent, d'autres détestent.

"Mais c'est ce pour quoi sont faits les écrivains. Nous sommes des vers de terre, nous devons aérer le sol", quitte à irriter certaines personnes, déclare l'écrivain à l'AFP, en marge de la Foire du livre à Hong Kong.

A sa sortie, le livre est loué par Henry Miller, qui le qualifie de "Tropique du cancer au féminin". Pour l'écrivain Paul Théroux, l'héroïne de l'ouvrage n'est qu'"un sexe féminin géant".

Elle souhaitait explorer la sexualité à la manière des écrivains masculins, tels que Philip Roth ou John Updike, mais d'un point de vue féminin, dit-elle. La violence de certaines réactions est un signe selon elle de l'inégalité entre hommes et femmes, une inégalité qui n'a pas disparu.

"J'ai compris ce que cela voulait dire d'être une femme écrivain dans un monde où les femmes continuent d'être considérées comme une paire de seins et un sexe", déclare la New-Yorkaise. "J'ai appris tout au long de ce voyage que nous (les hommes et les femmes) ne sommes toujours pas égaux".

"Le complexe d'Icare"était destiné à "être un cri de ralliement pour les femmes qui ont le droit de nourrir des fantasmes aussi variés et torrides que ceux des hommes", a écrit Erica Jong il y a 20 ans.

Depuis "le complexe d'Icare", qui était son premier roman, Erica Jong a sorti une vingtaine de livres, fictions ou autobiographies, et prépare à présent un ouvrage --comique-- sur le thème de la mort.

Quarante ans après la parution, le "zipless fuck" et les fantasmes d'Isadora Wing suscitent à peine un haussement de sourcil.

"Les gens aujourd'hui peuvent coucher ensemble 20 minutes après avoir fait connaissance", affirme Erica Jong. "Mais les jeunes en ressortent frustrés car le sexe anonyme n'est pas franchement satisfaisant, sans sentiment", ajoute l'écrivain, apparemment assagie.

"En tant qu'êtres humains, nous aimons être en couple avec un partenaire. Qu'importe s'il s'agit de deux hommes, deux femmes, de transsexuels ou d'hétérosexuels, nous sommes des créatures qui marchons par paire", ajoute la septuagénaire, qui après trois divorces, vit mariée avec le même homme depuis près de 25 ans

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